
Dadis Camara, ce nom restera à jamais lié au célèbre massacre qui a coûté la vie à plus de 150 personnes et donné lieu à des viols multiples de femmes et autres actes de barbarie sur des individus venus répondre en masse à l’appel de l’opposition guinéenne, qui tenait à dénoncer, lors d'un rassemblement pacifique le 28 septembre 2009, l’immixtion du Capitaine Dadis Camara dans le jeu politique, de même que les conditions d’organisation des consultations électorales prévues au mois de décembre de la même année.
Parler du massacre du 28 septembre en Guinée revient à remuer le couteau dans une plaie encore ouverte et qui tarde à cicatriser. À l'issue de sa mission de recherche de dix jours effectuée en Guinée, Human Rights Watch avait constaté que les forces armées avaient tenté de « dissimuler les preuves de ces crimes en retirant des corps du stade et des morgues de Conakry, pour les enterrer dans des fosses communes. »
Selon des témoignages recueillis par Amnesty International, les forces de sécurité avaient pourchassé et commencé à frapper certains d'entre eux avec des matraques : « Nous nous sommes enfuis et l'un d'entre nous est tombé par terre. Un membre des forces de sécurité s'est penché sur lui et l'a poignardé à mort », relate un témoin. « Les forces de sécurité avaient pénétré dans les concessions privées et avaient pillé des maisons », renchérit un autre témoin de ces crimes qui portent l’empreinte de Moussa Dadis Camara, à la tête du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) composé d'officiers militaires. Camara s’était emparé du pouvoir, quelques heures seulement après le décès le 22 décembre 2008 de Lansana Conté, le président de Guinée.
Le 28 septembre 2009, c'est aussi un massacre aux relents ethniques, étant donné que la grande majorité des victimes étaient musulmanes et membres de l'ethnie peule, selon Human Rights Watch toujours. Des meurtres et viols qui portent la marque « Bérets rouges », ces unités d'élite de la Garde présidentielle. Le bilan, très lourd, s’élevait à 150 personnes massacrées, des femmes brutalisées et violées, balles, baïonnettes et couteaux à l’appui.
A en croire de nombreux observateurs, cette répression inédite n’en était pas moins « une tentative préméditée de museler l'opposition », avait constaté en son temps Georgette Gagnon, directrice de la division Afrique à Human Rights Watch, avant d’indiquer que « les forces de sécurité ont encerclé et bloqué le stade, puis ont fait irruption à l'intérieur avant de commencer à tirer froidement sur les manifestants jusqu'à ce qu'ils n'aient plus de balles (…) Ils ont commis des actes atroces, des viols collectifs et des meurtres de femmes, sous les yeux de leurs commandants. Ce n'était pas un accident », précisait-elle au sujet de ce qui est considéré par beaucoup comme un crime contre l’humanité, un massacre qui plus que jamais interpelle la Guinée et ses autorités. Trois ans après, la Guinée et l’Afrique se souviennent, les auteurs courent toujours.
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