
Ce dimanche au Cameroun, 6,6 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour élire leur président. Huit candidats étaient en lice dont le chef de l'Etat sortant Paul Biya, 85 ans, dont 36 au pouvoir. Un scrutin qui s'est déroulé dans la calme, sauf dans les deux régions anglophones. Particulièrement dans le Nord-Ouest où les séparatistes ont mis a exécution leurs menaces de perturber la tenue du scrutin. A Bafut, des assaillants non identifiés ont tenté d'incendier un bureau de vote avant d'être repoussés. Beaucoup de gens ne sont pas allés voter. Bamenda, a quant a elle été le théâtre de violences. Selon l'armée, trois séparatistes ont été tués tandis que les populations sont restées cloîtrées chez elles. Ceux qui sont rendus aux urnes étaient des militants politiques les plus convaincus du Nord-Ouest.
C'est une journée de vote qui a commencé sous les tirs, dès 7h heure locale, ce dimanche, soit une heure avant l'ouverture des bureaux. Les coups de feu ont été entendus dans plusieurs quartiers de Bamenda et se sont poursuivis tout à long de la journée.
Gilbert est étudiant. Il a passé son dimanche cloîtré chez son oncle, où il s'est réfugié. « Je ne peux pas voter ici, je suis un déplacé intérieur, je ne suis pas chez moi, la crise m'a contraint a partir. Personne n'est chez lui. De toute façon, comment voulez-vous voter en plein milieu d'un conflit armé, questionne le jeune homme. Les militaires sont là, les séparatistes aussi. Si vous allez voter, vous aurez forcément des ennuis ».
Fon Nsoh, coordonne Cominsud, une ONG locale. Il est également observateur accrédité dans le quartier de Bamenda II. « Je n'ai pas vu une seule personne traverser la route de la journée. Je suis observateur accrédité des scrutins depuis 2004, même avec un badge d'accréditions je ne me sens pas en sûreté pour sortir, témoigne-t-il. Surtout que mon bureau de vote a été fermé. Au départ, il devait être à 300 mètres de mon habitation. Mais il n'y a plus que deux bureaux de vote dans le quartier de Bamenda II. Le bureau dont je dépends désormais est à environ 5 km, sauf que les véhicules ne sont pas autorisés a circuler. »
Le nombre de bureaux de vote divisé par 30
RFI a pu joindre Tenor Lawrence, l'ancien maire de la commune. Lui non plus n'a pas pu aller voter. « La situation était très mauvaise, je n'ai pas pu voter parce qu' il y avait de soldats qui tiraient tout au long de la journée, les "Amba Boys" étaient partout, raconte-t-il. Des maisons ont été brûlées. C'était impossible d'aller voter. Tout le monde avait peur, les rues étaient vides, il n'y avait aucun observateur de partis. Aucun représentant de parti politique n'est allé voter ».
Un défenseur des droits de l'homme de Buea témoigne sous couvert d'anonymat
Selon un document d'Elecam, l'organe chargé d'organiser le scrutin daté du 1er octobre, le nombre de bureaux de vote a été divisé par 30 sur l'ensemble de la région Nord-Ouest. Sur les 306 initialement prévus à Bamenda, 13 auraient ouvert ce dimanche
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