AFP - Des crimes continuent d'être commis dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, poussant des habitants à fuir cette région meurtrie par la crise post-électorale, a alerté vendredi la commission d'enquête internationale sur les violations des droits de l'Homme dans le pays.
"Des crimes réels ont été commis par les parties en présence et ça continue à être le cas. La preuve de cela: il y a encore des réfugiés qui fuient cette région", a déclaré lors d'une conférence de presse le Soudanais Suliman Baldo, l'un des trois experts de la commission.
"Les populations dans cette zone-là vivent dans une insécurité totale et dans le désarroi", a insisté sa collègue béninoise, Reine Alapini Gansou.
Selon la force onusienne en Côte d'Ivoire (Onuci), plus d'un millier de personnes ont été tuées entre décembre et avril dans l'ouest, où la crise politique a exacerbé des tensions interethniques anciennes.
Le président de la commission, le Thaïlandais Vitit Muntarbhorn, a souligné qu'à travers le pays avaient été commises des "violations graves et massives" des droits de l'Homme durant la crise née du refus de l'ex-président Laurent Gbagbo de céder le pouvoir après sa défaite au scrutin de novembre 2010.
"Pour que la paix soit durable, il est essentiel de mettre fin à l'impunité, la réconciliation ne pouvant se faire sans justice", a-t-il affirmé.
Il a appelé le gouvernement du nouveau président Alassane Ouattara à assurer "une justice effective" et la communauté internationale à le soutenir.
Créée par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU basé à Genève, la commission indépendante doit présenter son rapport le 15 juin, après avoir achevé vendredi à Abidjan un séjour de près de quatre semaines dans le pays.
Selon les autorités ivoiriennes, près de 3.000 personnes ont été tuées durant plus de quatre mois de crise et dix jours de guerre entre forces pro-Gbagbo et pro-Ouattara, appuyées par l'armée française et l'Onuci.
Dans un rapport publié mercredi, Amnesty International écrit que "les très graves violations et atteintes aux droits humains commises, depuis l?arrestation de Laurent Gbagbo" le 11 avril par les forces pro-Ouattara "montrent que les populations appartenant à des groupes ethniques considérés comme partisans" de l'ex-président "continuent d?être la cible d?attaques".
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