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Le droit du citoyen à exprimer et manifester son opinion de façon publique est la principale caractéristique des démocraties modernes. La liberté d’opinion et le droit de manifester sont les outils de la démocratie les plus utilisés par le peuple dans sa communication avec les pouvoirs publics. Mais le problème présentement réside dans son intensité et la finalité qui y en serait recherchée. En effet, le peuple est motivé de plus en plus par sa volonté manifeste de retirer aux institutions de la république le pouvoir de décision détenue légalement pour agir directement sur des questions précises à leur place. La démocratie représentative en devient alors malmenée et menacée.
Quelle organisation démocratique pour la remplacer, celle directe ou l’anarchie, ou quel système ?
En attendant d’avoir la réponse, les démocraties actuelles sont dans l’urgence d’apporter des solutions à cette crise de la rue, pour plus de paix, de liberté, de sécurité publique et de solidarité dans l’intérêt général. En ce moment en France, la reforme sur la retraite met en désaccord et en conflit profond les institutions publiques et presque tout le peuple. Face à cette deuxième crise après celle des gilets jaunes en novembre 2018, M. Emmanuel Macron, le Président de la République française déclare que sa réélection par la majorité de ses concitoyens serait en partie liée à son engagement ferme de faire entre autres cette réforme. C’est la démocratie, dit-on.
La vive contestation de la rue par rapport à des décisions des gouvernants « démocratiquement élus » pose un problème de restauration de la relation entre mandants et mandataires du pouvoir public. D’abord, tous les élus se doivent de garder de façon régulière et continue leur devoir de consultation/redevabilité envers le peuple pour ne pas s’en écarter au nom de la force de l’acte légal qui fixe la durée du mandat. L’acquisition du mandat ne doit pas être synonyme d’obtention d’un blanc-seing pour un pouvoir absolu de décision contre la volonté et l’aspiration du peuple. Au-delà de la durée du mandat, la consultation bien organisée et permanente, pourrait être une soupape voire une alternative pour restaurer la confiance nécessaire entre gouvernants et gouvernés.
La démocratie ne s’en porterait que mieux encore. Car, il n’est pas besoin de rappeler que la démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple étymologiquement parlant.
Cependant, il est impossible que la légitimité « procédurale » des institutions soit réduite à néant par la légitimité politique de la rue. Nous vivons sous la protection du droit selon lequel la légitimité politique vient du peuple avec deux dimensions essentielles de la fiction démocratique : la légitimité de la représentation et le respect de l’élection. La légitimité politique n’est pas donc dans la rue, elle est dans les urnes et elle seule doit acquérir la légalité.
Si l’élu détient la légitimité politique au-dessus de la légitimité de la rue, il devrait s’approcher davantage le plus possible et de façon permanente de cette légitimité de la rue. Cette validité horizontale de la légitimité politique des urnes doit chercher à englober le plus possible cette légitimité de la rue. Mais pour y arriver, il faut reconnaitre aussi que certaines insuffisances cruciales doivent être relevées :
Le faible taux de participation aux élections
L’abstention, le non accès à la carte d’électeur, et le manque d’engagement citoyen pour exercer son devoir de vote ne favorisent pas une élection suffisamment représentative du peuple. A cela s’ajoute l’achat de votes qui dévoie fortement l’expression démocratique du peuple. Cette situation remet en cause la validité de la démocratie représentative car les électeurs actifs sont très minoritaires par rapport au peuple entier. En outre, ceux qui ne participent pas aux choix de représentants du peuple, du fait de plusieurs causes, sont tous plutôt sensibles aux décisions futures de ces représentants du peuple pouvant impacter sur leur vécu quotidien. La solution idéale serait alors une forte hausse du taux de participation aux joutes électorales du peuple pour réduire ses actes réactionnaires et musclés de la rue.
Le mode de scrutin
La lancinante question du mode d’élection se pose toujours avec acuité dans nos systèmes démocratiques à parfaire. Le mode du scrutin majoritaire diminue la sincérité de la démocratie représentative. Par exemple, un maire ou un député élu à 35% des suffrages exprimés, ne représentera jamais de manière conforme son territoire électoral et ses concitoyens.
Les profils au poste de représentant du peuple.
Les partis politiques sont devenus de nos jours des écuries d’intérêt privé et familial et non public avec une ignorance totale des notions de vision sociopolitique. Leurs images incarnées par ces leaders non légitimes sans expérience politique et professionnelle pertinente n’encouragent pas l’électeur. Aussi, l’idée que l’élu aurait l’avantage d’une compétence supérieure a disparu. Dans notre pays, ne dit-on pas à tort ou à raison qu’une bonne partie de l’électoral est en avance sur la classe politique qui est censé parler et à agir à son nom ?
Nous vivons en ce moment dans un contexte de révision des listes électorales. Une occasion pour inviter les Sénégalaises et sénégalais, à aller s’inscrire en masse et /ou corriger au besoin les erreurs sur vos cartes d’électeurs. Permettez-moi également de demander à l’administration chargée de ces opérations de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que tout le monde ait accès à sa carte d’électeur une fois le processus bouclé. Cela est d’autant plus important que le prochain taux de participation à la présidentielle du 25 février 2024 doit être le plus élevé de l’histoire politique du Sénégal. Et à la suite de cette élection cruciale, nous espérons en arriver à des résultats qui permettent d’adresser efficacement les autres limites de la démocratie représentative évoquées ici pour un système démocratique plus consolidé.
Djidiack FAYE
Directeur de l’Agence Régionale de Développement de Fatick Spécialiste en Développement Territorial et Décentralisation, Résilience aux changements climatiques et Développement rural
13 Commentaires
Ce qui est drôle chez ces gens c'est le caractère terre à terre de leur agenda. C'est comme un livre ouvert. On n'a pas besoin d'être futé pour y voir clair.
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En Avril, 2023 (15:35 PM)Babacar Niang
En Avril, 2023 (16:33 PM)Traoré
En Avril, 2023 (16:56 PM)Participer à la Discussion