Dans un contexte de bouleversement politique et social, Boubacar Bocoum, politologue malien, offre une analyse percutante sur la transition actuelle au Mali. Son propos va au-delà des frontières nationales, touchant à des enjeux fondamentaux qui concernent l'ensemble du continent africain. Selon lui, l'Afrique vit depuis les années 1960 une illusion d'autonomie, marquée par des échecs dans le développement économique, social et culturel.
Bocoum évoque le printemps arabe comme un événement clé qui a galvanisé les aspirations de changement à travers le continent. Ce mouvement, selon lui, a servi de catalyseur pour les révolutions africaines, posant la question de l'authenticité des régimes démocratiques. Il voit la transition malienne comme une partie intégrante d'un mouvement plus large où la mobilisation des civils et des militaires se conjugue pour établir un nouvel espoir démocratique. Plutôt que de s'alarmer face à une supposée militarisation de la politique, il appelle à une approche stratégique où l'armée pourrait jouer un rôle stabilisateur dans un pays fragmenté par plus de 300 partis politiques, chacun poursuivant ses propres intérêts.
Dans un paysage politique aussi morcelé, il souligne l'importance d'un cadre de réflexion stratégique pour rétablir la cohésion et fait valoir que l'armée, en tant qu'institution, peut jouer un rôle de ciment social, permettant à différents acteurs de s'unir autour d'une vision partagée. La nécessité d'une gouvernance inclusive est cruciale pour surmonter les divisions et construire un avenir prometteur.
Pour Aboubacar Bocoum, la transition militaire actuelle représente une occasion unique de revendiquer une véritable souveraineté, à la fois foncière et économique. Il critique ouvertement la domination des multinationales sur les ressources africaines, plaidant pour une réappropriation des richesses du continent. Ce processus de souveraineté, selon lui, doit être accompagné d'un modèle de développement intégratif, prenant en compte tous les secteurs économiques, afin de garantir un cadre stable pour la sécurité et la justice.
« Il faut souligner l'urgence de créer des structures qui favorisent un développement durable » nous dit-il. Il met en lumière l'importance d'une approche coordonnée qui évite les écueils du passé, où certaines initiatives économiques privilégiaient les intérêts d'un petit nombre au détriment de la majorité. En établissant des jalons clairs pour un développement inclusif, le Mali pourrait tirer parti de ses ressources de manière optimale.
Le politologue reconnaît que la société civile malienne est encore en phase de maturation. Le manque de coordination et d'organisation au sein de cette société est un frein à l'avancement de la bonne gouvernance. Néanmoins, Bocoum reste optimiste quant à l'avenir, et exhorte les citoyens à s'organiser pour surveiller et influencer leurs dirigeants, soulignant l'importance d'une vigilance citoyenne active et informée.
Quant à l'armée malienne, souvent perçue comme un outil de répression, a récemment connu une transformation significative. Aujourd'hui, elle est perçue comme le garant de la sécurité nationale, capable de mobiliser des ressources pour faire face aux menaces tant internes qu'externes. Cela représente une évolution essentielle dans un contexte où le Mali doit se défendre contre divers dangers, y compris le terrorisme et les conflits intercommunautaires.
Bien que Bocoum admette que la transition actuelle soit loin d'être exempte de défis, il met en avant la nécessité d'une bonne gouvernance et d'une distribution équitable des ressources. Processus qui implique la création d'opportunités d'emploi pour les jeunes et les femmes, ainsi que l'établissement d'un système judiciaire transparent et efficace.
Tout en insistant sur le fait que la bonne gouvernance doit être le fondement de toute transition réussie, Bocoum marque la nécessité d’une redistribution juste des ressources et un accès équitable à l'emploi. En établissant des institutions solides et transparentes, le Mali peut espérer construire un avenir prospère où chaque citoyen a la possibilité de contribuer à la société.
Boubacar Bocoum appelle à une prise de conscience collective au sein de la classe politique malienne. Il suggère que ceux qui ont occupé des postes de responsabilité avant l'ère militaire doivent faire un mea culpa pour leurs erreurs de gestion. Selon lui, si cette classe politique avait su mieux gérer le pays, les militaires ne seraient peut-être pas en position de pouvoir aujourd'hui.
Le message de Bocoum est clair : la transition actuelle doit être perçue comme une opportunité de réinventer le Mali et, par extension, l'Afrique. Avec un engagement collectif et une vision claire, il est possible de bâtir des modèles de gouvernance qui inspireront les générations futures. Chaque étape franchie, aussi difficile soit-elle, rapproche le continent de son rêve d'un avenir prospère et stable. En s'engageant dans ce processus de transformation, l'Afrique peut non seulement surmonter ses défis actuels, mais également construire un avenir où la dignité, la justice et l'autonomie seront enfin à portée de main.
6 Commentaires
Abou
En Octobre, 2024 (10:25 AM)Ali
En Octobre, 2024 (12:58 PM)En afrique, il n' y a pas encore de politologues mais plutot des griots du moment.
Ali
En Octobre, 2024 (12:58 PM)En afrique, il n' y a pas encore de politologues mais plutot des griots du moment.
Toubab Français
En Octobre, 2024 (15:34 PM)Dictature avec un homme qui se proclame général des armées et les parties politiques obligés de se taire...
MENTEUR...!!
Fofana Mamadou
En Octobre, 2024 (08:09 AM)VIVE NOS 5 GENERAUX ET VIVE L'AES
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