Pourquoi ne pas concentrer votre projet « Un concert, une école » sur la Côte d’Ivoire afin de doter les différentes régions d’une école, avant de viser les autres pays ?
Mon projet est humanitaire, panafricain, voire mondial. Je ne vais pas me substituer à l’Etat ivoirien qui doit construire des écoles dans toutes les régions, dans tous les villages. A travers ce concept, ce n’est pas la construction physique de l’école que je vise, mais plutôt à faire passer le message de l’importance de l’école dans le développement. Il faut que la jeunesse, en me voyant passer ce message se dise que l’école est importante. Si tu vois Tiken Jah construire des écoles, cela veut dire que c’est important.
Je souhaite donc faire passer le message de l’importance de l’éducation dans toute l’Afrique, parce que je suis conscient qu’aucun pays africain ne pourra se développer tout seul. C’est quand les 90% des Africains sauront lire et écrire que l’Afrique va changer de visage. Donc je ne construirai seulement qu’en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, l’école que j’ai construite dans le Nord, n’a pas été réalisée dans mon village. A Gbéléban, il y a deux écoles primaires. Or, à Toloni où j’ai fait construire l’école, il n’y en avait pas. Les enfants de ce village étaient scolarisés à 15 kilomètres de là. C’est pour cela que je n’ai pas choisi mon village, surtout que je n’aime pas les choses sectaires. C’est aussi cela qui nous a mis en retard. Je préfère que les fils de Côte d’Ivoire fassent des projets pour tout le pays. Cela renforce l’unité.
Vous annoncez pour janvier 2012, un festival de reggae annuel à Abidjan. N’est-ce pas un festival de trop?
Non, ce n’est pas un festival de trop. Nous sommes toujours cités comme la troisième capitale du reggae au monde après la Jamaïque et Londres. Il est important qu’il y ait un gros festival en Côte d’Ivoire. C’est vrai, il y a le festival d’A’Salfo de Magic System (Femua), celui d’Alpha Blondy (Festa). Moi j’ai envie de faire un festival où il ne passera que des artistes reggae, pour confirmer la place de la Côte d’Ivoire dans ce genre musical. Je pense même qu’il n’y a pas assez de festivals en Côte d’Ivoire.
Que pensez-vous du processus de réconciliation que conduit l’ancien Premier ministre Banny?
Je pense que la réconciliation est aujourd’hui indispensable. Nous y avons intérêt car là se trouve notre bonheur. Le choix de Charles Konan Banny est une bonne chose. Il a des compétences. Je souhaite simplement que cette équipe qui a été constituée pour réconcilier soit proche des Ivoiriens. J’ai été heureux du choix de Didier Drogba car j’ai été le premier à proposer sa désignation dans l’équipe. Il faut qu’on y mette de la bonne volonté. Il faut que cette commission aille vers les Ivoiriens pour leur parler. Qu’elle aille dans les villes, les villages, les hameaux. Qu’elle ne reste pas dans les maisons climatisées.
Les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo demandent sa libération inconditionnelle comme préalable à la réconciliation. Qu’en pensez-vous ?
Je voudrais leur dire que cela va être difficile. Cela voudrait dire qu’en Côte d’Ivoire, on cautionne l’impunité. Quelqu’un peut-il se lever pour un poste et tuer des gens? Laurent Gbagbo aurait été raisonnable qu’il serait l’un des hommes les plus respectés aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Poser comme condition préalable la libération de Laurent Gbagbo, c’est nous faire retourner dans une République bananière. Une République dans laquelle le chef peut se permettre de faire n’importe quoi. On a vu qu’après 10 ans, quand on analyse son bilan, les Ivoiriens en tant que peuple civilisé n’avait aucune raison de reconduire Laurent Gbagbo. Même ceux qui marchent aujourd’hui à Paris (Ndlr : les partisans de Laurent Gbagbo) quand je les vois, ils me font pitié.
D’aucuns estiment par ailleurs qu’il faudrait aussi sanctionner ceux de l’autre camp qui ont pris les armes contre Laurent Gbagbo.
Il faut que les gens comprennent que de 2002 à 2007 effectivement, il y a eu des excès des deux côtés. Nous nous sommes réconciliés en 2007, ce qui a amené le Premier ministre Soro Guillaume a dirigé un gouvernement, à célébrer la paix à Bouaké. A partir du moment où on s’est réconcilié en 2007 et qu’un gouvernement de réconciliation a été mis en place, cela voudrait dire que les Ivoiriens ont décidé de pardonner tout ce qui s’est passé jusqu’en 2007, ils ont décidé d’aller vers la paix. Donc, 2007 était considéré comme un nouveau départ vers des élections libres et transparentes.
Avez-vous eu l’occasion de rencontrer Laurent Gbagbo et lui dire que vous n’appréciez pas la voie qu’il empruntait dans sa gouvernance ?
J’ai eu deux occasions de rencontrer Laurent Gbagbo. Quand je suis revenu en 2007, j’avais décidé de rencontrer tous les leaders. J’ai fait des démarches. Je suis allé à Daoukro rencontrer le président Bédié. J’ai rencontré le premier ministre Guillaume Soro et le président actuel Alassane Ouattara. J’attendais qu’on me donne l’occasion de voir Laurent Gbagbo. J’ai eu le contact de Dogbo Blé. Je l’ai contacté pour lui dire que, dans le cadre de la réconciliation, je souhaitais rencontrer le président Gbagbo.
Pour quelles raisons n’avez-vous pas pu rencontrer le général Guéï ?
A l’époque, j’aurais pu parce que j’avais des amis autour de lui. Mais j’étais à une période où je ne me sentais pas capable d’aller parler à un président. C’est pour rattraper cela que je suis allé en Guinée rencontrer Dadis Camara dès qu’il y a eu le coup d’Etat. Cela a suscité des réactions diverses. Mais il était important pour moi d’aller dire à Dadis Camara que j’avais adressé un message à Guéï à travers la musique et il ne m’a pas écouté. Quand je l’ai vu, je lui ai dit que la jeunesse africaine souhaite qu’il organise des élections pour que des civils viennent au pouvoir. Je lui ai dit qu’il avait deux exemples : ceux de Guéï Robert et d’Amadou Toumani Touré. Ce dernier est parti et le peuple l’a rappelé. Dadis ne m’a pas écouté et vous savez la suite. S’il m’avait écouté, il serait aujourd’hui en Guinée, tranquille, avec sa famille.
Alassane Ouattara est aujourd’hui le président de Côte d’Ivoire. Avez-vous un message à lui adresser en particulier ?
Je suis allé rencontrer le président Ouattara, il y a quelques semaines pour lui dire que je le reconnais comme le seul président et que je suis disponible pour la réconciliation. J’avais même été le premier à proposer une caravane d’artistes pour la réconciliation. Aujourd’hui, ce que je peux lui dire, c’est de continuer à suivre les actes de ses collaborateurs sur le terrain. J’ai eu des échos de l’hôpital d’Odienné. Depuis qu’on a dit que les médicaments sont gratuits, le personnel médical n’est plus motivé. Les échos que j’ai eus, c’est que depuis une vingtaine de jours, il y a eu une dizaine de bébés, d’enfants décédés à cause de cette démotivation. Des femmes d’Odienné m’ont appelé pour m’informer de cette situation. ADO a hérité d’un peuple qui a été réduit à la mendicité, un peuple qui a oublié le drapeau. Donc, il peut donner des ordres mais doit veiller à leur suivi par des visites-surprises sur le terrain, dans les hôpitaux, les services.
On accuse souvent l’entourage des présidents d’être à l’origine de leur chute. Qu’en pensez-vous ?
C’est vrai. Je vous ai parlé du cas de Dogbo Blé. Peut-être même qu’il n’a pas fait le message. En tout cas, je n’ai pas eu de retour. Il faut que le président Ouattara ait des gens anonymes, discrets qui sont à l’écoute des populations et qui lui font remonter les vraies attentes du peuple. Ceux qui sont autour du président ne lui font pas souvent remonter les messages. Ils se disent peut-être que ça n’en vaut pas la peine. L’entourage a donc une responsabilité. Ils s’estiment privilégiés car tout le monde n’a pas accès au chef de l’Etat.
18 Commentaires
Lagaffe
En Septembre, 2011 (14:21 PM)Mbourou Campe
En Septembre, 2011 (14:24 PM)Opa
En Septembre, 2011 (14:28 PM)Lagaffe
En Septembre, 2011 (14:34 PM)Mais sawaay, tu peuvais dire tes conneries sans me traiter de connard khanaa nak
Bobo
En Septembre, 2011 (14:35 PM)Remarque
En Septembre, 2011 (14:39 PM)Pata
En Septembre, 2011 (14:42 PM)Hhbn,kikm:!lk;
En Septembre, 2011 (14:42 PM)Saint Pierre
En Septembre, 2011 (14:47 PM)Khalilou306
En Septembre, 2011 (14:47 PM)Passager
En Septembre, 2011 (14:49 PM)Et apres la défaite de Wade en 2012,wade,karim , et compagnie subiront le meme sort!!ils ont fait souffert le peuple donc ils auront des comptes a rendre....
Qsze
En Septembre, 2011 (14:59 PM)Guy
En Septembre, 2011 (15:10 PM)Idy
En Septembre, 2011 (15:30 PM)Si on doit jugez GBAGBO on doit aussi jugez Wattara aussi simple que ca.
Dembel
En Septembre, 2011 (16:00 PM)Mais les choses etant ce qu' elles sont aujourd' hui, il faut bien juger Gbagbo et Simone comme tous ceux qui sont arretes et dans le respect des lois. Gbagbo, ancien president devant une haute Cour de Justice et Simone, depute , apres la levee de son immunite parlementaire.
Pou ce qui du bilan negatif que Tiken Jah a dresse de la gestion de Gbagbo, un tout a fait different et largement positif en a ete fait par Mamadou Koulibaly, President de l' Assemblee Nationale qui n' a jamais ete tendre avec Gbagbo lors d' une interview donnee le 28 juin dernier a Telediaspora.
En voici d' ailleurs quelques extarits ( a suivre ):
Big Joe
En Septembre, 2011 (16:33 PM)Kesako
En Septembre, 2011 (17:23 PM)Quand j'entends ces gens , faire l'analyse lucide, intelligente de la situation de chacun de leurs pays, sans parti pris comme le font les apprentis politiciens, sans complaisance, sans animosité, on sent qu'ils aiment véritablement leur pays, l'Afrique: en un mot, ils sont sains, ils sont bons, c'est peut pourquoi chantent ils pour transmettre leur amour des autres!
En tout cas et personnellement, cela me rassure, pour nos pays et l'Afrique: il n ya pas que la politique et meme en politique on ne peut rien faire pour les autres si on n'aime pas d'abord les autres!!!
En bas les politiciens pourris, les apprentis corciers et les médiocres (je hais la médiocrité)!
Dieu bénisse l'Afrique !
Bah
En Septembre, 2011 (06:52 AM)Participer à la Discussion