
Des membres de Boko Haram, le 5 mars 2013. Au centre de la photo se trouverait le chef présumé de la secte islamiste, Abubakar Shekau.
François Hollande a promis, à l'occasion de sa visite les jeudi 27 et vendredi 28 février, l'aide de la France au Nigeria dans le combat contre la secte islamiste Boko Haram. Quelques heures plus tard, des autorités locales annonçaient qu'au moins 32 personnes avaient été tuées au cours de trois attaques menées par des islamistes présumés dans le nord du pays.
MASSACRE D'UN LYCÉE
Impavide, Boko Haram poursuit ainsi sa campagne de terreur, lancée en 2009 dans le nord-est du pays. Mardi 25 février, des membres présumés de la secte sunnite – dont le nom signifie littéralement « l'éducation occidentale est un péché » – avaient lancé une attaque meurtrière dans l'Etat de Yobe, placé sous état d'urgence en mai 2013 au même titre que les Etats de Borno et d'Adamawa. Leur cible ? Le lycée fédéral de la ville de Buni Yadi.
Le bilan de ce massacre était particulièrement lourd : quarante-trois élèves, âgés de 8 à 11 ans, ont été tués en pleine nuit dans leur dortoir, parfois à l'arme blanche, rapportent ThisDay et Leadership. Seuls les garçons ont été visés. Les filles, elles, auraient reçu l'ordre de « rentrer chez elles, de se marier et de renoncer à l'éducation occidentale, jugée contraire aux préceptes de l'islam ».
C'est la quatrième fois en moins d'un an qu'un établissement scolaire est la cible des sicaires de Boko Haram, rappelle le New York Times, pour qui cet accès de violence délibérée accroît un peu plus la pression sur l'armée nigériane et sur le président Goodluck Jonathan, un chrétien originaire du Sud, au pouvoir depuis mai 2010.
« ABSENCE DE SYNERGIE »
Dans un communiqué, le chef de l'Etat a fustigé « un meurtre haineux, brutal et insensé d'étudiants innocents par des terroristes fous et des fanatiques ». « Les forces armées du Nigeria et les autres agences de sécurité vont poursuivre leur combat contre la terreur avec vigueur et détermination », a-t-il assuré, tout en appelant ses voisins francophones à œuvrer à ses côtés contre le terrorisme – au premier rang desquels le Cameroun, avec lequel le Nigeria partage près de 2 000 kilomètres de frontières particulièrement poreuses.
De fait, pour l'éditorialiste Olusegun Adeniyi, le Nigeria est sans aucun doute « une nation en guerre ». Et « le fait est que, sur le terrain, les insurgés islamistes remportent certaines batailles stratégiques », estime-t-il, insistant sur « les sacs mortuaires, non seulement de civils mais aussi de soldats, qui s'empilent de jour en jour ».
Selon le décompte du Nigerian Tribune, leur croisade macabre aurait déjà coûté la vie à deux cent quarante-cinq personnes depuis le 14 janvier 2014. Dans ce contexte volatil, le pouvoir, par ses « silences » récurrents, n'inspire plus confiance, déplore Bala Liman, spécialiste de Boko Haram, sur Think Africa Press.
Pis, il est engagé dans une « guerre de mots » avec le gouverneur de l'Etat septentrional de Borno, Kashim Shettima. Lequel s'est attiré les foudres du porte-parole présidentiel en suggérant que, faute de troupes et de ressources supplémentaires, Boko Haram serait « impossible à battre ». Une « absence de synergie » contre-productive, conclut ThisDay, à l'heure où la coopération est plus que jamais nécessaire.
Aymeric Janier
Journaliste au Monde
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