
« Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple », a dit Danton.
Mais au Sénégal, ni le pain ni l’éducation ne semblent être une priorité de nos gouvernants. Si nous importons ce que nous mangeons, l’autosuffisance alimentaire n’est pas encore une réalité dans notre pays. Si le taux de redoublement, d’abandon ou d’échec dépasse dans certains cycles les 50%, la pédagogie de la réussite est également loin d’être une réalité dans notre pays.
Dans ces contre performances, le français, comme discipline, occupe une large place. Et cela peut sembler absurde qu’un professeur de français se demande à quoi servent les exercices littéraires. Quelle est l’utilité de les enseigner aux élèves s’ils constituent le plus souvent des blocages et les apprenants ne s’en servent que pour obtenir des notes de passage en classe supérieure ou pour réussir aux différents examens scolaires ? Ne me dites pas que c’est déjà suffisant pour passer tout son temps à demander aux élèves de disserter, de commenter ou de résumer pendant quatre heures pour ne récolter que des notes blâmables.
Si des apprenants arrivent à l’université sans savoir mener une réflexion, commenter un texte ou le réduire sans changer son sens, il y a de quoi marquer le pas. Et tout le monde sait, y compris l’enseignant, que s’ils ne deviennent pas demain des professeurs de français, ces exercices ne vont plus leur servir en aucun moment de leur vie courante ou professionnelle.Si vous me dites que les exercices littéraires leur permettent de mener des réflexions soutenues, d’argumenter ou d’être critique, je vous dirai que cela n’est pas le propre d’un intellectuel. Il suffit d’écouter les radios ou de discuter avec des personnes dites analphabètes pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas d’être initié à ces exercices, qui usent tout le temps des enseignements, pour pouvoir conduire une réflexion.
Qu’est-ce qui est plus bénéfique entre apprendre à un élève comment rédiger une demande d’autorisation d’absence et lui demander de montrer dans Phèdre de Jean Racine que la passion amoureuse est inévitable et destructrice . Qu’est-ce qui est plus facile entre évaluer le fond et la forme d’une lettre et évaluer une dissertation où l’élève vous présente quatre pages de cahiers que vous parcourez en diagonale ? Les effectifs pléthoriques, une réalité incontournable dans l’actuel système éducatif sénégalais méritent des initiatives et innovations salvatrices.Alors, il faut réformer l’enseignement du français en extirpant totalement du programme ces exercices considérés par les élèves et même par les enseignants comme difficiles à évaluer, absorbants et inutiles en ce que personne ne s’en sert dans la vie courante ou professionnelle.A mon avis, il faut les remplacer par d’autres plus usuels tels que la lettre, la demande d’emploi, la demande de candidature, la demande d’autorisation d’absence, le procès-verbal, le rapport, le compte-rendu, le discours, l’invitation, le trac, le traitement de texte et le texte suivi de questions.
C’est évident que les textes cités plus haut n’ont jamais été enseignés en classe et pourtant chacun d’entre nous, élèves, professeurs et autres travailleurs en usent tous les jours. Demander à un enseignant au cours d’un séminaire de se porter volontaire pour rédiger le rapport de la journée et vous vous rendrez compte que cela va constituer une nouvelle épreuve pour lui.Qui d’entre nous peut faire la différence entre une lettre administrative et une lettre privée ? Entre un procès-verbal de réunion et un compte-rendu de réunion ? Entre un rapport et un procès-verbal ? Quelques rares personnes l’auraient peut-être appris quelque part à la va vite ou à main levée.Je pense qu’il faut se conformer à l’exigence du moment en enseignant utile pour rehausser le taux de réussite de nos élèves.
L’actuel niveau des nos apprenants n’est plus en conformité avec ces exercices traditionnels, que certains enseignants n’ont jamais appris mais qu’ils enseignent tout de même. Ils se focalisent plus sur les aspects théoriques que pratiques du moins c’est que nous avons constaté sur le terrain.Enfin, nous suggérons l’enseignement de la grammaire, de l’orthographe, du vocabulaire, de la conjugaison dans tous les cycles (élémentaire moyen, secondaire et universitaire) pour mieux lutter contre la baisse des niveaux constatée souvent dans l’expression orale et écrite. On ne le dira jamais assez, l’avenir d’un peuple, se trouve dans sa capacité à s’adapter aux nouvelles exigences du temps. Mais cela est-il possible si notre système éducatif est encore dépendant de la politique des partenaires étrangers ?
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