Marlène Schiappa avait réconforté de nombreuses mères au bout du rouleau lorsqu’elle avait lancé son blog « Maman travaille ». Lors de la publication de son guide* à destination des mères actives en 2011, elle nous avait dévoilé dix bons plans pour assurer aussi bien au bureau que côté perso. Et cela en évitant la cata !
1. JE GÈRE MA GROSSESSE (ET MES NAUSÉES !) AU TRAVAIL
« En théorie, on peut faire sa Rachida Dati et aller au bureau jusqu'à l'accouchement ou presque. En réalité, on a toujours un "signe sympathique", comme disent avec ironie les médecins, qui nous empêche d'aller travailler le cœur léger », explique Marlène Schiappa, qui rentre dans le vif du sujet et le côté très très pratique des choses, à savoir : comment gérer nausées et déjeuner de travail ? « Un simple repas de travail doit s'anticiper et se planifier avec une stratégie digne de la guerre de Corée : évitez les endroits odorants, les plats épicés, et munissez-vous d'anti vomitifs validés par la sage-femme pour éviter de se lâcher sur les chaussures de son boss - ce qui n'est pas du meilleur effet. » Les femmes interrogées dans le livre « Maman travaille » confient toutes avoir eu deux alliés précieux : le citron et la menthe. En outre, pendant une grossesse, n’oubliez pas que vous bénéficiez de certains droits comme l'aménagement de poste ou l'interdiction d'être licenciée (sauf en cas de licenciement économique ou de faute grave).
2. JE COMMUNIQUE AVEC MON BOSS
Annoncer sa grossesse ou préparer son retour de congé maladie, cela se prépare. Et « pour bien communiquer avec son employeur, il est primordial de connaître ses droits de future mère ou de mère active », explique Marlène Schiappa. « On peut s'adresser aussi à un délégué du personnel, un syndicat, une association de parents actifs, l'inspection du travail... en commençant par se procurer la convention collective dont on dépend. On peut y découvrir de bonnes surprises. Ensuite, gardez à l'esprit qu'on n'est pas dans le conflit, mais dans la conciliation, le compromis. Arriver avec une liste d'exigences fermes et non négociables ne mène à rien si l'on veut garder de bonnes relations avec son employeur; sans pour autant se laisser faire, évidemment. »
3. JE TROUVE UN MODE DE GARDE FIABLE
C’est « la préoccupation première des parents actifs, faute de quoi ils (souvent, elles, dans 96% des cas) se retrouvent obligés d'arrêter de travailler pour garder leurs enfants ! », rappelle Marlène Schiappa. Selon le rapport Tabarot, il manque 320 000 places en crèche. La jeune femme propose dans son livre des techniques pour réussir à dénicher une place en crèche. Par exemple, un modèle de lettre à envoyer à la mairie et les grandes étapes à suivre. Elle insiste aussi sur la nécessité de lister ses besoins comme des horaires souples ou des tarifs accessibles. « Pour le choix d'une nourrice, fiez-vous à la fois au tangible (ses références) et au feeling. Un détail : répond-elle au téléphone ? Quel est son pseudo sur le site de nourrices ? "EmileLouisFromParis" et "[email protected]" pouvant être éliminés d'office... »
4. JE GÈRE LES IMPRÉVUS
Selon Marlène Schiappa, « la vie de mère active serait trop facile sans les imprévus qui vont avec... mais finalement, ces "imprévus" sont prévisibles : ce sont toujours les mêmes ! ». Un enfant malade ? Vous avez droit à cinq jours par an pour le garder d'après le Code du travail (plus sans doute d'après votre convention collective). C’est peut-être le moment ou jamais de tester le télétravail, surtout si jusque là votre employeur n'était pas très chaud. Mais attention à la manière de formuler les choses, prévient la jeune femme : « Au moment de prévenir votre employeur, ne vous épanchez pas "il a les selles vertes, je penche pour une bronchiolite mais le kiné respi est déjà passé dimanche..." ! Soyez efficace et anticipez les demandes de votre boss. Votre message doit être clair : "Mon enfant est malade, je ne peux pas venir travailler, voilà comment je propose d'organiser mon travail du jour (rattraper, déléguer, télétravailler,etc...) " .
En cas de préavis de grève à l’école, l’auteure de « Maman travaille » propose d’organiser des « tours » avec les autres parents. Elle explique aussi que « si vous envisagez de venir travailler avec votre enfant, n'espérez pas une journée productive et demandez l'autorisation au préalable ». Que faire si l’école vous téléphone pour venir chercher vos enfants ? « Vous pouvez répondre systématiquement que vous n'êtes pas disponible, sauf bien sûr énorme souci ou hospitalisation... Pour une gastro ou un bobo, votre enfant sera choyé par l'infirmière scolaire ou un animateur à l'infirmerie, on ne le mettra pas dehors ! Tranquillisez-vous. »
5. J’IMPLIQUE LE PÈRE DE MON ENFANT DANS LES TÂCHES MÉNAGÈRES
« Tout se joue en début d'année ! » Marlène Schiappa est catégorique. Et stratégique ! « Inscrivez le numéro de portable du père de vos enfants, pas le vôtre : ainsi, c'est lui qui sera appelé en cas de problème, maladie, etc… ». A la maison, l’auteure conseille de s’approprier la technique « CQFAR », donnée par Ségolène Finet, chef d'entreprise et mère de 3 enfants, dans le livre « Maman travaille ». « CQFAR signifie Celui Qui Fait A Raison. Habillage, courses, repas : lâchez du leste. Et dédramatisez : il ne fait pas comme vous, mais il fait. Et pas forcément moins bien que vous... ». Par ailleurs, si vous faites partie de l'immense majorité des femmes qui s'acquittent de 80% des tâches ménagères, vous pouvez utiliser des phrases toutes prêtes ayant fait leurs preuves et compilées dans le livre. Un exemple : « Mon amour, toi qui a des muscles, j’aurais une mission à te confier : pourrais-tu s’il te plaît descendre la poubelle à couches ? ».
6. JE ME PRÉPARE EN DIX MINUTES LE MATIN
« Quand vous n'aviez pas d'enfant, vous aviez le temps de vous faire un smocky eye et un brushing. Maintenant, si vous avez le temps de vous raser les deux jambes le même jour, vous considérez que vous avez "pris du temps pour vous"... », témoigne avec humour Marlène Schiappa. Les mères du réseau « Maman travaille » partagent leurs trucs pour gagner du temps le matin, sans courir pour autant. « Concrètement, elles optent pour des tenues déclinées dans trois couleurs maximum, et achètent les basiques en plusieurs exemplaires : ça leur évite de courir après leur legging dans la salle de bain pour finir par s'apercevoir qu'il est dans la machine. Rachel, une mère active de deux enfants et deux beaux-enfants, explique qu'elle prépare tout le soir. Ainsi, le matin, même en cas de dernière minute (le bébé rend son biberon sur son beau tailleur d'entretien d'embauche...) elle est "large". »
7. J’UTILISE LES TEMPS MORTS
Pour les mères actives, il est essentiel de limiter les galères et les attentes. « Le pédiatre a une heure de retard ? On arrive avec une heure de retard aussi... Un des enfants a une grippe ou une gastro ? On les emmène tous chez le pédiatre : c'est une question de jours avant de devoir se re-farcir la salle d'attente pour le nouveau contaminé. Et si vous allez à La Poste, aux impôts... n'emmenez pas vos enfants (personne ne vous laissera passer de toute façon, quand on appelle le numéro 4 et que vous avez le 702 dans la main) et utilisez ce temps mort pour répondre aux mails en retard, faire les menus, signer le cahier de correspondance, etc ». Et en 2011, n’oubliez pas que beaucoup de choses peuvent de gérer sans avoir à se déplacer, via le web. Vous pouvez également avoir recours aux agences de services à la personne qui gèrent ces corvées pour vous. Très cher, oui, mais remboursé à 50% en crédit d'impôt.
8. JE FAIS LA SIESTE AU BUREAU !
D'après les médecins du travail interrogés dans le livre « Maman travaille », faire la sieste serait positif et améliorerait la productivité ! « Une pause très utile quand on passe des nuits hachurées par les terreurs nocturnes / les biberons / les pipis au lit et autres joies de la maternité », explique Marlène Schiappa.« Après avoir obtenu une autorisation écrite de votre employeur, trouvez une pièce vide et fermez les yeux dans le silence. Les coachs de cadres sup et de personnes surbookées donnent ce petit truc de la micro sieste : on s'endort avec un crayon dans la main, quand on le laisse tomber, le bruit nous réveille. Cela permet à l'organisme de se mettre en veille une minute, ce qui suffit. »
9. JE ME SERS DES RÉSEAUX DE FEMMES
Pour les femmes qui trouvent très compliqué de concilier travail et maternité, n’hésitez pas à rejoindre des réseaux de femme. Non seulement, c’est le moment de casser l’isolement mais aussi de militer pour faire évoluer les choses. Sur le site du réseau « Maman travaille », vous pouvez d’ailleurs découvrir dix propositions formulées par des femmes actives.
Pensez également aux alternatives qui existent. « Le 4/5 peut vous permettre de décélérer le rythme, à condition qu'il soit un véritable 4/5 et pas un mercredi en télétravail en plus des enfants, sinon c’est craquage assuré », avertit Marlène Schiappa. Idem pour le télétravail : « c'est une piste qui vous permet d'éviter les temps de transports, à condition que vos enfants disposent d'un vrai mode de garde et qu'il soit clair pour votre compagnon que vous n'êtes pas mère au foyer. Vous pouvez aussi créer votre autoentreprise ou votre entreprise et devenir "mompreneur" : un mot qui vient d'entrer dans le dictionnaire aux Etats-Unis ! »
10. JE DÉCULPABILISE ET J’ÉVITE LE BURN-OUT
Comment éviter le burn out ? L'essentiel : revoir à la baisse ses exigences envers soi-même. « Si vous avez du mal à boucler vos dossiers, pourquoi en plus proposer d'accompagner une sortie scolaire ? Ne vous ajoutez pas des obligations, vous en avez déjà assez. Par ailleurs, détendez-vous : arriver en retard n'est pas dramatique, si c'est ponctuel. Votre enfant ne sera pas sur le trottoir à 17 heures, il ira à la garderie. A la fermeture, pour une fois, si vous n'abusez pas et que vous prévenez, l'équipe peut le/ la garder avec des coloriages pendant quinze à vingt minutes. L'enfant conduit au commissariat parce que sa mère est arrivée en retard, c'est un mythe... », explique Marlène Schiappa. Et d’ajouter : « Et souvenez-vous : Bree van de Kamp n'existe pas. La mère parfaite non plus. Dans le livre, on détaille les bonnes raisons qu'ont les mères de travailler. Si vous êtes convaincue que vous avez raison, votre enfant le sera aussi. Déculpabiliser : c'est le maître-mot. »
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