Ce jour-là, les va-et-vient incessants de voisins au domicile du couple renseignent sur la triste nouvelle. «Oumou Ly a perdu son bébé», serine-t-on dans le voisinage. Oumou, une jeune femme de 32 ans, est attristée, fatiguée, lasse d'avoir combattu en vain «l'erreur médicale» qui a fini par emporter son Bocar. Ce bébé d'un mois et quatre jours, mal soigné aux districts de Podor et de Ndioum, puis négligé à Albert Royer et dédaigné à l'hôpital Principal, jusqu'à ce que mort s'en suive. Sa maman, peinée et amère, raconte les terribles circonstances de son décès.
«Je m'appelle Oumou Ly, je suis âgée de 32 ans. Je viens de perdre mon bébé âgé d'à peine un mois dans des circonstances qui m'amènent aujourd'hui à faire ce témoignage. J'ai porté ma grossesse pendant 9 mois durant lesquels je n'ai jamais eu de problèmes. J'ai suivi mes visites prénatales comme il se devait. Au cours de cette grossesse, je n'ai jamais eu de problèmes particuliers. J'ai accouché d'un bébé de sexe masculin au district sanitaire de Podor le 15 août dernier. Mais le jour de l'accouchement, les sages-femmes n'ont pas réussi à bien couper le cordon ombilical et j'ai remarqué que du sang coulait sur cette partie du corps de mon bébé. Alors, l'une des sages-¬femmes s'est précipitée pour arrêter l'hémorragie à l'aide d'un fil élastique qu'elle a enroulé au cordon. Après cela, j'ai quitté le district pour revenir chez moi et tout se passait normalement. Une semaine après, le baptême s'est bien déroulé, dans la joie et on a donné au bébé le nom de Bocar Ly.
Mais le lendemain du baptême, il a commencé à avoir une forte fièvre. Quand je me suis rendue au district, j'ai trouvé un médecin, qui, après l'avoir examiné, n'a pas compris la présence du fil élastique sur le cordon ombilical du bébé. Il s'est mis à réprimander les sages-femmes. Ensuite, il m'a prescrit un sirop et une pommade pour lutter contre d'éventuels abcès qui pourraient se manifester sur le corps du bébé.
«Je suis restée à l'hôpital pendant 11 jours»
Deux jours après, la situation n'a pas évolué. Le bébé pleurait tout le temps et je ne dormais pas de la nuit, tant la douleur était vive. Je suis retournée au district de Podor et on nous a évacués à l'hôpital de Ndioum, distant de 45 Km. Je suis restée dans cette structure sanitaire pendant 11 jours. L'état de mon bébé n'a pas évolué et il avait même un début de hernie. On m'a alors demandé d'attendre le retour du pédiatre, absent, pour que des analyses complémentaires soient faites. L'infirmier de garde m'a remis son numéro de téléphone et je l'ai appelé pour lui expliquer le problème. Le médecin pédiatre a alors demandé à l'infirmière de garde de faire une prise de sang. Mais même pour cette prise de sang, j'ai eu des problèmes, car l'infirmière de garde est myope comme une taupe et elle a fait appeler un de ses collègues qui a prélevé du sang près du fémur. Mais la compresse était imbibée de sang. La nuit, mon bébé pleurait sans cesse et j'avais du mal à fermer l’œil. Le lendemain, en faisant le tour des salles, le pédiatre a remarqué que le sang coulait, il ma fait savoir que les résultats des analyses ont montré que mon Bocar avait une anémie. Après la visite, des infirmiers sont venus remettre une poche de sang pour combler pendant quelques heures le déficit de sang du bébé. N'empêche, il pleurait beaucoup. Je remarquais que son état de santé n'évoluait pas, car ses yeux étaient devenus jaunes et sa fontanelle (Nawtal en wolof) s'enfonçait en raison d'une anémie sévère. C'est à la suite de ça que le médecin chirurgien est venu s'enquérir de la situation. Il s'est étonné que le cordon ombilical ne se soit pas cicatrisé. Après concertation avec les infirmières, il a écrit un papier pour que le bébé soit évacué à l'hôpital Albert Royer à Dakar. C'est comme ça que nous avons quitté Ndioum, à 500 kilomètres de Dakar, pour rallier la capitale sénégalaise à bord de l'ambulance. Mon bébé souffrait beaucoup, il n'arrêtait pas de grogner de douleur, j'étais désemparée. Mais je me disais que l'important c'était que nous arrivions à Dakar pour qu'il soit sauvé. Nous avons quitté Ndioum à 16 heures et ne sommes arrivés à Dakar qu'à 21 heures à Albert Royer. L'infirmier qui nous accompagnait est alors sorti pour alerter les responsables de l'hôpital. Jusqu'à 23 heures, personne n'a daigné s'occuper de mon petit. Je pleurais beaucoup, car le bébé que j'avais dans mes bras souffrait énormément. L'infirmier et mon mari ont tout fait, mais difficile de trouver quelqu'un pour nous aider, alors que sur le papier de transfert, il était écrit noir sur blanc : Albert Royer.
«Nous avons fait 500 Km et personne ne s'est occupé du bébé»
Comme personne ne s'est occupé de mon bébé, nous nous sommes résolus à aller à l'hôpital Principal. Où nous sommes arrivés à minuit. Mon fils venait d'avoir 1 mois et 4 jours (le 18 septembre dernier). L'infirmier qui nous accompagnait est allé se présenter aux urgences pour qu'on s'occupe du bébé. Personne n'a réagi pour tenter, ne serait-ce que pour voir l'état dans lequel se trouvait mon petit Bocar: Nous avons fait appel à un militaire du nom d'Ibrahima Thiam, qui a accepté de nous mettre en rapport avec le professeur Kâ du service de pédiatrie. Mais subitement, le corps de l’enfant était devenu inerte. J'ai fait appel à l'infirmier pour qu'il puisse vérifier son état. Je pleurais toutes les larmes de mon corps, car je savais que mon bébé n'était plus de ce monde. Ce n'est qu'après le constat du décès que l'infirmier qui était aux urgences, a daigné venir jeter un coup d'œil sur mon bébé. Ensuite, il a convoqué mon mari et l'infirmier accompagnant pour le paiement d'une somme de 6 000 F Cfa. J'étais hors de moi, dépitée, mon fils mort dans mes bras, sans la moindre assistance ! Et après cela, on vient me parler d’argent ! C’est comme ça que j’ai perdu mon Bocar, qui portait le prénom du frère de mon père. Ma douleur était indescriptible. Il faut que dans les hôpitaux, le personnel cesse de considérer les patients comme des moutons. S'ils s'étaient occupés de mon bébé, peut-être qu'il serait encore en vie. Mais ils l'ont complètement négligé. Mon mari avait décidé de porter plainte, mais je l'en ai dissuadé, car ça risque de n'aboutir à rien.»
Albert Royer et l'hôpital Principal donnent leur version
Contacté par L'Observateur, Moussa Samb le responsable du service des relations publiques de l'hôpital Principal, balaie d'un revers de main les accusations de négligence portées sur la place publique par la dame Oumou Ly. «L'hôpital Principal n'a pas pour habitude de rejeter les malades», explique le chargé de communication.
A l’hôpital Albert Royer, c’est Demba Sow le responsable des soins infirmiers qui prend la parole pour dégager toute responsabilité de l'hôpital sur le décès du fils âgé d'à peine d'un mois de la dame Oumou Ly. «Nous avons un service de néonatologie qui a une capacité d'accueil de 18 lits. Il se trouve que de tout le temps, le service est rempli. Et comme nous sommes un hôpital de référence, nous voulons toujours que ceux qui viennent chez nous soient accueillis dans des conditions idoines. Même si un malade vient de Kidira et que nos lits soient occupés nous ne pouvons pas l'accueillir», explique-t-il.
SOURCE : L’OBS MOR TALLA GAYE (ENVOYÉ SPÉCIAL À PODOR)
44 Commentaires
Jom Goonga
En Octobre, 2011 (21:16 PM)Reply_author
En Septembre, 2022 (14:03 PM)Amira
En Octobre, 2011 (21:24 PM)Fam
En Octobre, 2011 (21:29 PM)Okos
En Octobre, 2011 (21:37 PM)Diakhassé
En Octobre, 2011 (21:40 PM)ki warna délou cesti
beaucoup trop de journalistes nuls mais meun naniou tji kaaniou !
créé un prix pullitzer sénégalais inverse et trouvé des sponsors
les journalistes qui publient seraient notés par les senewebiens et
CHAQUE MOIS ON ELIT LE NUL DU MOIS
EN FIN D'ANNEE, LA REINE OU LE ROI !
Marlones
En Octobre, 2011 (22:00 PM)Boblaise
En Octobre, 2011 (22:05 PM)Pols
En Octobre, 2011 (22:13 PM)Gueme
En Octobre, 2011 (22:34 PM)Saharam
En Octobre, 2011 (22:48 PM)Vive La Com.
En Octobre, 2011 (23:01 PM)Amadou Dieye
En Octobre, 2011 (23:26 PM)Docteur X
En Octobre, 2011 (23:37 PM)Je suis médecin, mais je constate qu'il ya trop de laxisme et d'incompétence dans notre système sanitaire.
C'est inadmissible, mais les sénégalais aiment trop le soutoura et le massla.
Faut porter plainte et agir, sinon vous le regretterez toute votre vie.
Babs
En Octobre, 2011 (00:08 AM)Css
En Octobre, 2011 (00:10 AM)Seck Amadou
En Octobre, 2011 (00:15 AM)Hôpitaux n'ont pas de valeur , bien sûr, un hôpital qui voit un bébé souffrir ,sans réagir .
Afrique mon Afrique .
Zes
En Octobre, 2011 (00:45 AM)El Hadj Sy
En Octobre, 2011 (00:54 AM)Mmsrba
En Octobre, 2011 (01:36 AM)Incroyable!
En Octobre, 2011 (01:50 AM)Madame massa!
Hope
En Octobre, 2011 (01:52 AM)Aida
En Octobre, 2011 (03:20 AM)Allah
En Octobre, 2011 (04:22 AM)Soxna yalla na yallah doli la xolu mougn te mou deudo la jamm. Yallah nay dawal bou yiiw. Yallah na ci Borom bi tofale ay sexx youy dounde te baekel.
Cependant ceci ne doit pas rester impuni. C vrai ke inalilahi wa inalilahi rajoun, mais ceci est 1 cas de negligence dep8 le depart. Ils st ts des incompetents. Faites le necessaire, traduisez les ts en justice.
Je ne peux retenir mes larmes. J'en ai le coeur fendu, meurtri... Lahilaha Illaha Ilala Mouhamad Rasoul
Ras
En Octobre, 2011 (04:57 AM)Cdlove
En Octobre, 2011 (06:23 AM)Bibi
En Octobre, 2011 (07:08 AM)Mawloud
En Octobre, 2011 (09:09 AM)Djiguene
En Octobre, 2011 (09:40 AM)Personne ne te demande de donner un lit à un malade de surcroit un bb. On te demande d'agir en urgence d'abord, de le consulter pour apprécier la gravité de ce qui lui arrive d'abord, de le soigner en urgence d'abord, de le sauver d'abord, ensuite de vérifier s'il peut être interné convenablement sinon l'orienter vers d'autres structures sanitaires avec un mot sur entête de l'hôpital à défaut de l'accompagner.
Je suis vraiment désolée et abattue par votre phrase :"Meme si un malade vient de Kidira et que nos lits soient occupés, nous ne pouvons pas l'accueillir". Est-ce une phrase qui doit venir d'un agent de la SANTE ? Dans quel pays sommes nous ? Où est le Ministre de la Santé ? Où est le Président qui réconcilie des lutteurs ? Mais si bb MODOU est toujours là à attendre quelques dizaines de millions pour être sauvé au moment où des fils de nos dirigeants volent, distribuent dans des boîtes de nuit et se photographient avec NOS billets de banque, pourquoi un agent de la santé (sans vergogne, sans coeur, sans aucun mérite pour le salaire qu'il reçoit) ne se permettrait pas de dormir à la place de sauver la VIE d'un SIMPLE BB DE BADOLA ? On dirait qu'ils ont une roche à la place du coeur. Désolée pour la maman.
De la part d'une maman qui déjà eu sa part à l'hôpital Principal en Novembre 1998.
Bb
En Octobre, 2011 (09:46 AM)Akad
En Octobre, 2011 (09:47 AM)C'est bien de nous raconter tout ce ce qui ce passe dans les hopitaux mais vous pouvez mieux faire
chercher des caméras caché et entrer dans les hopitaux et faites un reportage vous aurez un article plus riche
et plus concret
Nar
En Octobre, 2011 (10:08 AM)Riri
En Octobre, 2011 (10:09 AM)Podor
En Octobre, 2011 (10:15 AM)Jill
En Octobre, 2011 (10:23 AM)Damn
En Octobre, 2011 (10:38 AM)Ty
En Octobre, 2011 (10:46 AM)Diom
En Octobre, 2011 (10:56 AM)Mamadou L. Thiam
En Octobre, 2011 (11:58 AM)Yatt
En Octobre, 2011 (12:44 PM)Momlado
En Octobre, 2011 (12:56 PM)Sisi
En Octobre, 2011 (13:32 PM)Azou
En Octobre, 2011 (13:54 PM)Mamabooye
En Mars, 2012 (04:40 AM)Colybou
En Mars, 2012 (18:06 PM)moi je pense que ce gars de demba sow devrait etre traduit a la justice
en tant qu'agent sanitaire pour non assistance a une personne en danger.
ca dejas c'est un delit
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