Le président de la République Abdoulaye Wade a justifié, dimanche à Ndjamena, son intérêt pour la sauvegarde du lac Tchad par le fait que le lien entre le Sénégal et ce cours d’eau est ‘’peut être aussi fort que celui du voisinage immédiat avec le lac’’.
‘’A priori, on peut se demander quel lien existe entre le Sénégal, situé de l’autre côté du continent, sur les rives de l’Atlantique, en Afrique de l’Ouest, et le Lac Tchad, au cœur de l’Afrique centrale. Je répondrais que ce lien est peut être aussi fort que celui du voisinage immédiat avec le lac’’, a dit le chef de l’Etat qui participait dans la capitale tchadienne à la session Afrique du 8-ème forum mondial du développement durable sur le thème ’’sauver le Lac Tchad’’.
S’il en est ainsi, c’est ‘’parce que l’environnement de l’Afrique, l’environnement tout court, est un tout indivisible’’, a-t-il poursuivi dans un discours dont l’APS a obtenu copie.
A ce propos, il a ajouté : ‘’(…) Nous savons qu’il y a un ensemble de facteurs complexes, dont certains ne sont peut être pas encore connus, qui créent des interdépendances entre différentes aires géographiques et climatiques même situées aux antipodes les unes des autres’’.
Ces ‘’interdépendances’’ font que ‘’les responsabilités en matière environnementale ne peuvent s’arrêter à nos propres frontières’’, a expliqué le président Wade, estimant qu’il y a ‘’une solidarité objective’’ qui devrait lier, les habitants d’un même continent ayant ‘’un destin commun’’.
‘’Autant la fonte des glaciers dans le grand Nord nous préoccupe, en raison de la montée du niveau des océans et des catastrophes qu’elle entraine, autant le péril environnemental majeur sous les tropiques, que représente le risque de disparition du Lac Tchad, devrait aussi nous interpeler, comme citoyens du monde, soucieux du destin commun de l’Humanité.
Abdoulaye Wade a dit qu’en tant que panafricaniste et coordonnateur du volet Environnement du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), la situation du Lac Tchad ne peut le laisser indifférent. ‘’Voilà, l’état d’esprit dans lequel je prends part à cette rencontre’’, a-t-il résumé.
Partagé par le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun, le Lac Tchad est une zone d’importance vitale pour plus de 30 millions d’habitants riverains du lac d’après des estimations des Nations unies. Il a perdu 90% de sa superficie entre 1963 et 2001 (de 25 000 Km2 en 1963 à moins de 1 500 Km2), par l’effet combiné de conditions climatiques sévères et d’activités humaines dommageables.
Il est d’un intérêt écologique majeur pour la préservation de l’écosystème et de la biodiversité sur l’étendue du territoire qu’il couvre. Selon des prévisions climatiques de la NASA, l’agence spatiale américaine, le lac risque de disparaître complètement dans une vingtaine d’années, si aucune action d’envergure internationale n’est entreprise pour enrayer le phénomène alarmant de rétrécissement de ses eaux.
Outre la baisse de 60 % de la production halieutique, les pâturages se sont dégradés, entraînant une baisse des disponibilités en fourrage (de l’ordre de 46,5 pour cent dans certaines zones en 2006) et une réduction du cheptel et de la biodiversité.
Si le lac venait à disparaître, ‘’c’est toute l’Afrique qui serait ainsi privée d’un de ses plus beaux joyaux écologiques’’, a indiqué le président sénégalais, ajoutant : ‘’Imaginons un seul instant les conséquences du scénario lorsque les derniers flots du lac auront fini de disparaitre’’.
‘’Que deviendront alors les 30 millions de riverains ? Qu’adviendra-t-il du bétail, de la faune et de la flore qui, depuis les temps immémoriaux, peuplent ces lieux en donnant vie et rythme au lac ?’’ s’est demandé le chef de l’Etat sénégalais, relevant par ailleurs qu’en plus de cette ‘’question existentielle’’, il y a les conséquences liées à la paix et à la sécurité dans la région.
Selon Abdoulaye Wade, ‘’il n’y a pas de doute en effet que la raréfaction des ressources halieutiques, en privant les riverains de leurs principaux moyens de subsistance, va créer une pression accrue sur l’environnement et entrainer un déplacement massif de populations ; ce qui ne manquera pas de poser des problèmes de cohabitation et d’instabilité pour la région’’.
Le chef de l’Etat a dit que les différentes parties prenantes doivent ‘fédérer toutes (leurs) énergies, toutes (leurs) intelligences et tous (leurs) moyens pour (…) sauver’’ le lac Tchad. S’il reconnaît que la Commission du Bassin du Lac Tchad s’attèle à la tache depuis plusieurs années, il a dit qu’il convient de ‘’changer d’approche et de stratégie’’.
A ce sujet, il a rappelé avoir proposé, en accord avec le président tchadien Idriss Déby Itno, la mise sur pied d’une Association internationale des amis du Lac Tchad comme contribution aux efforts de sauvetage du lac.
‘’Cette initiative vise à mobiliser toutes les bonnes volontés, en Afrique et ailleurs dans le monde, pour susciter le plus large élan de solidarité possible autour du lac’’, a expliqué Abdoulaye Wade, estimant que ‘’la solution la plus réaliste consiste à renflouer le lac par ses voies naturelles d’alimentation’’.
Pour le président de la République, ‘’il conviendrait aussi peut être de revoir les conditions d’utilisation des eaux du lac et de concevoir de manière plus rationnelle les projets, puisque de l’avis de certains experts, la surexploitation des ressources hydriques du lac contribue largement à sa dégradation’’.
D’autres actions, comme le dragage de certaines parties du lac, pourraient être envisagées, a-t-il indiqué, soulignant que la rencontre de Ndjamena, qui réunit des leaders et des experts de divers domaines, est ‘’un pas important dans les efforts de sensibilisation au problème du Lac Tchad’’.
Relevant que ‘’l’urgence de la situation appelle un suivi permanent’’, le chef de l’Etat a dit que les actions pour ‘’sauver le Lac Tchad (s’inscrivent) dans l’intérêt des générations actuelles et futures’’.
4 Commentaires
My
En Novembre, 2010 (11:27 AM)My
En Novembre, 2010 (11:29 AM)Afrodream
En Novembre, 2010 (11:37 AM)Houda
En Novembre, 2010 (22:51 PM)Participer à la Discussion