
Au delà du recueillement, des prières et du devoir de mémoire que nous impose la commémoration ce 26 septembre du dixième anniversaire du naufrage du Joola, il convient à chacun de nous de se tenir prêt à faire le deuil et tourner la page du Joola et de manière définitive.
L’exercice s’avère plus que difficile pour les victimes et familles de victimes du naufrage qui a coûté la vie à près de deux mille âmes. Nulle compensation, fût-elle matérielle ou autre ne saurait apaiser la colère des familles qui peinent à faire le deuil d’un drame dont aurait pu se passer notre pays, si ce n’était l’irresponsabilité de ses élites au plus haut niveau. Car il s’agit bien d’une erreur humaine, ou plutôt une bêtise, qui est à l’origine du naufrage du Joola. Aggravée par les tenants du pouvoir d’alors, qui pensaient pouvoir acheter le silence des victimes et des familles de victimes moyennent quelques billets de banque, appuyés d’un émargement. Sans résignation ni indifférence, tourner la page du Joola, aujourd’hui, s’avère une nécessité pour notre pays, qui se passerait bien d’une commémoration sans fin de la pire tragédie de l’histoire maritime. Laquelle commémoration a le mérite, faudrait-il le reconnaître, de remuer le couteau dans la plaie, d’emmurer les victimes et leurs familles dans une commémoration qui frôle l’obsession. Faire le deuil du Joola une bonne fois pour toutes, aidera à aller de l’avant, à panser les plaies, à mettre un trait sur le passé mais aussi à tirer les leçons d’une catastrophe dont les principaux responsables continuent de jouer à cache-cache avec la justice, du fait d’un homme qui a refusé de soumettre ses commis d’alors aux juridictions compétentes à même de situer les responsabilités des uns et des autres. S’emmurer dans une commémoration infinie ne fera pas revenir les deux milles âmes perdues dans le naufrage du ferry. D’où la nécessité, d’essuyer les larmes, de tourner la page et d’arrêter de se faire une fixation sur le renflouement tant souhaité du ferry. Devoir de mémoire, oui, fixation sur le renflouement de l’épave, à éviter à tout prix.
0 Commentaires
Participer à la Discussion