Le dirigeant rebelle du Soudan du Sud Riek Machar est redevenu, samedi, à Juba, premier vice-président, conformément à un accord de paix conclu en 2018. La composition du gouvernement d'union nationale doit aussi être bientôt annoncée. Ces nouvelles étapes relancent les espoirs de paix dans ce jeune pays ravagé par la guerre depuis six ans.
L'horizon politique du Soudan du Sud semble se dégager, comme le laissait entrevoir un accord entre le président, Salva Kiir, et le chef rebelle Riek Machar. Ce dernier a prêté serment, samedi 22 février, et est redevenu le vice-président du pays devant un parterre de diplomates et de représentants des États voisins, dont le dirigeant du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan.
"Je jure d'être fidèle (...) à la République du Soudan du Sud" a déclaré Riek Machar, qui a donné l'accolade et serré la main de son rival de toujours, le président Salva Kiir. Ensemble, ils vont tenter de gouverner pour la troisième fois depuis l'indépendance du Soudan du Sud, en 2011.
"Je veux vous assurer que, pour le peuple du Soudan du Sud, nous allons travailler ensemble pour mettre fin à sa souffrance", a affirmé le dirigeant rebelle.
Salva Kiir a proclamé "la fin officielle de la guerre", affirmant que la paix était désormais "irréversible", après plus d'un an d'atermoiments autour de questions cruciales.
Un nouveau gouvernement de 35 ministres
Sous pression internationale, les deux hommes se sont mis d'accord pour former un gouvernement d'union nationale, pierre angulaire de l'accord de paix conclu en septembre 2018.
Salva Kiir a dissous vendredi son gouvernement en vue de la formation de ce nouvel exécutif d'union, dont la composition doit être annoncée samedi. "La formation de ce gouvernement nous donne l'espoir d'un nouvel élan vers la fin de la souffrance du peuple et une voie vers une paix durable", a affirmé Riek Machar.
Quatre autres vice-présidents et d'autres groupes de l'opposition feront partie d'un gouvernement qui sera notamment composé de 35 ministres.
Les deux précédentes échéances pour former un gouvernement d'union n'avaient pas été respectées, des désaccords persistant sur la création d'une armée nationale unifiée, le nombre d'États régionaux et les garanties portant sur la sécurité de Riek Machar.
La récente proposition de Salva Kiir de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, plus trois "zones administratives" – Ruweng, Pibor et Abyei –, a contribué à débloquer la situation. Riek Machar a d'abord rejeté cette concession du président, contestant le statut proposé de Ruweng – une région essentielle pour la production de pétrole –, mais sans que cela empêche l'accord sur le gouvernement.
Plus de 380 000 morts en trois ans
Les deux hommes "continueront à résoudre les problèmes" une fois le gouvernement formé, a précisé vendredi Manawa Peter Gatkuoth, l'un des porte-parole de Riek Machar. Un accord de dernière minute sur le nombre d'États a été obtenu, bien que peu de progrès aient été réalisés sur d'autres questions.
Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque Salva Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, son ex-vice-président, membre de l'ethnie nuer, de fomenter un coup d'État.
Le conflit, marqué par des atrocités, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380 000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.
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