
La cour de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), à Yopougon, est bien vide de prisonniers, ce mercredi 24 juillet 2013, vers 10H.
Les forces de l’ordre, casque sur la tête, bouclier en main et arme à la ceinture, sont en position d’attaque, à une cinquantaine de mètres du bâtiment A. Elles s’apprêtent à mener un assaut sur le bâtiment C (bâtiment des criminels et autres bandits de grand chemin condamnés à de lourdes peines), derrière les A et B, pour libérer deux détenues (C. Maïmouna, en prison pour vol et K. Sali, pour coups et blessures) qui y sont depuis la nuit de la veille.
Ces forces avaient, quelques heures auparavant, tôt le matin, lancé des gaz lacrymogènes en direction du bâtiment C pour affaiblir les occupants, mais elles n’étaient pas arrivées à atteindre leur objectif. C’est alors que le régisseur de la Maca N’gbandama Yobouet et ses éléments optent pour la négociation avec les prisonniers. Ce qui porte ses fruits, puisque les minutes qui suivront, les détenues sortiront dudit bâtiment. « Ils ne nous ont rien fait », répondent-elles, tour à tour aux questions qui leur sont posées, au secrétariat du régisseur, après avoir traversé un couloir couvert de sang.
Maïmouna, semble souffrir. Malgré les soins qu’elle a reçus, son épaule gauche porte des plaies qui seraient les séquelles de balles perdues, la veille. En effet, ce lundi 23 juillet 2013, dans la soirée, la direction de la Maca, après avoir soupçonné Coulibaly Yacouba alias Yacou le Chinois (condamné à 20 ans pour vol), chef du bâtiment C, de planifier une évasion massive avec pour phase expérimentale, la fuite d’un détenu, il y a une dizaine de jours, fait appel à des gendarmes.
Une fouille est entreprise dans sa cellule. Sous sa couchette, est découverte une longue corde faite de draps ou d’habits attachés avec au bout, un fer crochu. Cet indice conforte les forces de l’ordre dans les doutes émis. Il est alors décidé de changer de cellule à Yacou le Chinois. Celui-ci reste dans le même bâtiment, mais passe en hauteur, « au blindé » où la détention est des plus austères. Refusant cet isolement, il fait du tapage au point d’attirer l’attention de ses co-détenus. Ceux-ci s’opposent énergiquement à la sanction que va subir leur chef. Pour le manifester, ils sortent en masse et portent l’estocade aux forces de l’ordre.
La citadelle imprenable
Les gardes pénitentiaires, le Lieutenant Gueu Siamin et le sergent Tia Syvain sont grièvement blessés. Comme un essaim d’abeille, plus de 1500 détenus du bâtiment C s’attaquent alors à tout ce qui bouge, dans la cour et cassent des ampoules des bâtiments pour opérer dans l’obscurité. Les prisonniers politiques et autres cossus du bâtiment des assimilés se barricadent à double tour. Les mutins courent ouvrir les grilles des bâtiments A (prévenus) et B (condamnés à de petites peines) pour qu’ils se joignent à eux.
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