Les Djiboutiens se rendent aux urnes ce vendredi pour renouveler les 65 députés qui siégeront à l’Assemblée nationale. Sans surprise, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), le parti au pouvoir, fait figure de grand favori, face à une opposition en quête d'union, contrairement au scrutin de 2013.
Après treize jours de campagne officielle, les Djiboutiens se rendent aux urnes ce vendredi 23 février, pour renouveler les 65 députés qui siégeront pour cinq ans sur les bancs de l’Assemblée nationale. Sans surprise, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) du président Ismaël Omar Guelleh, fait figure de grande favorite, face à une opposition qui, contrairement au scrutin de 2013, part en ordre dispersé. Difficile, dans ces conditions, d’imaginer qu’elle puisse faire mieux que les dix députés élus lors de la dernière législature.
La bonne humeur et les sourires étaient d’ailleurs de mise, ce mercredi 21 février, lors du dernier meeting de campagne organisé par l’UMP, devant le stade Hassan Gouled de Djibouti-ville.
Aussi bien sur l’estrade, où étaient réunis de nombreux ministres venus soutenir le chef du parti et du gouvernement, Abdoulkader Kamil Mohamed, que dans les rangs des milliers de militants, tout de vert vêtus, venus des quatre coins de la capitale, grâce aux bus affrétés par le parti.
Une opposition fragilisée
Une ambiance bien différente de celle constatée la vielle, lors du dernier rassemblement de la coalition composée par l’Union pour la démocratie et la justice (UDJ) et le Parti djiboutien pour le développement (PDD), devant quelques centaines de sympathisants réunis face au marché Ryad, dans le très populaire Quartier 7.
L’alliance, qui se présente uniquement dans la circonscription de la capitale, est aujourd’hui tout ce qu’il reste de l’Union pour le salut national (USN) qui, en 2013, après dix ans de boycott électoral, avait réussi le tour de force de rassembler l’ensemble des partis d’opposition sous sa bannière. Cinq ans plus tard, l’USN n’est plus qu’un champ de ruine, au point qu’aucun parti ne se revendique, cette fois, de son appartenance, chacun préférant se retrancher derrière les appartenances tribales ou communautaires, si chères à la classe politique héritée de l’indépendance.
L’Alliance républicaine pour le développement (ARD) se replie sur ses terres afars, en ne se présentant que dans la région de Tadjourah, pendant que le Centre des démocrates unifiés (CDU), orphelin de son leader, Omar Elmi Khaireh, actuellement en Europe pour des raisons de santé, préfère se concentrer sur son fief d’Ali-Sabieh.
Le parti majoritaire grand favori
Déjà en mal de leadership, l’opposition doit également compter avec le boycott de ses personnalités les plus charismatiques. À commencer par celui de Daher Ahmed Farah (DAF), président du Mouvement pour le renouveau démocratique (MRD), qui persiste dans une stratégie qui était déjà la sienne lors du scrutin présidentiel de 2016.
Les partis d’opposition prennent le risque de ne pas atteindre les 10 % nécessaires pour être représentés
Tout comme Abdourahman Mohamed Guelleh (TX), plus pressé de renforcer la base de son Rassemblement pour l’action, la démocratie et le développement écologique (RADDE) que de cautionner des joutes électorales déjà jouées d’avance. Seule la machine de guerre, parfaitement huilée, de l’UMP a les capacités humaines et financières de présenter 65 candidats, couvrant l’ensemble des six circonscriptions du pays (Djibouti-Ville, 35 députés ; Tadjourah, 6 députés ; Ali-Sabieh, 6 députés ; Arta, 3 députés ; Obock, 4 députés et Dikhil, 11 députés).
Difficile, dans ces conditions, d’échapper à un nouveau raz-de-marée électoral de l’UMP. Surtout que le système à la proportionnelle en vigueur donne une forte prime à la liste arrivée en tête. En partant chacun de leur côté, les partis d’opposition prennent, eux, le risque de ne pas atteindre les 10 % nécessaires pour être représentés, laissant ainsi le champ législatif entièrement libre au parti majoritaire.
Et ce n’est ni le décompte du temps de parole des partis dans les médias (voir encadré ci-dessous), ni le quota, introduit en janvier et réservant 25 % des positions éligibles aux femmes, qui vont changer la donne, même si, pour la première fois, elles introduisent un peu plus de transparence et d’équité dans un scrutin qui en manquait tant jusqu’à là.
Un CSA djiboutien
Le fractionnement de l’opposition lors de ces législatives a au moins contribué à dépoussiérer le code de la presse et de la liberté d’informer. Défini dès 1977, dans un schéma majorité/opposition, ce dernier ne permettait pas d’assurer un accès équitable aux médias à l’ensemble des différents partis concourant à travers le pays le 23 février. C’est désormais le rôle attribué à la Commission nationale de la communication (CNC), mise en place fin 2016, et qui va passer son premier test grandeur nature avec ce scrutin.
Éviter que certains journalistes ne soient poursuivis pour de mauvaises raisons
Composée de neuf commissaires, représentants du secteur public, de la Chambre de commerce ou de la société civile, cette commission indépendante, inspirée du CSA français, est présidée par la juriste Ouloufa Ismaïl Abdo, également directrice de l’Office djiboutien de la propriété industrielle et commerciale (ODPIC). En plus de comptabiliser le temps de parole sur les médias publics, en fonction des critères communautaires, linguistiques ou géographiques, la CNC travaille aussi sur la définition d’une charte déontologique des médias, « pour professionnaliser la profession et éviter que certains journalistes ne soient poursuivis pour de mauvaises raisons », explique Ouloufa Ismaïl Abdo.
À plus long terme, la CNC se penche également sur les moyens d’attirer les investisseurs privés dans le secteur, pour garantir davantage de pluralisme dans le paysage médiatique djiboutien.
1 Commentaires
Anonyme
En Février, 2018 (23:30 PM)Participer à la Discussion