Après la démission du président algérien Abdelaziz Bouteflika sous la pression de la rue, les manifestants refusent que des personnalités de l'appareil mis en place par l'ancien chef d'État gèrent sa succession, en tête desquels Abdelkader Bensalah.
Qui assurera l'intérim en Algérie du désormais ex-président Abdelaziz Bouteflika qui a démissionné le 2 avril 2019 ? Le Parlement doit entériner le processus mardi 9 avril, mais le remplaçant désigné par la Constitution, Abdelkader Bensalah, incarnation d'un "système" dont les Algériens veulent se débarrasser, devrait passer la main.
Après plus d'un mois de contestation massive et inédite à travers ce vaste pays d'Afrique du Nord, Abdelaziz Bouteflika a finalement démissionné le 2 avril sous la pression conjuguée de la rue et de l'armée qui a menacé de ne plus reconnaître son autorité.
Une semaine après sa démission, les parlementaires de l'Assemblée populaire nationale [chambre basse] et du Conseil de la Nation [chambre haute] sont convoqués ensemble mardi matin pour acter la "vacance" à la tête de l'État. Ils doivent ensuite charger, conformément à la Constitution, le président de la chambre haute, poste occupé actuellement par Abdelkader Bensalah, d'assurer l'intérim à la tête de l'État pendant quatre-vingt dix jours.
Hommes du système contestés
Mais vendredi, premier jour de manifestations hebdomadaires depuis l'annonce du départ du désormais ex-chef d'État Bouteflika, les Algériens ont à nouveau défilé en masse pour exiger que soient exclus du processus de transition les hommes clés de l'appareil mis en place par ce dernier. Un trio a été particulièrement visé : Abdelkader Bensalah, président du du Conseil de la Nation, Tayeb Belaïz, président du Conseil constitutionnel et le Premier ministre Noureddine Bedoui.
L'appel des manifestants semble avoir été entendu, puisque dimanche, l'éditorial du quotidien gouvernemental El Moudjahid, traditionnel vecteur de messages du pouvoir en Algérie, a suggéré d'écarter Abdelkader Bensalah de la présidence par intérim en le remplaçant à la tête de la Chambre haute.
"Il faudrait trouver le plus tôt possible une solution à la question de la présidence du Conseil de la Nation, du moment que l'actuelle figure ne semble pas être tolérée par le mouvement citoyen", a prôné El Moudjahid.
Des réformes profondes
Le journal a suggéré de trouver "un homme consensuel qui ait l'étoffe et le sens de l'État", mais sans s'avancer sur un nom. Problème : le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, de facto le nouvel homme fort du pays, exige que la succession de Abdelaziz Bouteflika se fasse dans le strict cadre de la Constitution.
Celle-ci prévoit que le président du Conseil de la Nation transmette le pouvoir avant l'expiration du délai de quatre-vingt dix jours à un nouveau chef de l'État élu lors d'une présidentielle.
Le mouvement de contestation réclame lui de sortir de ce cadre pour mettre sur pied des institutions de transition permettant d'engager des réformes profondes et d'organiser des élections libres. En cas de retrait, de plus en plus probable, de Abdelkader Bensalah, ce serait son successeur à la tête du Conseil de la Nation qui prendra l'intérim.
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