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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
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L’EXEMPLE DE SERIGNE SALIOU - Principes fondateurs de Touba

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L’EXEMPLE DE SERIGNE SALIOU - Principes fondateurs de Touba

Le discours du Khalif général des mourides du 2 Mars 2006 marque la volonté du saint homme d’insuffler une nouvelle dynamique au développement de la capitale du mouridisme. En décidant d’injecter dix milliards dans la construction de travaux routiers, le saint homme inscrit son action dans la voie tracée par Cheikh Ahmadou Bamba.
Cheikh Ahmadou a en effet indiqué le chemin à suivre pour construire la ville de Touba. Il a d’abord formulé des prière dans Matlaboul Fawzaïny pour que Touba soit une ville de piété, de savoir et de prospérité.
« Fais de ma demeure, la cité bénite de TOUBA, une cité de crainte révérencielle, de savoir, d’élévation et de promotion au rang des plus honorables.
Fais de ma demeure, la cité bénite de TOUBA, la citadelle de prédilection de DIEU et du prophète (Prières et bénédictions sur Lui) ici sur notre terre, là où nous vivons.
Fais de ma demeure, la cité bénite de TOUBA, le bastion de l’obéissance à DIEU et du respect de la coutume sacrée de l’envoyé (Prière et Bénédiction sur Lui) pour toujours, et non le parterre des innovations blâmables.
fais de ma demeure, la cité bénite de TOUBA ,un lieu où l’on sort des ténèbres pour entrer dans la lumière, protège cette cité du disgracié qui a porté préjudice à DIEU ou à son prochain.
Fais de ma demeure, la cité bénite de TOUBA, le paradis du fidèle qui s’est confié pour la simple face de DIEU et est engagé dans la quête de l’absolu ; qu’elle soit aussi un rempart qui entrave et détourne le rebelle qui tente de profaner la décence de l’islam ou la déférence de cette enceinte. »
Fidèle à lui même et à l’intérêt qu’il porte pour l’adoration divine, le Cheikh indique d’emblée l’importance accordée aux pratiques cultuelles base de la religion. Il réitère aux talibés leurs obligations imposées par l’Islam. Il fait ainsi de Touba un lieu de dévotion, d’adoration du seigneur et rappelle aussi à l’homme qu’il n’a été crée que pour adorer son seigneur. Il a fondé Touba pour pouvoir bien éduquer les disciples, leur inculquer la crainte révérencielle et faire d’eux des musulmans accomplis. Tel que rapporté par Serigne Mouhamadou Lamine Dagana, Serigne Mbacké Bousso disait que le Cheikh ne trouvait pas d’endroit mieux indiqué pour l’éducation religieuse des disciples. La fondation de Touba répondait ainsi exclusivement à ce besoin de se retirer dans un endroit saint, calme propice à l’adoration du Seigneur.
Cheikh Ahmadou Bamba savait par ailleurs que la pratique de la religion passe par l’enseignement et la science. C’est pourquoi il a insisté auprès de son seigneur pour que Touba soit une cité de connaissance :
« Fais de ma demeure, la cité bénite de TOUBA, un centre académique, un lieu favorable à l’ouverture d’esprit et à des méditations saines qui sanctifient en permanence.
Fais de ma demeure, la cité bénite de TOUBA, un sanctuaire de rédemption, une cité de droiture, une source de connaissance, et un pôle de l’agrément de DIEU.
Fais de ma demeure, la cité bénite de TOUBA, une cité de perfectionnement et de redressement, un centre d’enseignement et d’instruction approfondie».
Le Cheikh donnait ainsi une orientation assez claire d’une cité religieuse tournée vers l’adoration basée sur la connaissance des textes fondateurs authentiques. Le Cheikh n’a pas non plus oublié le bien être des talibés qui allait s’établir dans la ville sainte. Son sa volonté est de débarrasser le talibé de tout souci matériel pour lui permettre de se consacrer à l’adoration de son seigneur :
« Absous les volontaires qui ont bâti l’édifice si élevé de ma demeure, la cité bénite de TOUBA, de leurs péchés du passé et de l’avenir, absous tous ceux qui avaient la charge de l’ordonnance des travaux de l’édifice, de leurs péchés initiaux et finaux.
Absous également tous ceux qui leur sont venus en aide dans cet édifice qui, par ta gloire s’est érigé -ô combien majestueux ! - de leurs péchés premiers et derniers.
Absous celui qui élit droit de cité à TOUBA et quiconque s’y rend en signe de piété de leurs pêchés premiers et derniers.
Fais que cette terre soit une terre de richesse, de sécurité, de miséricorde, d’abondance tout le temps
Fais affluer tout ce qui est bien - être et bienfait du patrimoine des six cotés de la planète vers ma demeure, la cité bénite de TOUBA, immunise la réputation de ma demeure de toute impureté dans ce monde et dans l’autre.
Ô le ROI SUPREME ! protêge moi du dedans et du dehors, moi et ma demeure , la cité bénite de TOUBA et tout ce qui est sous ma tutelle ».
A la suite de ces prières, le Cheikh a ensuite montré concrètement la voie à suivre. En effet Cheikh Ahmadou Bamba a été le premier à lancer les grands travaux à Touba avec la construction de la grande mosquée. Dès 1925, il invita les Cheikhs Mourides à contribuer volontairement à son édification. Il demanda à chaque membre de la communauté de lui apporter cent quarante francs. La forte somme rassemblée , plus de quatre millions à l’époque, permît de signer un contrat avec Tallerie pour les travaux de construction de la grande mosquée le 30 Août 1926. Cheikh Ahmadou Bamba profita de cette collecte pour jeter les bases de l’indépendance financière de la communauté mouride à travers un discours mémorable : « Ne dépassez pas les limites de vos possibilités financières dans le cadre de la réalisation de vos projets. Cela vous épargnera la dépendance vis à vis de bailleurs qui pourraient être en mesure de vous détourner de vos principes et conviction religieux et des valeurs morales qui les fondent ». Le souci du Cheikh était de préserver le talibé de toute forme de dépendance source d’aliénation, de perte de dignité, de liberté et du sens de certaines valeurs morales et religieuses.
Nous avons là les deux éléments fondateurs ayant servi servi de fil conducteur à l’action des différents khalifs qui allaient succéder à Cheikh Ahmadou Bamba.
Les diférents khalifs de Cheikh Ahmadou Bamba :
Cheikh Mouhamadou Moustapha était le premier à succéder au fondateur du mouridisme. Dès son arrivée , il se lança dans les travaux de la grande mosquée. La première contrainte à lever fut la réalisation du tronçon du chemin de fer Diourbel-Touba long de cinquante kilomètres. Grâce e à la main d’œuvre des talibés, la réalisation de cette voie ferrée permettait d’acheminer les matériaux nécessaires aux travaux.. Trois mille fidèles participaient aux travaux. Un peu partout à travers le pays, des champs d’arachide furent cultivés pour financer les travaux. Ainsi naquît le concept de Toolu Alarba ( champs collectifs où toute la communauté se retrouvent les Mercredi pour cultiver). La production de l’arachide atteignait ainsi soixante quinze mille tonnes en 1938. avant le démarrage des travaux Cheikh Moustapha avait obtenu un bail de quatre cent hectares de l’administration coloniale.
A sa disparition le 13 Juillet 1945, Cheikh Mouhamed Fadal reprit le flambeau dans le contexte difficile de l’après guerre. La grande mosquée était sa priorité. Il reconduit le même système de champs collectifs, fonda le village de Touba Bogo pour y effectuer ses propres cultures destinées aux travaux et reprit le système de contribution volontaire instauré par Cheikh Ahmadou Bamba. En 1963 les travaux de la grande mosquée furent achevés pour un montant total de six cent soixante dix sept millions six cent quarante six mille trois cent trente huit (677646338) pour un million huit cent mille heures de travail. Cheikh Mouhamad Fadal a également désenclavé la ville de Touba à travers le bitumage des routes menant vers la ville sainte. D’importants travaux d’électricité et d’assainissement furent également entrepris.
En 1968, Cheikh Abdoul Ahad Mbacké lui succéda. Celui qui est surnommé le bâtisseur a durant son khilafa réalisé d’important travaux pour la communauté mouride :
- La construction de la bibliothèque contenant plus de cent soixante dix mille ouvrages pour un coût de deux cent vingt cinq millions de francs.
- L’université islamique d’un coût de sept milliards
- La maison Cheikhoul Khadim qui sert de résidence aux hôtes de marque de la communauté mouride
- Les travaux d’extension de la grande mosquée d’une valeur de deux milliards cinq cent million s de francs.
Cheikh Abdoul Ahad Mbacké a par ailleurs réussi à interdire les drogues, les boissons alcoolisées et la cigarette de Touba qui a connu durant son khilafa un développement fulgurant avec le lotissement de plus quatre vingt six mille parcelles et l’installation de huit forages.
De courte durée, le khilafa de Serigne Abdou Khadar n’en fut pas moins riche. L’imam des imams qui avait fait l’unanimité autour de sa personne toutes confréries confondues, a assumé les plus importantes fonctions religieuses durant vingt trois ans. Très proche des populations, il leur apportait son aide précieuse. Ses nombreux champs, Boustane, Bagdad, lui permettaient de participer aux travaux de la communautés.
Serigne Saliou le changement dans la continuité :
Contenu du discours de Serigne Saliou Mbacké:
Cette année, le traditionnel discours d’avant Magal de Serigne Saliou revêt un caractère particulier en ce sens qu’il évoque la question plus que jamais actuelle du développement de la ville de Touba.
Le Saint Homme parle d’abord des bienfaits du Magal qui ont un caractère sacré. Le Magal constitue pour lui le moment le plus opportun pour parler aux fidèles mourides en particulier et musulmans en général.
Lors de cet événement, esprits, corps et âmes de tout Mouride convergent vers Touba qui représente aujourd’hui pour tout disciple de Cheikh Ahmadou Bamba une cité de la félicité qui reflète la puissance et la beauté de l’œuvre de son fondateur par la grâce d’ALLAH. C’est un lieu de rédemption et un centre unificateur.
Le Khalif procède d’abord par un rappel historique à travers lequel on peut comprendre en filigrane que l’évolution de Touba relève du spectaculaire : « Serigne Touba s’était retiré il y a environ un siècle dans un endroit au fin fond de la campagne. Alors qu’il se consacrait à adorer son Créateur, deux fauves, l’une poursuivant l’autre, surgirent jusqu’à ce que l’une le toucha, s’arrêtèrent et retinrent leur souffle, puis retournèrent dans la brousse . Cet endroit de retraite spirituelle d’antan où le cheikh était solitaire, n’est rien d’autre que la deuxième ville du Sénégal depuis l’an 2000 »
Le défi est lancé : le processus de développement de Touba est irréversiblement évolutif puisqu’ étant un vœu déjà exaucé par ALLAH et toute contribution humaine sera œuvre de privilège en terme de salut. Il importe dès lors que tout Mouride apporte sa pierre à la construction de l’édifice.
Il donne l’exemple lui même en mobilisant 1,4 milliard pour la construction de la grande Mosquée de Touba qui est le plus fort symbole du Mouridisme, et 10 milliards pour le bitumage de 200 kilomètres de routes qui demeurent les infrastructures les plus essentielles en matière d’urbanité.
Un deuxième défi est lancé, mais cette fois ci en direction des Talibés et en référence à sa contribution déjà apportée.
Serigne Saliou ne manque non plus de vouloir assainir de manière loyale la ville : il met en garde contre les spéculations foncières qui dénotent de la pratique de l’usure dans la ville sainte.
Enfin on ne peut pas ne pas parler des ardentes prières formulées par Serigne Saliou à l’endroit de tous les Musulmans de la Diaspora. Il reste ainsi fidèle à ses qualité d’Homme de paix, de rassembleur, etc., mais aussi de son amour pour le Prophète PSL dont il recommande la célébration de l’anniversaire de la naissance, comme toute la communauté musulmane du Sénégal a tendance à le faire.
Le contexte :
Le discours de Serigne Saliou intervient dans un contexte marqué par le développement fulgurent de la ville sainte qui est devenue la seconde ville du Sénégal en un peu plus d’un siècle. De sept cent cinquante hectares en 1887 Touba est passé à mille neuf cent vingt six hectares en 1975 et 3600 en 1988. La population est passé de deux mille cent vingt sept mille habitants en 1958 à près de trois cent mille habitant en 1993 et à plus d’un million aujourd’hui. Cette croissance s’explique par l’afflux de populations mourides venues répondre à l’appel de Cheikh Abdoul Ahad. Les conditions de vie difficiles dans la campagne suite aux années successives de sécheresse, à la désertification, à la détérioration des termes de l’échange ont par ailleurs favorisé cette forte croissance. La ville a aujourd’hui un taux d’urbanisation de plus 12% et un taux de croissance de supérieur à 8%.
Cette expansion rapide et imprévisible y a entraîné l’accroissement des besoins en infrastructures de transport. Dans le même temps, l’évacuation des eaux de pluie demeure une préoccupation dans certains quartiers. Afin de remédier à ces différentes situations, des infrastructures hydrauliques et d’assainissement (forages, réservoirs, canalisations, fosses septiques, etc.) ont progressivement été installées, et des routes sur certains axes principaux.
Les enseignements :
L’intervention de Serigne Saliou intervient dans ce contexte où le développement de la ville de Touba est source de multiples problèmes qu’il a décidé de prendre à bras le corps. A l’instar de ses prédécesseurs, il a lancé un appel aux forces vives de la communauté pour apporter les solutions idoines. Il a ouvert la voie en mettant dix milliards pour le financement du projet. Le niveau de cet engagement et le secteur d’investissement ciblé (les routes) constituent une innovation qui marquent l’originalité de l’action de Cheikh Saliou. Il administre encore une fois une très belle leçon à toute la nation. C’est un bel exemple de participation à la construction du pays. En effet, son appel va permettre de mobiliser l’épargne des talibés et d’investir dans un secteur à haute intensité de main d’œuvre. Il facilite ainsi une bonne répartition des fruits de la croissance avec la diminution du chômage et la réduction de la pauvreté. Il montre que nous ne devons pas tout attendre de l’état mais contribuer par la mobilisation des ressources internes au développement de notre pays. C’est aussi un exemple de bonne gouvernance à enseigner dans les plus grandes écoles d’administration au moment où les scandales font légion.
Il perpétue par ailleurs la longue tradition de la communauté mouride à se prendre en charge conformément aux enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba qui recommande de ne pas recourir aux financements externes et de limiter ses besoins à ses possibilités financières. L’acte de Serigne rappelle à bien des égards les valeurs incarnées par Serigne Touba : la foi, le désintéressement, l’héroïsme, l’abnégation, le courage, le patriotisme et l’esprit de sacrifice. Par son exemple Serigne Saliou donne une image positive du chef religieux dont la capacité de mobilisation et le leadership doivent être mis à profit pour développer notre pays.
L’action de Serigne Saliou constitue assurément une étape cruciale dans la vie de la communauté mouride et marque un saut qualitatif certain qui va faire entrer Touba de plein pied dans l’ère du développement moderne. A travers la mise en place des infrastructures, il va faciliter les communications, développer les échanges, créer des emplois, augmenter les revenus des populations, réaliser le vœu et les prières de Cheikh Ahmadou Bamba : créer les infrastructures socio-économiques de base pour améliorer les conditions d’existence des fidèle et leur permettre de se consacrer à ce qui fût la base de la création de Touba : adorer le seigneur dans la pure tradition prophétique (PSL) « Fais de ma demeure, la cité bénite de TOUBA, le bastion de l’obéissance à DIEU et du respect de la coutume sacrée de l’envoyé (Prière et Bénédiction sur Lui) pour toujours, et non le parterre des innovations blâmables » Cheikh Ahmadou Bamba.

CHEIKH ABDOUL AHAD MBACKE
FILS DE SERIGNE CHEIKH MBACKE GAINDE FATMA



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