
Dakar, 17 fév (APS) - Guillaume Soro, le Premier ministre d’Alassane Ouattara, a invité jeudi à Dakar les Ivoiriens à se donner les moyens d’une "révolution" devant consister à faire partir Laurent Gbagbo du pouvoir, pour que la Côte d’Ivoire puisse passer au reste de l’Afrique le "signal" de la primauté de la démocratie.
Laurent Gbagbo est sous pression depuis quelques semaines pour qu’il cède le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme le vainqueur de la présidentielle ivoirienne du 28 novembre censée sortir le pays de la crise née de la rébellion armée qui a entraîné en 2002 la partition du pays.
"Le peuple de Côte d’Ivoire doit se donner les moyens de faire partir Gbagbo et comme ça, toute l’Afrique comprendra que les peuples ont changé", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, en présence notamment de son ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine, Gervais Kacou.
"Le peuple de Côte d’ivoire doit faire sa révolution" et "doit prendre son destin en mains (…). Le peuple de Côte d’Ivoire qui a élu Ouattara doit l’installer au pouvoir’’, a dit M. Soro, qui est arrivé mercredi à Dakar en provenance de l’Afrique australe.
"C’est une question de responsabilité. C’est pour l’Afrique que nous le faisons. C’est pour le monde entier. C’est pour rehausser l’image du continent", a ajouté Guillaume Soro qui avait quitté la Côte d’Ivoire le 12 février dernier pour une tournée qui l’a conduit en Afrique australe.
À son arrivée à Dakar, il a été accueilli par son homologue Souleymane Ndéné Ndiaye avec qui il s’est entretenu. M. Soro a été ensuite reçu en audience par le président sénégalais Abdoulaye Wade.
"Le panel (des chefs d’Etat mandatés par l’Union africaine), c’est bien. Mais comme Ggagbo va refuser" la solution que ses membres vont proposer, "il ne faut pas qu’on perde" plus de temps. "Ggagbo est allé trop loin pour reculer. Gbagbo n’acceptera pas ce que le panel va proposer", a-t-il insisté.
Selon lui, l’enjeu de la crise post-électorale ivoirienne ne peut se réduire à un affrontement entre Ggagbo et Ouattara, mais relève d’un choix que l’Afrique doit faire entre les présidences à vie, les royautés ou la démocratie. "Si on veut la démocratie, Gbagbo doit partir du pouvoir".
"Je suis triste et désolé de constater que M. Gbagbo ne cède pas le pouvoir et qu’il ridiculise la Côte d’Ivoire et la sous-région. L’Afrique, notre continent, ne peut pas continuer à donner une image humiliante", a encore déclaré Guillaume Soro.
"Cette élection a été trop transparente pour qu’on ne sache pas qui a gagné", a poursuivi le Premier ministre d’Alassane Ouattara. Il a dit que le powersharing est "la seule chose que les oreilles de Ggabbo sont prêtes à entendre".
Or, "ça c’est un acte antidémocratique qui va retarder l’Afrique, plonger l’Afrique dans la pauvreté et la crise", a-t-il souligné, estimant qu’il ne devrait pas y avoir de "démocratie au rabais pour les Africains".
La Côte d’Ivoire s’est retrouvée avec deux présidents à l’issue du second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010. Le candidat sortant Laurent Gbagbo et son adversaire Alassane Ouattara, dont la victoire est reconnue par la communauté internationale, ont chacun formé leur gouvernement.
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