Au Niger, qui pleure ses morts, un deuil national de trois jours a été décrété. C'est l'une des décisions annoncée hier lundi par le ministre de l'Intérieur après l'attaque, samedi, de deux villages de l'ouest du pays dans lesquels 100 civils ont été tués. Ce massacre de villageois n'a toujours pas été revendiqué, mais les autorités nigériennes l'attribuent à des jihadistes. Elles craignent cependant que cette violence alimente des conflits intra-communautaires.
Ces attaques sur les villages de Tchombangou et de Zaroumdareye sont les plus meurtrières perpétrées par des jihadistes contre des populations civiles depuis le début de l’insécurité dans cette partie frontalière avec le Mali.
Au sortir d’un conseil extraordinaire de sécurité présidé ce lundi par le président Issoufou Mahamadou, un deuil national de trois jours a été décrété. Le président a également ordonné la saturation sécuritaire de toute la zone c'est à dire un renforcement exceptionnel en soldats.
De sources sécuritaires, un déploiement immédiat des forces spéciales de l’opération Almahaou est en cours, un corps d’au moins 2500 hommes, des soldats bien formés par des partenaires occidentaux et mieux équipés. Toutes les autres forces stationnées dans la région sont également mobilisées. On parle de maillage de la zone.
Prévenir les risques de conflits intercommunautaires
Sur instruction du conseil de sécurité également, un forum sera bientôt organisé à Ouallam. Il regroupera sous l’égide du ministre de l’Intérieur tous les chefs de cantons, de villages et de tribus des deux départements de Banibangou et Ouallam.
L’objectif est de mettre les bouchées doubles pour prévenir les risques de conflits intracommunautaires. Il faut rappeler que plusieurs chefs de villages ont par le passé été tués par les jihadistes. D’autres ont fui leurs villages abandonnant ainsi leurs sujets. Dans ces deux préfectures plusieurs dizaines d’écoles sont fermées, ce qui augmente le taux d’analphabétisme....
Populations civiles : l'inquiétude du HCR
L’agence des Nations unies pour les réfugiés a condamné la double attaque de samedi où au moins 100 personnes sont mortes et 25 autres blessées. Au delà de l’ampleur de cette attaque, le HCR s’inquiète des conséquences de cet épisode, qui a poussé de nombreuses familles à fuir leurs villages. « Le sentiment qui l’emporte, c’est la consternation devant cet acte de barbarie odieux, déclare Jean-Sébastien Josset, chargé en communication du HCR au Niger, joint par Bineta Diagne du service Afrique de RFI. Ce qui nous inquiète le plus dans cette situation c’est que les populations civiles sont prises pour cible et se retrouvent contraintes de fuir... en ce moment nous avons à peu près un millier de personnes qui ont déjà commencé à fuir. »
Des déplacés qui convergent vers des sites déjà dépourvus de moyens.
« La situation des personnes déplacées à l’intérieur du pays continue de s’aggraver, c'est-à-dire que ces personnes se dirigent vers Ouallam où se trouvent déjà des personnes déplacées, c'est-à-dire que nous nous retrouvons avec une situation où nous devons faire face à un nouvel afflux de personnes, en sachant que sur la région de Tillabéri nous sommes déjà avec 88 000 personnes à peu près qui ont été forcées de fuir les localités où elles vivaient. »
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