Il y a quatre ans, le 30 mai 2016, Hissène Habré a été condamné à la prison à perpétuité à Dakar par les chambres africaines extraordinaires pour les crimes commis sous son régime. Mais aujourd’hui, les victimes n’ont reçu aucune réparation, pourtant prévue par la justice. Dans une déclaration publiée ce matin du vendredi 29 mai, elles appellent l’Union africaine et le Tchad à respecter leurs obligations.
À 73 ans, Abdourahmane Guèye n’a rien oublié des mois passés dans une cellule tchadienne. Ce Sénégalais, ancien commerçant jeté en prison en mars 1987, a survécu au régime d’Hissène Habré. Les chambres africaines extraordinaires et la justice tchadienne ont ordonné le paiement de millions d’euros d’indemnisations au profit des victimes. Mais comme les autres, Abdourahmane Guèye n’a toujours pas touché un centime.
« Quatre ans, quatre ans... Rien, aucune indemnisation. C'est trop ! Parmi les victimes d'Hissène Habré, certaines personnes sont déjà décédées. Hissène Habré a des biens ici au Sénégal. On a cas les saisir. Mais je crois que l'Union africaine n'a pas fait d'efforts avec l'État du Tchad. »
L’autorisation de sortie accordée à Hissène Habré le 6 avril dernier pour 60 jours a été une déception de plus les victimes. Le président sénégalais Macky Sall l’a assuré : l’ancien président tchadien retournera en prison après la pandémie. Mais quand ? Abdourahmane Guèye se pose la question : « Il y a des personnalités emprisonnées ici qui n'ont pas bénéficié de ça. Ca va continuer jusqu'à quand cela va continuer ? Et combien de personnes malades jamais soignées? Je suis complètement découragé. »
Le ministre sénégalais de la Justice indique qu’une prolongation de l’autorisation de sortie relève du juge de l’application des peines. De son côté, l’avocat d’Hissène Habré n’a pas répondu à nos sollicitations.
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