C'est pour meurtre sur mineure de moins de quinze ans que Laurence Nait
Kaoudjt, 44 ans au moment des faits, est jugée ce lundi. Le meurtre de sa fille Meline, 8 ans,
lourdement handicapée. Un infanticide qu'elle qualifie
"d'acte d'amour", commis d'une main desespérée. Accompagnée de son
avocat, elle est arrivée peu avant 9 heures lundi devant le Parlement de
Bretagne où se tiennent les audiences de la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine,
vêtue d'une veste à fine rayures blanches et noires et d'un pantalon noir.
Seule avec sa fille
Très affectée, elle ne s'est pas exprimée mais a éclaté en sanglots avant
d'entrer dans le bâtiment, puis une deuxième fois juste avant que ne débute
l'audience tandis qu'elle patientait dans le box des accusés. "Elle est
très éprouvée évidemment: pas facile pour elle de comparaître aux assises,
d'affronter son geste, et en même temps, elle en meurt d'envie", a
expliqué son avocat Me Éric Dupont-Moretti. "C'est une immense solitude,
c'est une femme qui est submergée par l'émotion, par la difficulté, par le handicap
de sa fille... C'est un crime et c'est un acte d'amour en même temps, c'est à
la fois terrifiant et sublime. En cela, ce procès sort de l'ordinaire",
a-t-il ajouté.
Inquiète pour l'avenir de sa fille lourdement handicapée, qui n'avait
aucune autonomie, ne savait pas parler et dont elle s'occupait seule depuis la
naissance, l'accusée a expliqué lors de l'enquête avoir décidé de mettre un
terme à leurs existences. Le matin du 23 août 2010, les sapeurs-pompiers de
Saint-Malo, alertés par la grand-mère de Méline qui vivait avec sa fille et sa
petite-fille, découvrent le corps sans vie de la fillette. Laurence Nait
Kaoudjt explique alors avoir administré des médicaments à sa fille, avant de
l'étrangler dans son lit à l'aide d'une écharpe.
Les psychiatres divisés sur son cas
Par la suite, elle a toujours affirmé avoir tenté de se suicider à diverses
reprises dans la nuit du drame, sans y parvenir, en absorbant des médicaments,
en s'étranglant avec une écharpe, en s'étouffant avec un sac plastique, puis en
s'ouvrant les veines. Elle avait laissé plusieurs documents attestant de sa
volonté de mettre fin à ses jours, dont un sur lequel il est écrit: "Je
choisis librement de partir avec ma fille Méline pour faire le grand voyage, ce
choix je l'avais fait depuis longtemps... notre histoire se termine
ainsi".
Les experts psychiatres mandatés pour examiner l'accusée ne retiennent pas
tous le même diagnostic: certains la décrivent comme étant en pleine possession
de ses moyens, d'autres comme une femme maniaco-dépressive et ayant des crises
de délire. La cour devra déterminer si Laurence Nait Kaoudjt était
atteinte d'un trouble psychiatrique grave ayant aboli son discernement, ou si
elle était lucide au moment du meurtre de sa fille. Elle encourt la réclusion
criminelle à perpétuité.
2 Commentaires
Anonyme
En Septembre, 2015 (14:54 PM)Anonyme
En Septembre, 2015 (16:26 PM)Participer à la Discussion