Le continent africain gagnerait à faire enregistrer ses terres pour améliorer sa production agricole, préconise un rapport de la Banque mondiale. Plus de 90 % des terres rurales agricoles du continent ne sont pas enregistrés. Ce qui facilite l’accaparement des terres et l’expropriation sans dédommagement consistant.
D’après un nouveau rapport de la Banque mondiale intitulé « Securing Africa’s land for shared prosperity » (Sécuriser les terres d’Afrique pour une prospérité partagée), publié hierplus de 90 % des terres rurales agricoles du continent ne sont pas enregistrés. L’Afrique, continent qui a le taux de pauvreté le plus élevé au monde, avec 47,5 % de la population vivant avec moins de 1,25 dollars par jour, gagnerait beaucoup en modernisant, au cours de la décennie, les procédures qui régissent le droit foncier et la gestion de ses terres, recommande le rapport.?Une modernisation des procédures du foncier contribuerait à révolutionner la production agricole, mettre fin à l’accaparement des terres, améliorer les perspectives de développement et venir à bout de l’extrême pauvreté sur le continent, estime le rapport. Des expériences pilotes ont été menées avec succès dans des pays comme le Ghana, le Malawi, le Mozambique, la Tanzanie et l’Ouganda. L’Afrique subsaharienne abrite près de la moitié de toutes les terres utilisables non cultivées du monde, ajoute le rapport. Mais ce potentiel n’est pas exploité, le continent n’étant pas parvenu à développer les 202 millions d’hectares de terres disponibles pour mieux lutter contre la pauvreté, générer de la croissance, créer des emplois et promouvoir une prospérité partagée. Le fait de ne pas enregistrer les terres facilite des phénomènes tels que l’accaparement des terres et l’expropriation sans dédommagement substantiel. « Avec seulement 10% des terres rurales enregistrés en Afrique, l’absence de gouvernance foncière fait que le transfert de propriété prend deux fois plus de temps et coûte deux fois plus cher par rapport aux pays industrialisés. De plus, la faible gouvernance est la cause principale de corruption dans le secteur foncier », lit-on dans un communiqué relatif au rapport. Selon Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, « les pays africains, dans leur vaste majorité, utilisent les systèmes d’administration foncière qu’ils ont hérité à l’indépendance, ainsi que des techniques d’arpentage et de cartographie qui sont désuètes. Il n’est guère surprenant que 10 % seulement des terres rurales en Afrique soient enregistrés. Les 90 % restants sont sans titre et sont administrés de manière informelle, et peuvent ainsi faire l’objet d’accaparement, d’expropriation sans compensation équitable et de corruption. Une fois de plus, ces conséquences pèsent le plus sur les agricultrices qui nourrissent souvent leur famille ».
Révolutionner la production agricole
Le rapport de la Banque mondiale propose aux pays africains un plan d’action en dix points pour améliorer la gouvernance foncière. D’abord, il invite à encourager les réformes et les investissements visant à améliorer le titrage et l’enregistrement des terres communales et individuelles. Le plan d’action appelle à régulariser les droits fonciers des personnes qui squattent des terrains publics, en Afrique les bidonvilles abritent 60 % des citadins du continent. Il faut aussi améliorer la gouvernance foncière et mettre fin à la corruption endémique dans la gestion des terres. Le rapport préconise de mobiliser la volonté politique des gouvernements africains pour réformer le système foncier et encourager les partenaires au développement à soutenir les réformes sur le plan financier et politique.
Ce ne sont pas les conditions favorables à la rupture qui manquent. Car, avec la flambée des prix des denrées de base et l’augmentation des investissements directs étrangers, il est devenu bénéfique d’investir dans la gouvernance foncière, qui est source de meilleurs rendements agricoles, de meilleur accès aux marchés et à des prix plus avantageux. Le rapport préconise aux pays africains qui les reconnaissent, de renforcer les droits des femmes à la propriété foncière. Les Tic comme les satellites peuvent être mis à profit pour réduire fortement le coût d’administration des terres. Beaucoup de pays africains recourent à ces technologies pour réduire les frais de cartographie et de topographie mais aussi pour informatiser leurs cadastres et réduire, en conséquence, la corruption et alléger les procédures administratives.
1 Commentaires
Africain221
En Juillet, 2013 (20:20 PM)Participer à la Discussion