
Triste sort que celui d’Abdoulaye Wade. Ses cadres s’entredéchirent, son directeur de campagne est contesté, le coordonnateur national de son parti ne se fait plus entendre. L’absence de vision d’un avenir clair et le manque de leadership laisse ses hommes à l’abandon. Les plus optimistes gardent l’espoir que ces querelles seront oubliées, ces affronts lavés, que toutes les troupes se rangeront en colonnes disciplinées quand le vieux général se mettra enfin en route. Mais là gît le problème. Il n’a pas entraîné ses lieutenants zélés à réfléchir mais à obéir. C’est tout le drame des « cadres » du Pds, confrontés à leur propre destinée, obligés de marcher sans sentir l’ombre tutélaire de leur combattant. Le commander-in-chef virevoltant n’arrive pas encore à enclencher la niaque qui le faisait mouvoir, l’ambition qui le faisait vouloir.
Abdoulaye Wade est fatigué de toutes ces années de combat, de ces manœuvres inlassables qui ne lui ont attiré que de la colère dans son pays et de la haine en dehors. Ses voisins le détestent rageusement et ne font aucun effort pour le cacher. A peine remis des accusations de coup d’Etat en Gambie et d’ingérence en Côte d’Ivoire, il est de nouveau publiquement accusé par Alpha Condé d’avoir voulu le faire assassiner. Fantasque accusation peut-être, mais assez gênante pour un homme qui avait ouvertement affiché ses préférences pour le perdant Cellou Dalein Diallo. Et pour ne rien arranger, la campagne internationale menée contre sa candidature et les nombreux scandales contés par les chancelleries occidentales l’éloignent de son ambition pré-hume, le prix Nobel de la paix. Tout le monde se méfie de cet homme qui a osé affirmer qu’il a un passé de franc-maçon, qu’il n’y avait aucun mal à se dédire, oubliant les piliers moraux qui maintiennent debout ce peuple complexe. Depuis, les religieux qui l’adulaient invoquent Satan à sa vue. La fenêtre qu’il a voulu s’offrir en rendant visite au khalife de Serigne Saliou Mbacké, lui-même trahi à titre posthume, a été un fiasco total. Ses troupes folkloriques ont été éconduites et les liasses de billets qu’il avait préparées pour corrompre lui ont été retournées. La suprême humiliation a sans doute été l’obligation faite à son fils Karim de faire ses ablutions avant de s’approcher du khalife général des mourides, le même fils qu’il voyait aux commandes de ce pays.
S’il se remettait de toutes ces humiliations, il resterait à ce président cette question angoissante : quoi faire ? Trop d’obstacles se dressent devant lui. Il ne peut moralement pas demander aux Sages du Conseil constitutionnel de donner un avis contraire à celui qu’il avait lui-même émis, en annonçant publiquement qu’il ne pouvait pas se présenter une troisième fois. S’il décide de se dédire, il met les Sages dans l’embarras, car ils ne pourront pas donner un avis favorable sans se voir accuser de parti-pris. Leur accord pourrait même mobiliser le pays entier contre Abdoulaye Wade et sa famille. Au-delà de la question juridique, il y a une question morale donc que pose sa candidature : comment un homme de son rang, parvenu à cet âge assimilable à la sagesse, peut-il s’engager publiquement et renoncer à son engagement avec autant de légèreté ?
Si le président de la République décide malgré tout de se présenter, la victoire est loin de lui être garantie, puisqu’aucun sondage ne lui donne plus du quart des suffrages. Les Guides religieux qui le soutenaient jusqu’ici lui font défaut et sont les premiers à lui demander de partir. S’il veut traficoter les résultats de l’élection pour se maintenir au pouvoir, il devra faire face à la réaction de la rue, qui manifeste de plus en plus des signes d’exaspération. Faut-il se dédire, braver l’opinion internationale pour un résultat aussi incertain, avec l’épouvantable possibilité de ne même pas jouir de ce mandat tant recherché ?
Dilemme cornélien et tragédie homérienne pour un homme qui ne s’était pas préparé à exercer un jour le pouvoir et qui, une fois au pouvoir, ne s’est pas préparé à le quitter un jour. Son esprit ballote d’une extrémité à une autre sans jamais trouver le juste milieu. Dieu l’a fait pour la politique et il ne s’est jamais imaginé sans. Même ses plus zélés partisans le disent « fini » et se font entendre à haute et intelligible voix. De sorte que si vous enlevez le prestige lié à la fonction qu’il occupe ainsi que les honneurs dus à son rang, Abdoulaye Wade est un homme seul et un homme malheureux. Si le Conseil constitutionnel invalidait sa candidature, il lui rendrait un grand service et rendrait un grand service à ce pays, devenu l’otage d’une caste de pétomanes zélés prêts à tout pour se maintenir au pouvoir. C’est un appel de détresse que le chef de l’Etat lance à ses visiteurs les plus intimes en leur disant « je suis fatigué, je veux partir, mais c’est mon entourage qui ne veut pas, parce qu’il n’est pas prêt ».
Il s’est toute sa vie investi pour s’entourer de ressources humaines de qualité, secondé par de brillants jeunes au parcours enviable, des universitaires, des avocats et le voilà à la fin de ses jours entouré de cette courtisanerie médiocre et de ces affairistes cupides. Ce sont tous ces hommes sans avenir qui le forcent à se présenter ou alors, s’il n’en a pas la force, de reporter la présidentielle d’au moins deux ans. Ils sont soutenus par la famille du président de la République, pour qui en dehors du palais présidentiel règne le chaos.
SJD
Abdoulaye Wade est fatigué de toutes ces années de combat, de ces manœuvres inlassables qui ne lui ont attiré que de la colère dans son pays et de la haine en dehors. Ses voisins le détestent rageusement et ne font aucun effort pour le cacher. A peine remis des accusations de coup d’Etat en Gambie et d’ingérence en Côte d’Ivoire, il est de nouveau publiquement accusé par Alpha Condé d’avoir voulu le faire assassiner. Fantasque accusation peut-être, mais assez gênante pour un homme qui avait ouvertement affiché ses préférences pour le perdant Cellou Dalein Diallo. Et pour ne rien arranger, la campagne internationale menée contre sa candidature et les nombreux scandales contés par les chancelleries occidentales l’éloignent de son ambition pré-hume, le prix Nobel de la paix. Tout le monde se méfie de cet homme qui a osé affirmer qu’il a un passé de franc-maçon, qu’il n’y avait aucun mal à se dédire, oubliant les piliers moraux qui maintiennent debout ce peuple complexe. Depuis, les religieux qui l’adulaient invoquent Satan à sa vue. La fenêtre qu’il a voulu s’offrir en rendant visite au khalife de Serigne Saliou Mbacké, lui-même trahi à titre posthume, a été un fiasco total. Ses troupes folkloriques ont été éconduites et les liasses de billets qu’il avait préparées pour corrompre lui ont été retournées. La suprême humiliation a sans doute été l’obligation faite à son fils Karim de faire ses ablutions avant de s’approcher du khalife général des mourides, le même fils qu’il voyait aux commandes de ce pays.
S’il se remettait de toutes ces humiliations, il resterait à ce président cette question angoissante : quoi faire ? Trop d’obstacles se dressent devant lui. Il ne peut moralement pas demander aux Sages du Conseil constitutionnel de donner un avis contraire à celui qu’il avait lui-même émis, en annonçant publiquement qu’il ne pouvait pas se présenter une troisième fois. S’il décide de se dédire, il met les Sages dans l’embarras, car ils ne pourront pas donner un avis favorable sans se voir accuser de parti-pris. Leur accord pourrait même mobiliser le pays entier contre Abdoulaye Wade et sa famille. Au-delà de la question juridique, il y a une question morale donc que pose sa candidature : comment un homme de son rang, parvenu à cet âge assimilable à la sagesse, peut-il s’engager publiquement et renoncer à son engagement avec autant de légèreté ?
Si le président de la République décide malgré tout de se présenter, la victoire est loin de lui être garantie, puisqu’aucun sondage ne lui donne plus du quart des suffrages. Les Guides religieux qui le soutenaient jusqu’ici lui font défaut et sont les premiers à lui demander de partir. S’il veut traficoter les résultats de l’élection pour se maintenir au pouvoir, il devra faire face à la réaction de la rue, qui manifeste de plus en plus des signes d’exaspération. Faut-il se dédire, braver l’opinion internationale pour un résultat aussi incertain, avec l’épouvantable possibilité de ne même pas jouir de ce mandat tant recherché ?
Dilemme cornélien et tragédie homérienne pour un homme qui ne s’était pas préparé à exercer un jour le pouvoir et qui, une fois au pouvoir, ne s’est pas préparé à le quitter un jour. Son esprit ballote d’une extrémité à une autre sans jamais trouver le juste milieu. Dieu l’a fait pour la politique et il ne s’est jamais imaginé sans. Même ses plus zélés partisans le disent « fini » et se font entendre à haute et intelligible voix. De sorte que si vous enlevez le prestige lié à la fonction qu’il occupe ainsi que les honneurs dus à son rang, Abdoulaye Wade est un homme seul et un homme malheureux. Si le Conseil constitutionnel invalidait sa candidature, il lui rendrait un grand service et rendrait un grand service à ce pays, devenu l’otage d’une caste de pétomanes zélés prêts à tout pour se maintenir au pouvoir. C’est un appel de détresse que le chef de l’Etat lance à ses visiteurs les plus intimes en leur disant « je suis fatigué, je veux partir, mais c’est mon entourage qui ne veut pas, parce qu’il n’est pas prêt ».
Il s’est toute sa vie investi pour s’entourer de ressources humaines de qualité, secondé par de brillants jeunes au parcours enviable, des universitaires, des avocats et le voilà à la fin de ses jours entouré de cette courtisanerie médiocre et de ces affairistes cupides. Ce sont tous ces hommes sans avenir qui le forcent à se présenter ou alors, s’il n’en a pas la force, de reporter la présidentielle d’au moins deux ans. Ils sont soutenus par la famille du président de la République, pour qui en dehors du palais présidentiel règne le chaos.
SJD
0 Commentaires
Participer à la Discussion