Le groupe de mutins congolais du Mouvement du 23 mars (M23), qui
contrôle une partie de la province du Nord-Kivu (est de République
démocratique du Congo), commet des crimes de guerre à grande échelle,
sous la forme d'exécutions sommaires, de viols et de recrutements
forcés, a accusé l'organisation de défense des droits de l'Homme Human
Rights Watch (HRW), dans un rapport publié mardi.
"Les rebelles du M23 sont en train de commettre une horrible
série de nouvelles atrocités dans l'est de la RDC", a déclaré Anneke Van
Woudenberg, chercheuse à la division Afrique de HRW.
"Les
commandants du M23 devraient être contraints de rendre des comptes pour
ces crimes et les autorités rwandaises qui soutiennent les commandants
responsables d'exactions pourraient être traduits en justice pour
complicité de ces crimes", a-t-elle aussi ajouté.
Dans son
rapport, HRW accuse notamment le M23 d'avoir exécuté 33 de ses membres
pour une tentative de désertion et parle du meurtre délibéré de quinze
civils depuis juin dans un secteur tenu par les rebelles.
La
mutinerie d'avril dans les rangs des Forces armées de la RDC (FARDC),
dont le M23 est issu, a donné lieu à un conflit qui a fait au moins
220.000 déplacés - et un nombre inconnu de morts et de blessés - en six
mois. Le gouvernement de Kinshasa et des experts de l'ONU accusent le
Rwanda de soutenir le mouvement, ce que Kigali dément.
"Certaines autorités rwandaises pourraient être considérées comme
complices de crimes de guerre en raison de l'appui militaire continu
qu'elles apportent aux forces du M23", souligne le rapport de HRW.
L'armée rwandaise a déployé ses troupes dans l'est de la RDC pour
appuyer directement les rebelles du M23 dans des opérations militaires,
accuse l'ONG.
HRW base ses affirmations sur des entretiens,
menés de mai à septembre, avec 190 personnes: des victimes congolaises
et rwandaises, des membres des familles de victimes, des témoins, des
autorités locales, ainsi que des combattants et ex-combattants du M23.
Se basant sur ses propres recherches, l'ONG mentionne le
recrutement de force par le M23 d'au moins 137 jeunes hommes et garçons
dans le territoire de Rutshuru depuis juillet. La plupart ont été
enlevés à leur domicile, au marché ou alors qu'ils se rendaient à leurs
champs. Au moins sept d'entre eux avaient moins de 15 ans.
Des témoins ont affirmé à HRW qu'au moins 33 nouvelles recrues et
d'autres combattants du M23 avaient été sommairement exécutés alors
qu'ils essayaient de s'enfuir. Certains ont été ligotés et abattus
devant les autres recrues à titre d'avertissement.
L'une des
jeunes recrues a déclaré à HRW: "quand nous étions avec le M23, ils
nous ont dit (que nous avions le choix) entre rester avec eux ou mourir.
Beaucoup ont tenté de s'enfuir. Certains ont été retrouvés et pour eux,
cela a été la mort immédiate".
Depuis juin, les
combattants du M23 ont tué de sang froid au moins quinze civils dans des
zones qu'ils contrôlent, parfois parce qu'ils les soupçonnaient de leur
être hostiles, assure le rapport. Des combattants ont également violé
au moins 46 femmes et filles, la plus jeune victime ayant 8 ans. Des
membres du M23 ont tué par balles une jeune femme de 25 ans enceinte de
trois mois, parce qu'elle résistait à une tentative de viol. Deux autres
femmes sont mortes des blessures reçues lorsqu'elles ont été violées
par des combattants du M23.
Selon HRW, le M23 a fait subir
aux civils des sévices d'une terrible brutalité. Le 7 juillet après
minuit, des combattants du M23 ont attaqué une famille dans le village
de Chengerero. Une femme de 32 ans a raconté que les rebelles avaient
défoncé la porte de son habitation, battu à mort son fils de 15 ans et
enlevé son mari. Avant de partir, les rebelles l'ont violée
collectivement, ont répandu du carburant entre ses jambes et mis le feu
au carburant, indique le rapport.
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