
« Quoi de plus inhumain qu’un sacrifice humain ? »
Alphonse Allais
La stabilité du Sénégal ne tenait qu’à un fil. Barthélémy Dias l’a gravement fragilisé et s’est par l’occasion grandement ouvert les portes de la prison pour des années. Désormais, rien ne pourra sauver sa tête. C’est un criminel, un meurtrier, un pestiféré comme l’est Abdoulaye Wade pour Me Babacar Sèye. Sous quelque angle que l’on puisse analyser l’acte posé par le fils de Jean Paul Dias, quelle que soit la sympathie ou l’aversion que l’on porte au maire de Sicap-Mermoz, son crime est indéfendable. Son arrogance à légitimer l’indicible est insupportable. Et son immaturité politique comme son inconscience, sur le précieux de la stabilité de ce pays qui a accueilli son père, regrettables pour un homme exerçant les fonctions qui sont siennes.
Aucun homme responsable, aucun être animé du moindre bon sens et soucieux de la stabilité de ce pays comme du devenir de ses enfants ne peut et ne doit applaudir ou rester dans un silence coupable lorsqu’un fils du Sénégal est flingué ainsi, comme un gibier, au prétexte que c’est un nervi payé pour s’en prendre à une institution. Aucune mort, aucun acte d’intimidation, aucun fait criminel ou dégradant posé au nom de la politique, ne doit rester anodin dans ce Sénégal que nous voulons tous grand, beau et paisible.
Quelles que soient les raisons de sa présence devant la mairie, ses intentions premières, Ndiaga Diouf ne mérite pas la mort. Il ne mérite pas d’être abattu de la sorte en direct sous les yeux du monde entier par un homme qui, après avoir chanté sur tous les toits détenir une arme, a pensé que l’heure est venue de montrer au Sénégalais qu’il était un amateur de Western. Un tonton flingueur. Un piètre tireur vu le nombre de coups tirés en direction de ses «gibiers» pour n’en atteindre que trois, dont un mortellement.
Mon propos ici n’est pas de faire l’apologie des arme, encore moins trouver des excuses à la provocation, la tentative d’intimidation des nervis envoyés, certainement, par le camp présidentiel pour foutre la trouille à Abdoulaye Bathily et compagnie.
Au contraire je les condamne fermement comme toujours, lorsque des citoyens sont menacés parce que pensant autrement. J’en veux à Abdoulaye Wade d’avoir laissé impunis tous les crimes et délits politiques posés par les siens depuis son arrivée au pouvoir.
Le Pds, c’est indéniable, a érigé la violence et l’intimidation politiques en mode de gestion des affaires de la cité, au lieu de répondre aux nombreuses attentes, hélas, jamais satisfaites du peuple. Abdoulaye Wade et compagnie ont encouragé ces actes regrettables qui n’honorent pas le Sénégal pensant qu’ils leur permettraient de garder le pouvoir. «A défaut d’être aimé par son peuple, il faut être craint par lui», ont retenu les Libéraux de la question de Machiavel. Et mon intime conviction est qu’ils doivent en répondre devant la loi.
Mais, faut-il le rappeler aux plus âgés d’entre nous et le dire aux jeunes générations?, la violence politique au Sénégal ne date pas de l’alternance. Elle a toujours eu droit de cité dans ce pays !
J’en veux pour preuves les batailles rangées qui ont toujours opposées les pros Lamine Guèye aux partisans de Léopold Sédar Senghor. Les caudataires moutonniers de Senghor aux affidés de Mamadou Dia, ceux de l’opposant Abdoulaye Wade à ceux d’Abdou Diouf. Et ces oppositions ont fait de nombreuses victimes policières comme civiles partout sur l’étendue du territoire. La plus célèbre de ces victimes politiques est un militant du SFIO, de Lamine Guèye. C’était le grand frère de Ndiaye Diouf, le père de l’ex-président du Sénégal. Il a été tué 25 janvier 1955 à Kagnobon, en Casamance.
Donc, comme vous le voyez, la violence politique au Sénégal ne date pas d’aujourd’hui et elle a intimement été liée au Parti socialiste. Elle a même été grandement encouragée par le Parti socialiste sous Abdou Diouf comme sous le Secrétariat général d’Ousmane Tanor Dieng.
Mais en perdant le pouvoir en 2000 les camarades d’Ousmane Tanor Dieng ont perdu le monopole de la violence légitime. Car le centre qui leur permettait de la légitimer –l’Etat- est tombé entre d’autres mains. Des mains ensanglantées par l’assassinat du juge constitutionnel. Et depuis le Parti socialiste se cherche une jeunesse pour sa survie, ses adhérents étant pour la plupart devenus de vieux snobes nostalgiques du pouvoir perdu. Et trop bourgeois pour s’adonner au travail normal d’une opposition : s’opposer. Par les manifestations de rue, s’il le faut. Cela est d’autant plus vrai que pendant de nombreuses années rares sont les jeunes qui osent montrer leur appartenance au PS. C’est un Parti de vieux cafardeux, rêvant toujours de leur paradis perdu.
A défaut de pouvoir s’approprier et légitimer la violence, le PS a pendant de nombreuses années cherché à l’imposer. C’est le but de la création Convergence socialiste de Barthélémy Diaz, sortie du néant pour s’imposer comme le bras séculier du parti. Des va-t-en guerre. Dans la tête d’Ousmane Tanor, puisqu’il se cherche une honorabilité qu’il a perdu depuis son départ du Secrétariat général de la présidence Barthélémy et ses ouailles ne doivent rien avoir de commun avec le PS authentique. Leur mouvement se doit de soutien, un allié du PS. C’est juste un objet de mobilisation pour attirer les jeunes, un machin créé de toutes pièces. Des marionnettes. Et comme telles, elles sont appelées à disparaitre à la fin du spectacle pour ne pas être collées à l’image de paisibles citoyens que se veulent les opposants.
Barthélémy Diaz n’est pas de Benno, donc la coalition n’est en rien assimilable à son acte. Il n’est pas membre du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng ne peut en rien être comptable du meurtre de Ndiaga Diouf. Comme un âne du sacrifice… pardon un agneau du sacrifice, Barthélémy Diaz est celui choisi pour déclarer ouvertes les hostilités. Comme Jésus-Christ sur la Croix pour le salut de l’humanité, le fils de Jean-Paul devait être sacrifié pour le triomphe du PS, comme le fut Noël Malick Seck avant lui.
Bacary Touré
<38>[email protected]
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