La propagation vertigineuse du coronavirus (covid 19) et son cortège de victimes dans les pays les mieux outillés au monde en termes de plateaux techniques médicaux, ont fini de convaincre que cette pandémie requiert des réactions énergiques rapides. En 24 heures, un pays comme l’Italie a enregistré 250 morts.
Il ne s’agit pas de verser dans la panique et la psychose mais de faire face au fléau proportionnellement à sa dangerosité. La plupart des pays du monde ont une claire perception de cette réalité et agissent en conséquence.
Il est établi que parmi les facteurs favorables à la dissémination du virus, figurent en bonne place les grands rassemblements. Si certains Etats sont allés jusqu’à fermer les écoles et universités, interdire les messes dans les églises ou encore les prières dans les synagogues, si l’Arabie Saoudite ferme ses portes aux pèlerins du monde en suspendant la omra et envisage de ne pas organiser le hajj en 2020, c’est précisément parce que la gravité de la situation l’exige.
Pendant ce temps, l’Etat du Sénégal fait dans l’attentisme. Le Ministre de la Santé et de l’Action sociale va voir le Khalife général des mourides pour lui parler, mais se garde de lui dire l’essentiel. Le Chef de l’Etat se tait.
Il faut savoir faire la part des choses : les confréries et l’église jouent, certes, un rôle important dans notre société, son fonctionnement et son équilibre, mais il existe des domaines qui relèvent des prérogatives exclusives de l’Etat.
Lorsque, comme c’est le cas aujourd’hui, la sur/vie des citoyens est en jeu, l’Etat n’a besoin de l’autorisation de personne pour prendre des décisions que tout citoyen, sans exception, doit respecter, sous peine de sanction.
Le Chef de l’Etat doit s’adresser aux Sénégalais et leur dire avec courtoisie mais fermeté que tous les grands rassemblements, y compris religieux, sont interdits jusqu’à nouvel ordre. Ainsi, préciser sans ambages que le Daaka, l’Appel des Layènes, la Magal, le Gamou, le Kazu Rajab et les ziarras sont suspendus jusqu’à la maîtrise de la calamité.
Bien entendu, l’Etat doit solliciter l’accompagnement des guides religieux et d’autres porteurs de voix (médias, ONG, etc.) qui peuvent jouer un rôle très important dans la sensibilisation des citoyens. Je demeure convaincu que ces guides religieux sont des patriotes soucieux du bien-être des populations de notre pays. Il s’agit donc de leur faire comprendre la pertinence des mesures que l’Etat décide de prendre.
Dans le contexte actuel, les conseils précieux dont l’Etat a besoin et sur lesquels il doit fonder ses décisions, sont ceux que donnent les experts, notamment les techniciens de la santé (nos vaillants médecins et infirmiers, l’OMS, etc.). Evidemment, d’autres acteurs doivent être pris en compte : spécialistes de sciences sociales, environnementalistes, etc.
Je ne perds pas de vue ni ne sous-estime la mobilisation du gouvernement et de nos structures sanitaires dans la lutte contre la maladie. Le Sénégal a des compétences et une expérience avérées dans le domaine de la médecine. L’école de médecine de Dakar n’a-t-elle pas célébré ses cent ans d’existence il y a quelque temps ? Mais cela ne devrait guère occulter que notre plateau technique reste encore faible. D’où l’enjeu de mettre l’accent sur la prévention. Il ne faut pas se voiler la face : tant que c’est quelques dizaines qu’il faut traiter, notre système sanitaire pourra se débrouiller tant bien que mal. Mais si les malades diagnostiqués positifs devaient se compter par centaines, comme ailleurs – Dieu nous en garde - , ce serait la catastrophe.
Monsieur le Président, l’heure est grave.
Nous ne sommes pas contre un pouvoir pédagogue, mais, là, en ce moment, nous avons besoin d’un pouvoir fort qui transcende les états d’âme.
Attention, DANGER !
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