En s’acquittant de l’amende de 3,3 milliards de dirhams infligée par le régulateur suite à une plainte du concurrent Inwi, Maroc Telecom confirme une accalmie dans un secteur marocain des télécoms jusqu’ici caractérisé par de vives tensions entre opérateurs.
Notifiée fin janvier au premier opérateur chérifien, l’amende de 3,3 milliards de dollars – soit plus de 300 millions d’euros – infligée par l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) à Maroc Telecom et relative à ses pratiques jugées anticoncurrentielles sur le marché du téléphone et de l’internet fixe a été payée, indique le groupe contrôlé à 53 % par l’Émirati Etisalat dans un communiqué publié le 20 avril et relatif à ses résultats pour la période. La plainte avait été déposé en 2016 par Inwi, troisième opérateur du pays et filiale du holding royal Al Mada et du koweïtien Zain.
Un apaisement entamé par Inwi
Le leader du secteur, qui avait déclaré, lors de la publication des résultats annuels, il y a deux mois, se réserver « la possibilité de former un recours auprès de la cour d’appel » en raison du « caractère récent, complexe et exceptionnel de la décision reçue », semble donc vouloir jouer l’apaisement vis-à-vis du régulateur et de ses concurrents.
Dans le communiqué du 20 avril, plus aucune mention n’est faite d’un quelconque recours. « Le montant de la sanction a été provisionné en 2019 et payé en totalité au premier trimestre 2020 », indique l’entreprise.
Cette détente dans le secteur marocain des télécommunications a été entamé dès le 20 février, lorsque Inwi, satisfait de la sanction imposée à Maroc Telecom par le régulateur (qui ordonne à Maroc Telecom, outre le paiement de l’amende, de mettre un terme aux pratiques dénoncées par son concurrent), a décidé d’abandonner le volet judiciaire de sa campagne contre le leader du secteur. L’opérateur dirigé par Nadia Fassi Fehri poursuivait depuis 2018 Maroc Telecom auprès du tribunal de commerce de Rabat pour concurrence déloyale.
Pour concrétiser sa démarche, Maroc Telecom doit encore appliquer les injonctions formulées par l’ANRT concernant le dégroupage de son réseau. Bien qu’inscrit dans son cahier des charges, ce processus de partage du réseau n’est que peu mis en œuvre par le premier opérateur du pays, parce qu’il garantit sa position dominante sur le téléphone et l’internet fixe.
Un leader en croissance
Conséquente et inédite dans le secteur des télécoms marocain, l’amende de l’ANRT n’entame pas la croissance de Maroc Telecom, qui a enregistré un chiffre d’affaires de 36,5 milliards de dirhams en 2019 et poursuit sa croissance au cours du premier trimestre 2020. Fin mars, le groupe dirigé par Abdeslam Ahizoune a en effet enregistré une progression de 4 % de son chiffre d’affaires consolidé, tiré notamment par l’internet mobile et couplé à une croissance de 11,3 % de sa base client (69 millions d’utilisateurs).
Comme indiqué par Jeune Afrique Business+, l’amende de 3,3 milliards de dirhams a été reversé par l’ANRT au fonds national dédié à la lutte contre la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Pour sa part, Maroc Telecom a injecté 1,5 milliard de dirhams dans ce même fonds.
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