
« Le bien mal acquis ne profite jamais », dit la vieille maxime. Quand on profite de la faiblesse des uns et des autres, on fait de l’usure, et, l’usure, est un bien mal acquis. « Il faut protéger l’industrie locale », a-t-on souvent l’habitude d’entendre des victimes de la concurrence internationale.
Les producteurs de l’oignon local ont fait sienne cette chanson pour mieux happer les consommateurs. C’est de l’arnaque ; rien de plus. Quelles chansons n’ont-ils pas chantées sur tous les toits pour prier les autorités étatiques de suspendre l’importation de l’oignon hollandais ? Aujourd’hui qu’ils ont obtenu satisfaction, voilà qu’ils imposent leurs lois à tous les consommateurs. Je dis que cela relève de la malhonnêteté. C’est de l’abus de confiance. Qu’on me désigne du doigt, un pays africain que le monopole a développé.
Vous allez longtemps remuer les méninges mais vous n’en trouverez pas. Cette philosophie de ne pouvoir choisir, c’est choisir, c'est une folie entretenue par l’Etat. Sur les étals d’un marché, le client doit pouvoir opter selon sa bourse. Dès que cela est impossible, on retourne à l’état de la caverne où on est conscient que la lumière existe mais à défaut, on se contente de l’obscurité.
Le sucre est cher parce qu’il est monopolisé. L’oignon local, qui coûtait moins de deux cents francs (200), est vendu dans certaines localités entre quatre cent cinquante (450) et cinq cents francs (500). Oui, parce que le commerce est maintenant, l’art de tromper le consommateur et l’Etat. Je suis sûr au même niveau que le ministre, Alioune Sarr du Commerce, que des producteurs et des commerçants détiennent par devers eux plusieurs tonnes d’oignons. Ils attendent la veille de la Korité pour faire de l’usure. De l’usure, je dis bien car les cinquante (50) kg, qui leur ont coûté moins de dix mille francs (10.000) seront finalement revendus entre dix sept mille (17.000) et vingt mille (20.000) francs.
Si les stocks étaient dans des chambres froides, on pourrait imaginer que les dépenses sont énormes. Mais les sacs d’oignons sont dans des magasins de fortune ou même à l’air libre. Mieux, des experts ont montré que l’investissement, sur un kilogramme d’oignon, ne coûte pas plus de quatre vingt francs (80) au producteur. Alors au nom de quel diable le prix de l’oignon accéderait à cinq cents francs (500) ? Tant qu’on caressera le Sénégalais dans le sens du poil, on entretiendra des bourreaux et des parasites. Et le parasite, par définition, vit toujours de l’autre ou sur l’autre. Malheureusement on en a tellement fabriqués dans ce pays, qu’il est quasi impossible de corriger les comportements. Mais il faut être ferme. Je ne vois aucune raison qui doit amener l’Etat à suspendre l’importation de l’oignon.
La concurrence active le développement. Ceux, qui ont vécu le monopole de l’Alizé (cellulaire), ne me démentiront pas. Ceux, qui ont vécu le monopole de la Rts, non plus. Laissez les échanges libres! Et si jamais les poissonneries et les industries chimiques occidentales et asiatiques demandaient au Sénégal d’arrêter ses exportations en attendant qu’elles consomment leurs ressources propres ? Et si les Chinois et Les Indiens boudaient l’arachide et le fer sénégalais ? Qu’on se le tienne pour dit : l’égoïsme est l’ennemi premier de toute économie ; du moins, dans ce contexte.
Paul Faye
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