Chronique
[Audio] Années siamoises ? (Par Mamadou Ibra Kane)
2020 s’en va. Bon débarras ! Une année certes mauvaise et macabre, mais vaincue grâce à notre capacité de résilience. Seulement, nous ignorions que l’année 2020 pouvait renaître de ses cendres. Tel le phénix. Et bonjour le scénario catastrophe : 2021 s’énonce comme un prolongement de 2020. On dirait des années jumelles. Pire, comme deux sœurs siamoises. Cas positifs, réanimation, décès… Le vocabulaire, le mot et le mal n’ont pas changé.
L’humanité ne peut pas continuer à vivre avec des barrières. Donc seul un vaccin, en toute vraisemblance, nous sauvera. En attendant, il nous faut mener le combat de survie. Et un tel combat requiert de tous et de chacun à la fois courage et responsabilité. Au Sénégal, le Gouvernement a été obligé d’instaurer depuis mercredi un nouvel état d’urgence assorti de couvre-feu. Des jeunes ont choisi d’enflammer certains quartiers de Dakar. Pour compréhensible que soit leur déception de se voir priver de leur liberté de mouvement, les scènes de violence nocturnes auxquelles ils se sont livrés ne sont pas à encourager. La jeunesse n’est pas un prétexte encore une excuse pour tout se permettre, surtout si le contexte ne s’y prête guère. Etre jeune ne saurait être une fin mais un moyen pour justement faire face à la pandémie qui a déjà beaucoup tué et qui continue de tuer.
Aujourd’hui, on se plaint d’un couvre-feu imposé à 21h. Oublie-t-on que par nos actes, on pourrait être contraint, demain, d’être enfermés dans nos maisons dès 18h. Cela est déjà arrivé dans un pays voisin sans que personne n’ait trouvé à redire. Ne parlons pas des pays où le confinement ou le re-confinement est total. L’entêtement suicidaire des êtres humains est légendaire. Même face à la maladie ou à la mort nous adoptons souvent un comportement paradoxal. Hypothèse : 100 patients qui consultent un médecin et qui se font prescrire chacun une ordonnance. Question : quel est le pourcentage de malades qui va acheter l’ordonnance ? Quel est le nombre de personnes affectées qui respecte la posologie ? Parions qu’un pourcentage élevé n’observera pas les prescriptions du médecin. Que tout le monde se ressaisisse. Un grand chantier en vue pour les socio-anthropologues, les travailleurs sociaux et les autres acteurs communautaires : chefs religieux et coutumiers, artistes, ONG et bien sûr les médias.
Pour sa part, le Gouvernement a la responsabilité de ne pas précariser davantage l’économie réelle. Il existe toute une économie de nuit nourrissant son homme qu’il faut intégrer. En plus, ne dit-on pas que la nuit tous les chats sont gris ! Cette même nuit porte conseil… L’économie du jour n’est pas mieux lotie. Contrairement à l’état d’urgence et au couvre-feu décrétés en 2020, il faut observer que cette fois-ci, en plus d’être brusque, la décision n’est pas encore assortie de mesures d’accompagnement tant au plan économique que social. Comment vivre quand vous n’avez plus de revenus ? Les denrées de première nécessité, l’eau, l’électricité et les autres commodités de vie sont autant de charges que supportent difficilement les ménages et les entreprises.
Faire face par tous les moyens à la maladie sans perdre de vue que l’économie et le social sont un enjeu vital. Une éventuelle seconde vague serait insupportable pour l’économie du pays, avait prévenu le Président Macky Sall. Nous y sommes ! Et nous voilà donc replongés dans l’incertitude alors même que nous pensions pouvoir désormais mobiliser toutes les ressources et toutes les forces pour relancer une économie déjà mal en point. Le PAP2 Ajusté et Accéléré est censé nous y conduire, d’ici 2023. Mais, le PAP2A avait-il prévu une deuxième vague de la pandémie ?
L’heure est grave. Mais pas que… Elle est préoccupante !
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