La zone franc et sa monnaie le franc CFA constituent le seul
système monétaire colonial au monde à avoir survécu à la décolonisation. La
mise en place progressive de ce système est le résultat de choix stratégiques
de
Les monnaies africaines sont supprimées et des banques privées appartenant aux
colons mais contrôlées par
La puissance coloniale exploite les matières premières des colonies pour
alimenter l’industrie française et utilise les colonies comme débouchés pour
les produits français.
Suite à la crise de 1929,
La monnaie franc CFA (Colonies Françaises d’Afrique) est
quant à elle créée en 1945 afin que la dévaluation du franc français au sortir
de la guerre n’affecte pas les marchés des possessions africaines de
Au moment des indépendances, la quasi-totalité des anciennes
colonies françaises d’Afrique subsaharienne décide de rester dans le giron de
Mais
Au Togo, ancienne colonie allemande membre de la zone franc depuis 1949, des voix s’élèvent également contre le franc CFA en la personne du président Sylvanus Olympio. La sortie de la zone est prévue pour 1963 mais Sylvanus Olympio est assassiné juste avant que l’indépendance monétaire du pays ne soit acquise.
Ce n’est que dix ans plus tard, en 1973, que la zone connaît
de nouvelles modifications avec la sortie de
C’est également à la période des indépendances que des banques centrales dont seulement la moitié des administrateurs sont des représentants africains sont créées pour émettre le franc CFA. Les présidents de ces institutions sont néanmoins français et restent maîtres de toute décision.
Pendant les années 1970 la zone franc connaît des ajustements à la fois techniques et symboliques : révision des accords de coopération monétaire, déménagement des sièges des banques centrales de Paris à Dakar et Yaoundé, diminution du nombre de représentants français au sein des Conseils d’Administration.
D’autre part deux nouveaux pays signent des accords de
coopération avec
Malgré ces changements,
La zone franc : une gestion et des principes au service des intérêts français
La zone franc englobe donc aujourd’hui quinze pays : huit pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), six pays d’Afrique centrale (Cameroun, République Centrafricaine, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad) et les Comores.
C’est une organisation financière, monétaire et économique,
dont le cœur est
Le système franc CFA est basé sur quatre grands principes : la centralisation
des réserves de change au Trésor public français, la fixité de la parité franc
CFA/euro, la libre convertibilité du franc CFA à l’euro, et la libre
circulation des capitaux entre
A ces principes s’ajoutent la participation française aux
instances de direction des banques centrales africaines, pièce maîtresse du
système CFA puisqu’elle garantit l’application sans faille des quatre principes
précédemment cités.
La centralisation des réserves de changes : un principe qui bloque l’économie
des pays de la zone franc
Chaque banque centrale de la zone franc possède un compte d’opérations au Trésor public français et doit y déposer une partie de ses réserves de monnaie. Depuis 2005, 50% des réserves de change doivent être stockées sur le compte d’opérations en France (jusqu’en 2005 ce pourcentage était de 65).
Il y a donc actuellement environ 8000 milliards de francs
CFA venant de
C’est autant d’argent qui est amputé du budget des États de
la zone franc.
Pire, la part d’intérêts versée aux banques centrales est
comptabilisée dans l’Aide Publique au Développement ! Dépouillés de la moitié
de leurs recettes, les pays africains de la zone franc se retrouvent ainsi dans
une situation économique et sociale très difficile, d’autant plus que
La parité fixe franc CFA-euro : une entrave à la compétitivité des économies
africaines dans le monde
Hier lié au franc français, le franc CFA est aujourd’hui arrimé à l’euro, c’est-à-dire que la valeur du franc CFA sur les marchés mondiaux dépend de celle de l’euro. Autrement dit, les pays africains de la zone franc n’ont pas le contrôle de leur politique de change et subissent les fluctuations du cours de la monnaie unique européenne.
Les recettes de leurs exportations doivent être converties en euro avant de l’être en franc CFA, ce qui signifie que si la conversion entre l’euro et les monnaies étrangères fluctue, les recettes des pays africains de la zone franc fluctuent également.
Actuellement la valeur de l’euro se renforce par rapport aux monnaies étrangères. Par conséquent, la compétitivité des pays de la zone euro, et donc de la zone franc, diminue par rapport au reste du monde.
Une baisse de la compétitivité signifiant une plus grande
difficulté à vendre ses produits sur le marché mondial, les conséquences pour
les pays africains de la zone franc d’un arrimage à une monnaie forte comme
l’euro sont considérables : les économies restent faibles, et les population se
paupérisent car les matières premières qu’elles produisent ne peuvent ni être
exportées ni être transformées.
La libre convertibilité franc CFA/ euro et la libre circulation des capitaux ou
comment légaliser la fuite des capitaux
La libre convertibilité s’applique des pays africains de la
zone franc à
Les principes de libre convertibilité et libre circulation des capitaux
favorisent également la fuite des capitaux de l’Afrique vers
La participation française à la gestion des banques centrales africaines
Dans les trois banques centrales de la zone franc, des
administrateurs français siègent aux Conseils d’Administration (CA). Dans les
faits, la présence d’administrateurs français garantie par les statuts des
banques centrales confère à
Au CA de
La situation est la même à
Un système monétaire qui constitue une entrave à la souveraineté des États
africains de la zone franc
Le franc CFA est un liant qui cimente les relations
économiques entre
Malgr
Cinquante ans après les indépendances, la politique monétaire de la zone franc
reste donc décidée par
Cinquante ans pendant lesquels cette politique a été
complètement déconnectée des vrais enjeux du développement africain tout en
permettant à
Le modèle imposé par le système franc CFA induit une
verticalité des échanges (Nord-Sud) au détriment d’une coopération horizontale
(Sud-Sud). Un tel système financier, au service des intérêts économiques et
politiques de
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