
L’intervention
de l’armée française a mis un terme à 9 mois de coupure territoriale et de
césure administrative du Mali. Elle marque la fin d’un immobilisme périlleux
qui équivalait à un cancer en voie d’expansion dans la sous-région ouest
africaine. Et amorce le temps des changements à la mesure de l’épaisseur des
défis charriés par la crise ; parmi lesquels figurent le désordre
institutionnel et l’équation des « identités meurtrières » pour paraphraser Amine Maalouf.
« On ne ment jamais autant que pendant la
guerre ; et avant les élections » répétait, mi-amusé mi-sérieux,
Georges Clemenceau. Savante et véridique
boutade à laquelle la guerre au Mali n’a point échappé. Car, entre les
explications acceptables et les justifications probantes, l’opération militaire
française baptisée du nom de code « Serval » masque sûrement une
somme de non-dits.
Lancée sous le sceau de l’urgence et avec une montée
en puissance fulgurante, Serval a – en un temps court – coiffé ses principaux
objectifs sur le champ de
bataille ; notamment dans le triangle difficile d’accès : Tombouctou,
Gao et Kidal.
Pareille débauche d’efforts opérationnels, logistiques
et financiers ne peut être vide et / ou vierge de buts sous-jacents dans un
pays (le Mali) bordé par sept Etats dont un seul (l’Algérie) n’a jamais figuré
dans le fameux pré-carré, c’est-à-dire cette chasse gardée politique et
économique au sud du Sahara que ni les professions de foi des gouvernements de droite,
ni les programmes électoraux des partis de gauche n’ont jamais supprimée. Bien
au contraire.
Jusque-là moins cadenassé que
Dès lors, Paris fort de son coup de poker diplomatique
et militaire largement réussi – nonobstant l’approbation gênée et l’aveu
d’impuissance de l’Union Africaine – aiguillonne la manoeuvre et ouvre un
agenda lesté de trois chapitres : juguler le péril islamo-terroriste (déjà
stoppé et refoulé) ; recouvrer l’intégrité du territoire malien issu de la
décolonisation en 1960 ; et – secousses à répétition obligent – remembrer
l’entité nationale suivant une épure fédérale, fédérative ou confédérale.
Cette idée de reconfiguration de l’entité malienne fait florès depuis la sanctuarisation du
Nord-Mali par Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) en collusion avec les
autonomistes touaregs. Avec d’autant plus de fortune qu’elle est curieusement
partagée, non sans arrières-pensées différentes, par l’Algérie,
En revanche, le Sénégal qui se coltine depuis trente
ans le dossier casamançais, est évidemment plus réservé voire hostile à toute
autonomie du Nord-Mali. En effet, les risques de contagion nés de
l’indépendance du Sud-Soudan proclamée en février 2011, meublent de cauchemars,
le sommeil des dirigeants sénégalais. Lesquels ont dépêché un bataillon de 500
hommes au Mali. Pour Dakar, autonomie et statut spécial sont synonymes de
démantèlement potentiel de la nation.
Sous cet angle, l’après-guerre a déjà commencé avec
les manœuvres tous azimuts. Téléguidée et assistée par les barbouzes de
Bref, le vétéran de la cause autonomiste converti au
salafisme qu’est Iyad AG Ghali, n’est
manifestement pas la carte que joue Paris au Nord-Mali. Ses accointances
anciennes avec les services spéciaux algériens et sa position rigide à propos
de la charia l’ont disqualifié aux yeux du parrain français et du facilitateur
burkinabé. Au demeurant, Ouagadougou n’a jamais cessé de jouer sa partition
dans ce que les observateurs avisés appellent le « coup du 16e
parallèle », allusion à la future frontière entre le nord et le sud du
Mali, située précisément à la hauteur de cette ligne.
La prise – sans le moindre coup de feu – de la ville
de Kidal (fief des Touaregs sous contrôle du MLNA) par les soldats français
d’une part ; et l’interdiction faite à l’armée malienne de s’approcher de
Tessalit d’autre part, dévoilent une sorte de deal ou de combine dans les plans
opérationnels de Serval. Et les desseins de l’Elysée au Mali. « Il y a
toujours une facture à payer quand quelqu’un vous fait gratuitement un
travail » dit l’adage.
Mais la feuille de route de Serval dépasse l’Azawad
malien. Son pendant oriental, c’est-à-dire l’Est nigérien abrite le gisement
d’uranium d’Arlit dont l’exploitation plus que cinquantenaire – successivement
par le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) et par AREVA – a assuré à
En deçà du volet militaire – Serval en tant que
précurseur et fer de lance de
Ensuite, Serval remplacée au Nord par
A cet égard, certains analystes se demandent si le
destin de Sanogo n’est pas en train de vaciller ? A Bamako, on murmure
qu’après la libération du Nord, il faudra également libérer l’enclave de Kati,
la ville-garnison située à 15 km de Bamako qui est le berceau du putsch et le
siège des putschistes. Question : sur quoi va déboucher le face-à-face
entre le QG de Serval, sur l’aérodrome de Bamako et le PC de l’ancienne mais
vivante junte, installé à Kati ?
On s’achemine incessamment vers une division du
travail. Dans les sables et les montagnes de l’Azawad, on enverra
Après le bras de fer entre Wade et
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