
Ceux qui observent l’actualité politique sous nos tropiques ont encore en mémoire le discours émouvant du président Wade le 3 avril 2009, deux semaines après la débâcle qui aura coûté les élections locales au camp du PDS, le parti au pouvoir.
On se rappelle le discours du président Wade qui à l’occasion de la fête nationale du 4 avril 2009 déclarait tirer tous les enseignements de cette défaite imputable à la présence de son fils, Karim Wade dans les listes électorales, une initiative qui aura coûté la mairie de Dakar et bien d’autres collectivités au Parti démocratique sénégalais. Mais l’opinion a été prise de court lorsqu’elle s’est rendu compte que Wade n’avait tiré aucun enseignement de ces consultations électorales que lui-même avait transformées en un référendum, pour ou contre son fils. Un fils que le père a ensuite nommé dans le gouvernement avec les charges pesantes qu’on lui connait aujourd’hui. Nous sommes à peu près dans le même cas de figure, à quelques heures de l’adresse à la nation du chef de l’Etat, à l’heure où les forces vives de tous bords réclament le départ immédiat de celui dont la présence dans le gouvernement aura mis tout le monde mal à l’aise, y compris dans les rangs du PDS. Faudra-t-il s’attendre à ce que le président abdique devant l’échec et le rejet patents que continue d’essuyer Karim Wade, dont Robert Bourgi nous dit qu’il n’a rien à faire en politique, une idée largement partagée par nos compatriotes ? Wade aura-t-il la clarté d’esprit, la grandeur d’âme et la stature d’un homme d’Etat capable de décoder un message en renonçant à sa candidature d’une part, et en démettant son fils d’autre part? Aura-t-il la sagesse de faire passer l’intérêt supérieur de la nation devant ses propres aspirations à faire de son fils un homme politique célèbre mais impopulaire, puissant mais sans défense ? Le peuple va-t-il se retrouver dans ce discours tant attendu, et retrouver enfin celui qu’il a porté au pouvoir en 2000 ?
En tout état de cause, le maintien éventuel de Karim Wade dans le gouvernement édifierait l’opinion sur une chose : le président Wade n’aura tiré aucun enseignement des récents événements des 23 et 27 juin dernier. Il aura choisi le bras de fer avec son peuple au lieu de prêter une oreille attentive à ses compatriotes plus que jamais déterminés à combattre toute idée de la dévolution monarchique du pouvoir. Partira, ne partira pas, de cette allocution du président dépend l’avenir de toute une congrégation politique, et au delà, la stabilité de tout un pays et le devenir de toute une nation déterminée à recouvrer sa souveraineté après le cauchemar qu’aura été l’alternance démocratique.
Momar Mbaye
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