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Ce mardi 27 novembre 2012, le professeur Assane Seck s’en est allé à plus de 93 ans, plongeant dans le deuil et une profonde tristesse tous ceux et celles qui, comme moi, ont eu le bonheur de le côtoyer et d’apprécier ses éminentes qualités humaines, intellectuelles et morales. En effet, à son contact, l’on demeure frappé par son humilité, sa sobriété, sa simplicité et son accessibilité qui cachent mal une vivacité d’esprit et une mécanique intellectuelle des plus éblouissantes.
Jusqu’à son accident de santé survenu il y a quelques mois, Assane Seck était tous les jours, même le dimanche, à son bureau au quartier Fass à Dakar où il recevait avec joie, souvent sans rendez-vous, tous ceux qui, élèves, étudiants, politiques, universitaires, chercheurs, journalistes et autres vieux compagnons de lutte, le sollicitaient pour un éclairage, toujours pertinent, sur les questions d’actualité autant que sur divers aspects de l’histoire politique du Sénégal contemporain. Ce Sénégal contemporain dont il était l’un des grands acteurs de la lutte pour l’indépendance.
Rappelons, à ce propos, qu’avec les Abdoulaye Ly et Amadou-Mahtar Mbow il fonda et anima la section sénégalaise du PRA (Parti du Regroupement Africain) pour accélérer l’accession du pays à la souveraineté internationale, après avoir été, aux élections législatives de janvier 1956, colistier de Maître Lamine Guèye, une autre grande figure politique du Sénégal. Pour plus de détails sur ces épisodes du parcours politique de Assane Seck, je vous renvoie à ses mémoires qu’il publia en 2005 chez Karthala. Aux yeux du professeur Djibril Samb, ancien Directeur de l’IFAN, qui l’a préfacé, l’ouvrage porte «une valeur réellement exceptionnelle de témoignage historique sur la vie politique du Sénégal des années 1945 à 2005 ».
Ces dernières années, j’ai eu l’insigne honneur de compter parmi les habitués du bureau à Fass du professeur Assane Seck. Je me régalais de nos échanges qui, par moments, se faisaient en mandingue, lorsque lui revenaient les souvenirs de son royaume de l’enfance en Casamance, notamment à Inor où il est né le 1er février 1919 et à Marsassoum où il entra à l’école après y avoir reçu l’initiation dans le bois sacré et où, à sa demande, il sera inhumé. Quelle belle illustration de son attachement à sa Casamance natale, lui, Assane Seck, incarnant également, de par ses ascendants paternels et maternels, le magnifique brassage entre Lébous, Sérères et Diolas !
Et il était vraiment fier de cette prégnance de la diversité et des brassages culturels au Sénégal en général, en Casamance en particulier, au point que la question occupait souvent nos échanges, lui le géographe, moi l’historien, lui le Patriarche, moi le fils adoptif m’abreuvant à sa grande sagesse, à son érudition d’universitaire de renom et de pédagogue émérite.
En décembre 2004, à ma demande, Assane Seck accepta, malgré son grand âge, de participer aux manifestations devant célébrer le centenaire de Ziguinchor comme chef-lieu de la Casamance naturelle. Ce fut l’occasion pour lui, en présence de l’essayiste Makhily Gassama, ancien Ministre de la Culture, et de Robert Sagna, ancien Ministre d’Etat, alors Maire de Ziguinchor, d’y prononcer la conférence inaugurale. Un discours de haute facture où Assane Seck, en des termes émouvants, fit part de son rêve de voir de son vivant la Casamance, meurtrie, retrouver la paix dans un Sénégal uni et prospère. L’accueil chaleureux que reçut ce jour-là son adresse, sous les applaudissements d’une salle comble, fit naître en Makhily Gassama, son concitoyen de Marsassoum, l’idée d’organiser une autre rencontre pour rendre un hommage particulier à cet éminent fils du Sénégal.
C’est ainsi qu’eut lieu, en février- mars 2009, à Dakar, à Ziguinchor et à Marsassoum, sous l’égide du Collectif des Cadres Casamançais que préside notre frère Pierre Goudiaby Atepa, la célébration des 90 ans du professeur Assane Seck, en qui je perds un Patriarche qui m’était devenu très cher.
Il nous appartient à présent d’honorer sa mémoire et de perpétuer son œuvre. En cela, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky Sall, vient de nous montrer la voie à suivre, lui qui, la veille de la disparition du Professeur Assane Seck, sans savoir que ce dernier allait nous quitter, a décidé de baptiser la jeune l’Université de Ziguinchor du nom de ce grand homme d’Etat, universitaire émérite. Puisse la terre de Marsassoum lui être légère et prions pour que le Tout-Puissant lui accorde Sa Miséricorde !
Mamadou Mané, Historien, ancien Conseiller Culturel à la Présidence de la République (1990-2000), [email protected]
7 Commentaires
Rip
En Décembre, 2012 (23:30 PM)Nation Wolof
En Décembre, 2012 (23:41 PM)Deug
En Décembre, 2012 (02:28 AM)Lérangué
En Décembre, 2012 (09:40 AM)El A. M. Seck - Economiste - F
En Décembre, 2012 (11:26 AM)Aldo
En Décembre, 2012 (14:43 PM)Perle
En Décembre, 2012 (16:47 PM)Participer à la Discussion