
Dans la ‘‘War Room’’ de la
Présidentielle 2012 :
La
République du Sénégal sera-t-elle soluble dans ‘‘LA’’ démocratie ?
Par Ousseynou Nar Gueye
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Le vote, qui est le plus petit dénominateur commun des Républiques du monde, ne va tout de même pas devenir le plus grand diviseur du peuple sénégalais !
Entrer
« dans l’Histoire », avec sa
grande hache ? Ou continuer « notre histoire », avec un grand « H » ?
L’alternative
est claire.
Il
nous faut choisir entre ces deux termes, au lendemain de l’arrêt des 5 Sages du
Conseil Constitutionnel du Sénégal. Arrêt rendu à l’ultime heure du dernier
jour férié de ce mois de janvier.
30
jours nous séparent du premier tour de l’élection présidentielle du 26 février 2012.
Allons-nous mettre à profit ces trois décades pour entrer dans l’Histoire ou
pour continuer notre histoire ?
Et
si nous continuons plutôt « notre histoire » !
En
(ré) inventant nous-mêmes, les mécanismes et modalités de la sélection du
leadership de notre vivre-ensemble collectif .
Vouloir
entrer « dans l’Histoire », coûte que coûte, y compris à reculons, c’est
donner raison à tous ceux qui pensent que nous n’y sommes pas encore entrés de
plain-pied.
Acceptons-le :
notre pays est encore en voie de démocratisation.
Convenons-en
tout autant : notre société civile est encore dans le processus de sa mise
en adéquation avec le corpus sociétal du Sénégal.
L’histoire
de notre peuple n’est pas seulement le temps des contemporains que nous
sommes !
L’histoire des contemporains ne peut se
réduire à un concours d’héroïsme pour se garantir des louanges au xalam et au
riti, auprès des générations futures non encore nées, ni même encore
conçues .
Tâchons
seulement de faire mieux que nos aïeux ; c’est la meilleure garantie pour
pousser nos descendants non encore nés à
faire mieux que nous. Quand leur tour viendra. Car leur tour adviendra.
Nous
nous voulons un peuple spécial. Il n’est pas douteux que ce soit le cas.
Nous
avons nos spécificités historiques et des coutumes spéciales. Il nous faut bien
les assumer, et y assujettir les schémas de mise en place de nos institutions
et les mécanismes de dévolution du leadership de nos institutions. Alors
seulement, nos institutions seront au dessus de nos têtes, car nous les y
auront portées.
Nous
avons un Président spécial ; ce n’est pas d’aujourd’hui que nous le
savons.
Si
nous pouvons honorer le royal Lat Dior dans notre ordonnancement républicain,
nous pouvons bien souffrir ce qui sera, depuis 1978, la septième candidature de
notre Président actuel.
Même
au prix de quelques crises d’urticaire pour beaucoup, et cris d’orfraies, pour
encore plus de monde !
La
Constitution, la Constitution ?
D’accord !
Mais
il se trouve que la Grande-Bretagne n’a pas de Constitution écrite ! Le
royaume d’Elisabeth II n’en est pas moins une démocratie beaucoup plus avancée
et mieux ancrée, que la jeune République quinquagénaire du Sénégal.
Oui,
le Sénégal est une très jeune démocratie,
dont les balbutiements et les hoquets sont dans le cours normal de l’histoire,
de son histoire.
On
ne va pas étouffer le bébé « démocratie sénégalaise », à cause de l’eau saumâtre de son bain !
A
cet égard, il nous faut arrêter de brandir, comme un totem fétichisant, la
lubie d’une démocratie sénégalaise qui existerait depuis les scrutins présumés
héroïques de 1848, organisées dans les Quatre Communes de Rufisque,
Saint-Louis, Dakar et Gorée, pour un corps électoral de dix mille personnes au
mieux !
Les Quatre Communes étaient françaises et les
« Sénégalais » qui y votaient étaient bien plus sûrement des Français
de nationalité et d’obédience, quelque basanée que fut la carnation de certains
de ces électeurs.
Les
Sénégalais votent, en effet, seulement depuis 1963 !
Et
cette première élection sénégalaise de 1963 avait déjà donné lieu à bien des
échauffourées, attentats à la bombe, agressions de milices et morts d’hommes.
Morts d’hommes et attentats à la bombe encore renouvelés lors de l’élection
législative de 1966.
Si
nous avons un legs bien regrettable, hérité des « élections
françaises » organisées en terre du Sénégal entre 1848 et 1956, c’est bien
celui de l’achat des consciences, du bourrage des urnes, des coteries
partisanes et du folklore politicien. Blaise Diagne est peut-être noir, mais il
fut plus surement un député français.
Il
n’est pas douteux que les temps actuels présagent des temps du malheur. Nuages
de malheurs ne peuvent être plus grands, chez nous, que quand on s’accuse
mutuellement d’être des suppôts personnifiés du Diable, capables de manger les
petits enfants !
Nous
ne pouvons vivre, continuellement, notre histoire dans l’histoire des autres
peuples et dans la comparaison, envieuse ou dédaigneuse, avec les autres
peuplades!
Il
est bien heureux, pour la culture générale du plus grand nombre, qu’on nous
convoque les arrêts des professeurs Vedel et autres sommités Carcassonne !
Ceci
n’en fera pas une jurisprudence sénégalaise, qu’il nous faut bien accepter de
prendre le temps de construire, dans les arrêts de notre Conseil
Constitutionnel à nous. Quelles que soient les imperfections que nous lui
prêtions, à tort ou à raison. A tort et à raison.
A
quelque chose malheur est toujours bon ?
L’arrêt
du Conseil Constitutionnel du Sénégal nous informe qu’un prétendant à la
magistrature suprême de notre pays peut être dispensé d’avoir un niveau d’études
équivalent à la classe de troisième secondaire. C’est une avancée démocratique.
Ceci est conforme à la composition sociale du Sénégal.
L’arrêt
du Conseil Constitutionnel nous informe que s’il remportait l’élection de 2012,
Abdoulaye Wade ne pourrait pas se représenter en 2019 (sic), à l’inverse de ce
que ce dernier vient de prétendre dans une interview. Cette information est une
clarification de notre avenir démocratique.
L’arrêt
du Conseil Constitutionnel sénégalais nous apprend que « les paroles
s’envolent et que les écrits restent ». Y compris lorsqu’il s’agit de la
parole présidentielle ! La primauté de l’écrit sur l’oral, c’est le socle
d’une société de confiance et le début d’un contrat social moderne. C’est donc
une avancée, dans la bonne direction.
La
classe politique sénégalaise et sa société civile dénoncent la funeste
« ivoirité », que la préposition « ET » a mis à feu et à sang,
10 ans durant, avec charniers en bonus.
Les
mêmes peuvent-ils, dans la foulée, contester la recevabilité
« constitutionnalisée » de la candidature du candidat finissant
Abdoulaye WADE et promettre de mettre le feu au pays, en s’accrochant à la même
préposition « ET » ?
Le
formalisme juridique est de mauvais aloi et de mauvaise foi, pour ceux d’entre
nous qui en appellent à faire prévaloir l’esprit sur la lettre !
Ne
pourrait-on, de même, ergoter que dix mille signatures, c’est dix mille ? Il
serait dès lors tout aussi « illégal » d’en avoir présenté une seule
de plus, que ce soit douze mille ou onze mille,
devant le Conseil Constitutionnel du Sénégal, pour ce qui est des trois
candidatures indépendantes recalées. D’ores et déjà, les trois retoqués du
Conseil Constitutionnel sont assurés de pouvoir concourir en 2019. C’est une
avancée de la sécurité juridique.
Pour
autant que l’engagement à servir le peuple, de ces postulants éconduits, ne soient
pas une posture de circonstance.
A
moins de croire, comme les guerriers antiques du petit village gaulois
d’Astérix, que le ciel nous sera tombé sur la tête d’ici là !
Ne
cédons pas à l’actualité sportive de cette triste « CAN Orange 2012 des
battus de Bata », pour tomber dans la facilité de comparer l’émulation
électorale de notre personnel politique à des joutes footballistiques !
La
politique n’est pas un sport, où la majorité des simples citoyens seraient des
spectateurs assis sur des gradins et confinés dans une enceinte dont ils ne
peuvent sortir, comme d’un mortel stade conakrika du 28 septembre.
La
politique est un sacerdoce, qui se veut un service du public.
Son
garde-fou s’appelle la République, sillon dont on ne peut sortir au simple
motif que votre rival en a fait une ornière !
Les
élections, un tournoi pugilistique où l’on battrait son tam-tam assourdissant
jusqu’à soulever toute la poussière du pencc ? La présidentielle, une
bousculade bourrue dont le vainqueur porté aux nues par son écurie,
remporterait une belle génisse du nom de Sénégal ? Une course au dépeçage
tong-tonguesque avec partage de quartiers de bonne chère dont la part du lion aurait
pour nom de famille le même que celui de Samba-la hyène de la fable :
Ndiour ?
Non,
non, triple non ! Le Sénégal ne saurait devenir une arène pour joutes
entre gladiateurs messianiques.
Le
bateau Sénégal est une nef, qui ne peut avoir le choix entre rester un paquebot
sécurisé ou devenir une épave naufragée sur les récifs. Le bateau Sénégal ne
peut être la nef des fous à qui mieux, mieux ! Nous n’avons pas
d’alternative !
Dieu
sait que les injustices de toutes sortes sont nombreuses dans notre pays, plus
néfastes qu’un arrêté électoral ! Des injustices fondées sur le genre,
l’extraction sociale, la
« caste », la croyance, les origines…Or, en ces matières, nous
donnons du temps au temps. A juste titre !
La
vraie alternative au Sénégal ne sera pas l’alternance générationnelle. La vraie
alternative aura lieu quand nous aurons eu une alternance sociétale.
Cette
alternance sociétale ne se décrète pas, elle se secrète. Avec du temps et si
nous le voulons.
Tant
qu’elle ne surviendra pas, il nous faudra bien continuer à subordonner tout et
absolument tout, à ce qui constitue notre valeur suprême : la paix
sociale, le maintien de la paix sociale et le retour à la paix sociale.
La paix sociale
et le maintien de la paix sociale, y compris et même au prix de
l’injustice !
On
nous tue, mais on ne nous déshonore pas ? Voyons cela.
Pour
le prix de cette paix sociale, nos devanciers ont accepté que le Maodo Mamadou
Dia et d’autres (com)patriotes soient détenus durant douze années, sans pour autant brûler le
pays.
Pour
le prix de cette paix sociale, nos ainés
blanchis sous le harnais ont acceptée que l’article constitutionnel 35 élevât
Abdou Diouf à la magistrature suprême de notre pays. Sans pour autant bruler le
pays.
Pour
le prix de cette paix sociale, Abdoulaye WADE, Amath DANSOKHO, Abdoulaye
BATHILY, et leurs mouvances ont intégré un gouvernement des socialistes au
pouvoir, où ils n’étaient que la cinquième roue du carrosse.
Pour
le prix de cette paix sociale, Abdou DIOUF a devancé tous les boutefeux
putatifs de son régime finissant, pour téléphoner sans délai à son vainqueur
WADE et a tenu à en informer l’opinion publique. Pour que le pays ne brûle pas.
Car
il faut bien que le carrosse Sénégal roule !
Il
faut bien que le bateau Sénégal ne se transforme pas en bateau le Joola, par
matin froid d’un septembre funeste !
Tous
ces Sénégalais ont humilié « leur amour –propre » et se sont fait
violence pour rendre humbles leur périssable personne, afin de pouvoir
passer la porte étroite qui mène à la table ronde des chevaliers de la Mère
Patrie.
Parce
que les barrières entre les camps avaient atteint les cimes du vertige.
Qu’il
plaise aux Sénégalais de continuer « notre histoire », quitte à ne
pas entrer « dans l’Histoire ». Nous sommes déjà entrés dans
l’histoire, nous sommes en plein dans notre histoire.
Choisissons
de continuer notre histoire propre, dans le débat contradictoire et les
compromis résolutoires!
En
2011, plusieurs peuples africains ont choisi d’entrer « dans l’Histoire »,
de façon primesautière et dans des senteurs de printemps.
Il
n’est pas sûr, quelques mois après ces « révolutions », que les Libyens, les Egyptiens ou les Tunisiens
aient repris en main leur destinées, d’entre les fourches caudines du
conservatisme social et de l’arriération citoyenne !
Les
Tunisiens et les Egyptiens « libérés de la dictature », se sont
livres démocratiquement à des partis politiques islamistes. Catégorie politique
dont la majorité des démocrates sénégalais trouvent normal qu’ils ne soient pas
autorises à compétir électoralement dans notre pays ! Ce qui est bien.
Les
Libyens « libérés de la
dictature » ne sont pas assurés que leur pays ne devra pas être partagé en
deux, comme condition du retour à la paix sociale. Mais cela est leur histoire.
Nous
ne pouvons détester qui nous sommes. Mais nous pouvons améliorer ce que nous
sommes. Individuellement et collectivement.
A
la faveur des révolutions, la fameuse « République française de 1789, de
la liberté et des droits de l’homme» a dû renaitre 5 fois ! Dans des gésines qui ne furent pas toujours
douloureuses et sanglantes!
Avant
que de s’installer définitivement en 1965. Avec à sa tête le plus incongru des démocrates
qu’il fut possible d’imaginer pour ses contemporains : le général de
Gaulle, auteur du fameux « coup d’Etat permanent », selon la formule
de François Mitterrand !
Entre
ces 5 républiques françaises, il y eu deux fois la monarchie, et pire, deux
fois l’empire !
Empire
français, dont le second du nom en 1851, fut instauré par un petit-fils de Napoléon,
qui trois ans plus tôt, avait été élu démocratiquement, à la fonction de…Président
de la République.
Les
femmes de France n’ont acquis le droit à exprimer leur suffrage qu’en 1945, et
le clergé de ce pays joua fermement, auprès de ces ouailles féminines, le rôle
de conseiller en « vote adéquat », jusque dans les années 60. N’y avait-il pas de
Conseil Constitutionnel en France avant 1945, pour juger que les femmes pouvaient
et devaient voter ? Il y avait bien un Conseil Constitutionnel !
Ce
n’est que sous Sarkozy Président, en 2005, que la Constitution française a limité
à deux, le nombre de mandats présidentiels possibles à un impétrant.
Le
Conseil Constitutionnel français compte, parmi ses « sages » et comme
membres de droit, les anciens Présidents de la République que sont Jacques
Chirac et Giscard D’Estaing.
Il
n’est pas sûr que si Abdou Diouf eut complété de sa haute taille le quintette
de « sages » constitutionnels sénégalais, cela aurait été considéré
comme une garantie d’impartialité de cette instance ! En sommes-nous
« plus démocratiques » que les enfants de Marianne ?
Le
personnel politique français a « humilié son amour-propre » et contraint
leur personnes à la sagesse, en appelant à voter pour le sortant Chirac (élu à
82%), pour « sauver la République » et au motif patriotique que Le
Pen et son affront national était au deuxième tour de la présidentielle !
On
n’en a pas pour autant interdit le Front National en France depuis lors !
C’est la démocratie et cela est bien !
De
l’autre côte de l’Atlantique, Al Gore, qui aime à se présenter comme celui qui « faillit »
être Président des Etats-Unis, est encore de monde. Il vit une autre vie, sans
jamais avoir été le maitre de la première puissance du monde.
Il
est pourtant avéré qu’en 2000, il a remporté les élections américaines, en ce
qui concerne le nombre de votes populaires.
Le
décompte des voix qui s’éternisait devant la Cour suprême des USA, à l’hilarité
du monde entier, c’est Al Gore qui a choisi d’y mettre un terme, en donnant
acte de la victoire à Bush Junior, par une lettre de désistement à la Cour
suprême de son pays.
Gore
l’a fait pour éviter à la Nation de Lincoln, quelque chose de plus grave que le
sang versé : le ridicule qui menaçait les USA aux yeux du monde, avec ces
arguties juridiques interminables.
Le
même pays de Lincoln, grande démocratie qui se déchira pour l’abolition de
l’esclavage des Noirs entre 1861 et 1864, n’en a pas moins dénié leurs droits
civiques aux Noirs jusque dans les années 60. N’y avait-il pas un Conseil
Constitutionnel américain pour juger que les Noirs devaient et pouvaient
voter ? Si ! C’est leur histoire. Cela fait partie de
« leur » histoire.
Quand
la fin justifie tous les moyens, elle devient une faim qui veut faire le
bonheur de tous au prix d’infliger tous les malheurs à beaucoup. Cette soif
sans poire ne s’appelle plus la démocratie.
La
révolte est, il est vrai, le début de la lucidité. La révolution, qui est
belle, est la fille de l’extralucidité, qui est folie.
Le
manque de confiance au sein du personnel politique des deux camps (opposition
et pouvoir, société civile respective des deux camps), manque de confiance
entre des camps opposés dont les caciques ont maintenant tous été au
gouvernement et aux affaires du pays, renseigne bien sur une chose : l’achat
des votes des électeurs est la chose la mieux partagée et le tabou le mieux tu,
dans ce pays.
Or,
on ne peut blâmer les électeurs de leurs choix, l’électeur ayant toujours
raison. Doit-on se résigner à le flatter, pour l’éloigner de son choix
lié ?
Appeler
les gens « à prendre l’argent corrupteur et à voter contre celui qui leur
apparait pourtant, dès lors, comme un bienfaiteur » ? ; C’est
demander à des naufragés de choisir le bras qui leur lance la corde
salvatrice : contreproductif, car cynique !
C’est
demander à des personnes, qui n’ont jamais eu que leur dignité, de ne pas faire
la seule chose dont ils sont sûrs qu’elle leur rendra cette
dignité troquée: Payer de retour l’argent corrupteur, pour ne plus devoir
à personne.
C’est
demander à des naufragés de la vie, de prendre la main apparemment secoureuse
qu’on leur tend, pour ensuite en bouter ceux qui les leur tendent hors du
bateau, une fois que l’on sera à bord : utopique, car nous sommes tous à
bord de la même galère !
Puisque
nous ne pourrons jamais « changer de peuple »,
Etant
donne que nous ne pourrons pas « changer
le peuple » du jour au lendemain,
Alors,
il est temps que la classe politique, aidée par la société civile, s’oblige à
réfléchir à un changement des règles du jeu politique!
La
fin de l’injustice républicaine, ce sera de trouver des mécanismes de désignation
de nos représentants, qui devront être des mécanismes de désignation par
consensus, conformes aux dispositifs de maintien de l’équilibre sociétal du Sénégal, tels qu’ils
sont appropries par la majorité des citoyens de ce pays.
Cela,
quitte à enfermer tous les leaders d’opinion (« kilifas aada » et
« kilifa diiné ») dans une enceinte close – le tata de nos aïeux ou
des assises nationales inclusives de tous les camps politiques– . Et à les
obliger à y rester tous ! Jusqu’à
ce que la fumée blanche de leurs bulletins en cendres dans un encensoir, s’en
échappe. Comme de la chapelle Sixtine papale. Pour nous annoncer l’élection
d’un nouveau …« Résident de la
République ».
A
quelque chose malheur est bon ?
Il
serait très léger de dire que les Assises nationales, qui ont fait suite au
boycott des élections législatives de 2007 par l’opposition, n’ont pas produit
une charte de gouvernance audacieuse ; il serait faux de soutenir qu’elles
n’ont pas amorcé une réflexion féconde sur un projet sociétal national ;
il serait erroné d’affirmer qu’elles n’ont pas interroge l’équilibre des
pouvoirs de façon pertinente. Il faudra bien reconduire le même exercice, un
jour, avec toutes les composantes du champ politique et citoyen.
Toutefois,
en arriver à faire de la diabolisation expiatoire et du « lynchage
électoral » du candidat finissant Abdoulaye WADE, les uniques préalables à
la mise en place de ce nouvel ordonnancement républicain issu des Assises?
Cela
relève, un peu beaucoup, de l’exorcisme politique et, non pas totalement, de la
démocratie.
« Avoir
toujours raison, c’est un bien grand tort » (TURGOT). Surtout, quand on ne
s’obstine pas à essayer de créer les conditions d’un consensus sur les modalités
d’exercice et d’accès au leadership national.
Il
s’agira de remplacer « la démocratie des majorités bloc à bloc » par
une « démocratie des consensus côte à côte », qui reste à inventer ou
à réinventer.
La
première modalité risque d’en être – hélas ! - , le gouvernement d’union
nationale dont Abdoulaye Wade a eu la prescience préélectorale dans son pénible
discours de fin d’année.
Cette
modalité politique de gestion du leadership national devra bien intervenir, avant
ou après des élections présidentielles, dont la tenue est aujourd’hui annoncée
comme hypothétique et dont la bonne tenue est prévue comme devant être
certainement catastrophique.
Le
« pencco » sera aussi inéluctable que la guerre de Troie, qui ne
devait pas avoir lieu.
Cette
modalité ne devrait être que le début, et non pas une fin.
Sinon,
cela ne sera qu’un nouveau « paacco », auquel nous a habitué la
gouvernance politique de ce pays depuis « l’Indépendance » de 1960.
Oui,
dans le cas contraire, c’est le peuple qui aura été le dindon de la farce, de la
part de tous ceux qui ont choisi d’ériger la politique en métier ou en occasions
sporadiques à saisir.
Ils
nous ont administré la preuve renversante, qu’ils peuvent faire l’exact
contraire de l’adage qui veut que « qui peut le plus, peut le moins ».
Parce qu’ils peuvent le moins, demandons leur de faire le plus. Ce plus, leur demande
à tous, de se faire violence.
Nous avons besoin de bien plus que de 5 « sages »
pour que le Sénégal ne brule pas.
Il
faudra bien recruter le reste du contingent de « sages » dans la
classe politique et dans la société civile, tous camps confondus et toutes
sensibilités politiques.
La
révolution a peu fait avancer les peuples et la réforme les a beaucoup fait
progresser.
Le
rituel électoral ne peut résumer et contenir, à lui tout seul, une démocratie.
Il n’en est qu’un élément parmi d’autres. Peut-être même en est-il le plus
petit !
« Un homme, une voix », ce n’est que
la cerise sur un gâteau, dont la pâtisserie nécessite un pétrin de longue
haleine et le va-et-vient durable d’un rouleau qui s’appelle le temps.
La simplicité du recours aux votes, comme une
opération du « Ceint-Esprit », pour départager des impétrants et un
sortant, ne peut suffire à en faire un talisman. C’est trop facile !
Une
danse du scalp autour de deux crânes chauves, quitte à brûler la case de tous
les Biramas du Sénégal ? Nous
devons nous l’interdire à nous-mêmes !
Ce
texte se veut non partisan. Il n’en reste pas moins que l’auteur de ces lignes
a ses préférences partisanes.
Libre
aux lecteurs de tenter de deviner cette inclination politique et que le silence
me soit permis dessus, puisque l’expression du suffrage reste présumée secrète dans
ce pays.
Cet
aveu est fait, au risque bien naturel, de disqualifier ce texte aux yeux des moins indulgents des lecteurs.
Ce
texte se veut également un rappel humble des leçons de « l’Histoire »,
et en aucun cas une leçon de choses.
La
principale leçon à tirer de « l’Histoire » ? L’histoire des
autres peuples ne peut servir qu’à éviter leurs erreurs aux autres peuples.
« L’Histoire »
ne sert jamais à un peuple à répéter, chez soi, les gestes et « la geste »
qui ont été propres à la trajectoire d’un autre peuple.
Ceci
est écrit, au risque, encouru bien volontiers par votre serviteur, d’être
traité de « traître à la révolution ».
Hé
bien, la révolution a mangé bien de ses enfants !
La
démocratie coûte cher ? La paix sociale vaut encore plus cher !
La
démocratie suppose une société de confiance.
Refondons
la confiance, avant que de la déléguer !
Ousseynou Nar GUEYE
Electeur certain d’une élection
hypothétique
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