
Le président Alassane Dramane Ouattara est déjà photographié comme un chef d’Etat trop « endetté ». Sur le plan politique et moral, s’entend. Pour cause, sortie vainqueur de la plus que controversée présidentielle Ivoirienne, il a été porté au pouvoir par la communauté internationale.
Et, la partition du président Wade ne serait pas des moindres. Mais, si tant est qu’il « doit » quelque chose à son « grand frère » Wade, jusqu’où pourra aller cette dette ? Déjà, à Dakar, le président Ivoirien a été accueilli en héros et brandi comme un « trophée » mondiale par les autorités Sénégalaises. Le héros Ivoirien devrait alors assurer et défendre de l’opportunité de son déplacement jugée prématurée. Mais, au terme des discours et autres réponses, le constat est sans appel : le périple de Dakar n’était pas urgent.
Et pour cause ! Le chef de l’Etat Ivoirien a parlé d’une « visite d’amitié, à un pays frère, dirigé par un grand frère », avec qui il partage « la grande famille libérale ». Sur d’autres aspects, le leader du Rassemblement des Républicains (RDR) a plutôt réchauffé son discours servi quelques heures après l’arrestation de son rival, Laurent Gbagbo.
Ainsi, l’opportunité de cette visite semble être intimement liée à un « devoir de reconnaissance ». Mais, jusqu’où s’étalera cette reconnaissance ? Si le déplacement de Ouattara est mal interprété, c’est qu’il est effectué par un président qui pense déjà à ses « amitiés », alors que le deuil n’a pas encore quitté son pays. Les soixante-douze heures de deuil national, en la mémoire des victimes de la Guerre en Côte d’Ivoire, ne l’ont pas empêché de venir au Sénégal, « remercier les Ivoiriens de Dakar ». Pour marquer sa reconnaissance à un « grand frère ».
Une lettre officielle, précédée d’un entretien téléphonique serait certainement insignifiante. Telle procédure ne serait pas à la juste mesure de ce que le chef de l’Etat Sénégalais « a fait » pour le nouvel homme fort d’Abidjan : « Parrainage de l’entrée du RDR à l’internationale libérale, conseil et soutien dans l’entre deux tours et partition dans la guerre contre l’ennemi commun, Laurent Gbagbo ».
Mais, quel sera le nouvel équilibre entre l’axe Dakar-Abidjan, « locomotive de l’intégration sous régionale », selon les termes des deux chefs d’Etat ? La Côte d’Ivoire devra-t-elle toujours avoir en tête cette « dette de reconnaissance » envers le Sénégal, au prix de ses intérêts souverains ? Le Dr Alassane Ouattara a dû forcer son emploi du temps, plus que chargé, « bouger », à l’aube d’une reconstruction qui, « ne sera pas facile », a-t-il reconnu. L’objectif de cette entreprise, au moins difficile, est d’abord et surtout de rattraper plus d’une décennie de retard. Face à une telle urgence, la visite de Dakar était-ce aussi urgente ? Surtout qu’elle est effectuée en l’honneur d’un chef d’Etat qui, n’a forcément pas les mêmes urgences que son peuple.
Mansour NDIAYE
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