
"Il ne faut rien attendre de l’actuel régime en ce qui concerne le sort des trois militaires néerlandais qui sont emprisonné", affirme Ashraf El-Hjouj, un médecin Palestino-bulgare qui fut pendant huit ans emprisonné en Libye. Selon lui, c’est un joker dangereux dans les mains d’un dictateur qui n’hésite pas à tirer sur ses propres citoyens.
« Ils peuvent être exposés à beaucoup de pressions psychologiques. Kadhafi bombarde sa propre population, il les attaque avec des tanks, il les tue froidement. Et ce sont des civils. Donc je peux imaginer qu’il est capable de faire beaucoup de choses avec ces soldats».
L’emprisonnement des militaires néerlandais en Libye est une répétition de l’histoire, selon El-Hojouj. Après huit longues années de prison en Libye qu’il ait du passer ensemble avec cinq autres infirmières bulgares , il est venu au Pays-Bas en 2007. Le régime de Tripoli accusait cette équipe médicale d’être responsable de la mort de 400 enfants qu’elle aurait contaminés avec le VIH sida. EL-Hojouj a écrit un livre à ce propos intitulé : Le bouc-émissaire de Kadhafi.
Monnaie de change
Le leader libyen utilise volontiers les prisonniers comme monnaie d’échange ou moyen de pression, explique El Hojouj. Lui et les infirmières bulgares furent la mise en échange de la libération des terroristes libyens responsables de l’attentat à la bombe de Lockerbie contre une compagnie d’aviation américaine.
Kadhafi a également pris en otages des citoyens suisses quand son fils Hannibal fut arrêté dans un hôtel helvétique sous accusation d’avoir maltraité deux membres du personnel de l’établissement.
L’Union européenne
L’emprisonnement de ces trois militaires néerlandais risque de prendre du temps, pense Ashraf El-Hojouj. Il estime qu’ils se trouvent quelque part dans la capitale Tripoli, enfermés dans un lieu secret où personne ne peut les voir. Les autorités néerlandaises poursuivent des négociations au plus haut niveau pour obtenir leur libération. Pour le médecin palestinien, le seul conseil à donner aux Pays-Bas est de poursuivre ces négociations au l’échelle européenne. Sinon rien n’aboutira en procédant en solitaire, craint-il.
« Une des choses les plus appropriées serait de retirer la mission diplomatique néerlandaise qui négocie à Tripoli, d’arrêter toutes relations diplomatiques avec la Libye. En tant que pays membre de l’Union européenne, les Pays-Bas doivent utiliser cette institution pour négocier avec la Libye. Catherine Ashton, commissaire européen en charge des Affaires étrangères peut négocier au nom des Pays-Bas. Sinon Kadhafi se sentira en position de force face aux seuls Pays-Bas. Ça sera un contre un. Mais si Kadhafi sent que 27 pays sont contre lui et qu’ils font pression pour la libération de ces prisonniers, il les relâchera ».
Pas de danger de mort
En échange de cette libération, le régime de Tripoli devrait certainement poser des conditions aux Pays-Bas et à l’Union européenne, pense le médecin. Car, selon lui, il y aura toujours un prétexte à trouver pour justifier l’arrestation de ces militaires néerlandais.
« Si Kadhafi ne désigne pas Al-Qaeda comme responsable, il trouvera autre chose pour dire que ce sont des agents des services de renseignement néerlandais venus effectuer des missions en Libye. Lui et son fils ont déjà accusé plusieurs pays de manipuler les manifestations et les revendications de ces dernières semaines en Libye ».
Pour autant, les militaires néerlandais ne courent aucun danger de mort, car Kadhafi connaît ses limites, affirme El-Hojouj. «Il utilise les otages uniquement pour faire du chantage. Rien ne lui fait autant plaisir que de recevoir des excuses », ajoute le médecin. C’est ce que les Bulgares et les Suisses lui ont fait. Kadhafi espère probablement le même signe de soumission des Pays-Bas.
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