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Migration clandestine : le gouvernement pas à la hauteur
Le Président de la République, Macky Sall, a annoncé le 2 novembre des mesures drastiques pour lutter contre l’émigration irrégulière. “La montée en puissance de nos forces de défense et de sécurité s'impose en permanence. Elle doit être vigoureuse pour garder la prédominance sur les défis et agir pour s'adapter à toutes les circonstances”, a-t-il dit montrant que sa priorité est la répression des passeurs. Cette réponse, ainsi que celle du gouvernement, ne sont pas totalement à la hauteur de la tragédie qui décime la jeunesse sénégalaise.
Depuis le début de l'année 2023, on estime à 27 000 le nombre de migrants africains arrivés aux Canaries. Ils sont principalement venus des côtes du Sénégal. On ne compte plus le nombre de disparus, morts sans sépulture.
Ce phénomène montre l’échec manifeste des politiques publiques en termes d’éducation et d’emplois. Cet été meurtrier devrait mobiliser toute l’énergie nationale, mais le gouvernement est aux abonnés absents. Le Premier ministre, Amadou Ba, était en tournée à Thiès et à Mbour, deux zones fortement touchées par l’exode des jeunes vers les Canaries. Rien ne l’empêchait d'effectuer un déplacement à Cayar, point de départ de nombreuses pirogues, mais il a préféré entretenir sa clientèle politique lors d’opérations de séduction d’élus et de différents groupements à même, pense-t-il, de lui garantir la victoire en février 2024.
Il serait temps qu’il prenne à bras le corps les vrais problèmes du pays, en lieu et place de ce mimétisme des faits et gestes de Macky Sall.
Rappelons, par ailleurs, que personne ne migre de gaieté de cœur. C’est toujours un déchirement de quitter le sol natal au surplus dans ces conditions extrêmes. Stefan Zweig, pourtant grand cosmopolite, a admirablement résumé le déchirement du déracinement dans son romane Le Monde d’Hier, lui qui a été contraint à l’exil par la barbarie nazie : “Quand on n'a pas sa propre terre sous ses pieds — cela aussi, il faut l'avoir éprouvé pour le comprendre — on perd quelque chose de sa verticalité, on perd de sa sûreté, on devient plus méfiant à l'égard de soi-même (...) Quelque chose de l'identité naturelle entre ce que j'étais et mon moi primitif et essentiel demeura à jamais détruit. Il ne m'a servi à rien d'avoir exercé près d'un demi-siècle mon cœur à battre comme celui d'un ‘citoyen du monde'. Non, le jour où mon passeport m'a été retiré, j'ai découvert, à cinquante-huit ans, qu'en perdant sa patrie on perd plus qu'un coin de terre délimité par des frontières”
Sur le cas Anta Babacar Ngom : Naître riche n’est pas une tare
Anta Babacar Ngom a été au centre du bad buzz de la semaine dernière. Dans une vidéo, la candidate à l’élection présidentielle de 2024 a raconté ses origines de prolo et son expérience de la pauvreté. S’en est suivi un déferlement d’attaques sur les réseaux sociaux qui m’ont fait penser aux “deux minutes de la haine” que peignait Orwell dans son roman 1984.
Je ne connais pas l’enfance ni la vie privée de Anta Babacar Ngom, mais j’ai trouvé maladroit et peu pertinent sa tentative de se légitimer en mettant en avant ses origines sociales.
Naître riche n’est pas une tare, grandir dans la pauvreté ne garantit pas la vertu. Il me semble que pour faire un bon dirigeant, un grand leader, un homme bon, tout simplement, le plus déterminant n’est pas d’être né dans une maison luxueuse de Fann Résidence ou à contrario dans une baraque de Colobane.
L’essentiel c’est qu’on a dans les tripes en tant qu’homme ou femme, d’avoir de bonnes idées, d’avoir la capacité de rassembler les différents segments d’une population, et par-dessus tout d’avoir du courage et un peu d’empathie pour ceux que l’on est appelé à diriger.
C’est sur ce terrain là qu’on attend Anta Babacar Ngom et non sur les effets de manche d’un story-telling.
Néanmoins, certaines réactions à cette vidéo ont été excessives et suintaient un peu parfois la haine de classe.
![](https://images.seneweb.com/dynamic/modules/news/images/gen/Papelaye/Migrants-Assient-Rang.jpg)
Le Président de la République, Macky Sall, a annoncé le 2 novembre des mesures drastiques pour lutter contre l’émigration irrégulière. “La montée en puissance de nos forces de défense et de sécurité s'impose en permanence. Elle doit être vigoureuse pour garder la prédominance sur les défis et agir pour s'adapter à toutes les circonstances”, a-t-il dit montrant que sa priorité est la répression des passeurs. Cette réponse, ainsi que celle du gouvernement, ne sont pas totalement à la hauteur de la tragédie qui décime la jeunesse sénégalaise.
Depuis le début de l'année 2023, on estime à 27 000 le nombre de migrants africains arrivés aux Canaries. Ils sont principalement venus des côtes du Sénégal. On ne compte plus le nombre de disparus, morts sans sépulture.
Ce phénomène montre l’échec manifeste des politiques publiques en termes d’éducation et d’emplois. Cet été meurtrier devrait mobiliser toute l’énergie nationale, mais le gouvernement est aux abonnés absents. Le Premier ministre, Amadou Ba, était en tournée à Thiès et à Mbour, deux zones fortement touchées par l’exode des jeunes vers les Canaries. Rien ne l’empêchait d'effectuer un déplacement à Cayar, point de départ de nombreuses pirogues, mais il a préféré entretenir sa clientèle politique lors d’opérations de séduction d’élus et de différents groupements à même, pense-t-il, de lui garantir la victoire en février 2024.
Il serait temps qu’il prenne à bras le corps les vrais problèmes du pays, en lieu et place de ce mimétisme des faits et gestes de Macky Sall.
Rappelons, par ailleurs, que personne ne migre de gaieté de cœur. C’est toujours un déchirement de quitter le sol natal au surplus dans ces conditions extrêmes. Stefan Zweig, pourtant grand cosmopolite, a admirablement résumé le déchirement du déracinement dans son romane Le Monde d’Hier, lui qui a été contraint à l’exil par la barbarie nazie : “Quand on n'a pas sa propre terre sous ses pieds — cela aussi, il faut l'avoir éprouvé pour le comprendre — on perd quelque chose de sa verticalité, on perd de sa sûreté, on devient plus méfiant à l'égard de soi-même (...) Quelque chose de l'identité naturelle entre ce que j'étais et mon moi primitif et essentiel demeura à jamais détruit. Il ne m'a servi à rien d'avoir exercé près d'un demi-siècle mon cœur à battre comme celui d'un ‘citoyen du monde'. Non, le jour où mon passeport m'a été retiré, j'ai découvert, à cinquante-huit ans, qu'en perdant sa patrie on perd plus qu'un coin de terre délimité par des frontières”
Sur le cas Anta Babacar Ngom : Naître riche n’est pas une tare
![](https://images.seneweb.com/dynamic/modules/news/images/gen/Papelaye/Migrants-Assient-Rang.jpg)
Anta Babacar Ngom a été au centre du bad buzz de la semaine dernière. Dans une vidéo, la candidate à l’élection présidentielle de 2024 a raconté ses origines de prolo et son expérience de la pauvreté. S’en est suivi un déferlement d’attaques sur les réseaux sociaux qui m’ont fait penser aux “deux minutes de la haine” que peignait Orwell dans son roman 1984.
Je ne connais pas l’enfance ni la vie privée de Anta Babacar Ngom, mais j’ai trouvé maladroit et peu pertinent sa tentative de se légitimer en mettant en avant ses origines sociales.
Naître riche n’est pas une tare, grandir dans la pauvreté ne garantit pas la vertu. Il me semble que pour faire un bon dirigeant, un grand leader, un homme bon, tout simplement, le plus déterminant n’est pas d’être né dans une maison luxueuse de Fann Résidence ou à contrario dans une baraque de Colobane.
L’essentiel c’est qu’on a dans les tripes en tant qu’homme ou femme, d’avoir de bonnes idées, d’avoir la capacité de rassembler les différents segments d’une population, et par-dessus tout d’avoir du courage et un peu d’empathie pour ceux que l’on est appelé à diriger.
C’est sur ce terrain là qu’on attend Anta Babacar Ngom et non sur les effets de manche d’un story-telling.
Néanmoins, certaines réactions à cette vidéo ont été excessives et suintaient un peu parfois la haine de classe.
7 Commentaires
Paco
En Novembre, 2023 (09:40 AM)Reply_author
En Novembre, 2023 (11:27 AM)Reply_author
En Novembre, 2023 (20:55 PM)Lebaolbaol Tigui
En Novembre, 2023 (11:58 AM)Reply_author
En Novembre, 2023 (14:47 PM)Politicien n'est pas un métier.
Donc nous on va devoir rester là et avoir tous ces nullards voleurs qui auront la destinée de ce pays entre les mains.
Prions pour qu'il y ait beaucoup de "non politiciens" qui aspirent à diriger ce pays.
Parce que les politiciens actuels mom c'est l'échec garanti avec eux.
Lebaolbaol Tigui
En Novembre, 2023 (15:21 PM)Lebaolbaol Tigui
En Novembre, 2023 (15:27 PM)Loll
En Novembre, 2023 (18:13 PM)Participer à la Discussion