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On peut faire maintes reproches à Cheikh Diallo, Docteur en Science Politique, ancien chef
de service politique du quotidien national « le Soleil », ancien communicant des Wade,
théoricien de « la génération du concret », » créateur des slogans : « en route vers le
sommet », « la patrie avant le parti », inspirateur de la loi sur parrainage intégral, et
aujourd’hui directeur et fondateur de l’Ecole d’Art Oratoire et de Leadership de Dakar.
Excusez du peu !
On peut ne pas aimer Dr Cheikh Diallo ; on peut le détester ; on peut, même pour les plus
radicaux, le haïr. Mais on peut aussi reconnaître que quand il parle ou écrit, il ne laisse
personne indifférent, comme ce fut le cas lors de son passage retentissant sur les ondes de
la RFM dans l’émission « Grand jury » le dimanche 10 novembre 2019.
Nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt et une attention soutenue sa prestation face au
journaliste Babacar Fall.
Sur la forme nous avons pu apprécier sa courtoisie accablante, la précision de ses réponses
et la puissance de son argumentaire juridique et politique.
Sur le fond, nous nous interrogeons sur « la persuasion clandestine » qu’il recherchait en
faisant appel à la loi de Pareto 80-20.
Imparable, il l’était sur les problématiques telles que le troisième mandat, la suppression
du poste de Premier ministre, le fast-track, la loi sur l’amnistie, le report des élections
locales et législatives, les questions économiques, etc. Il n’a rien laissé à ses détracteurs
sauf l’idée audacieuse et révolutionnaire de donner à la ville de Dakar, un statut
particulier.
Un super administrateur pour la ville de Dakar
A ses yeux et surtout dans l’intérêt des Dakarois, il est capital que la capitale soit
administrée par un délégué ministériel, nommé par décret présidentiel qui siégera en
conseil des ministres pour y défendre le budget et les intérêts de la ville de Dakar à
l’image du Gouverneur du district d’Abidjan ou des délégués gouvernementaux de Douala
et de Yaoundé.
"Un super administrateur de la ville de Dakar »
assurera la coordination
des maires élus issus des 19 communes d’arrondissement. Parce que d’un côté, les maires
des communes d’arrondissement tirent leur légitimité des urnes, ils ont donc des comptes
à rendre à chaque échéance électorale. Ce sont ces comptes (des réalisations à
revendiquer à la fin du mandat) qui facilitent leur réélection. De l’autre, le délégué
gouvernemental (un haut représentant du Président auprès des Dakarois) qui tire sa
légitimité de sa proximité avec le premier des Sénégalais. Son poste dépend du pouvoir
discrétionnaire du Président de la République. Mais au-delà, des controverses admissibles
et compréhensibles, il serait injuste de passer au « karcher » cette idée de délégué
ministériel de la ville de Dakar. Pour plusieurs raisons :
Rappelez-vous des emprunts obligataires de l’ancien maire Khalifa Sall ! En dépit de l’avis
de non-objection, pour des « raisons techniques » le ministre de l’économie et des
finances, Amadou Ba a bloqué le financement de 20 milliards de FCFA. En dernier ressort,
les perdants étaient les Dakarois.
Rappelez-vous de la polémique entre le ministre du
renouveau urbain Diène Farba Sarr et Khalifa Sall sur la rénovation de la place de
l’indépendance ! En dernier ressort, les perdants étaient toujours les Dakarois.
Rappelez-vous enfin du cri de coeur de l’actuelle mairesse Soham Wardini : « Dakar est
parmi les villes les plus sales d’Afrique ». En dernier ressort, les perdants étaient encore
les Dakarois. La faute à la surpolitisation à outrance des actions et réalisations de la mairie
de Dakar.
Pour terminer, il nous faut faire deux ou trois constats et tirer une leçon définitive :
Primo, le fait que le délégué gouvernemental rende compte directement au Président de
la République, n’en fait pas un « pourfendeur » des droits des citoyens. Ce serait faire
preuve d’une monumentale mauvaise foi que de penser que le Chef de l’Etat, par
l’entremise d’un délégué ministériel, se plaira à bafouer les droits des Dakarois. Quel
intérêt ? Il s’agit simplement de mesures novatrices et courageuses à l’effet de garantir le
mieux-vivre collectif des populations urbaines.
Deuxio, la question de fond, qui départagerait les opinions, est bien celle de la répartition
des compétences entre la mairie de Dakar et les Communes d’Arrondissement. Même dans
les pays de vieille tradition démocratique municipale, il arrive que des communes
s’associent entre elles en vue d’apporter des réponses aux questions émergentes et trans-
municipales.
Tercio la nomination de magistrats municipaux par le Chef de l’État n’est pas une forme
de gouvernance urbaine inédite. Elle a apporté des progrès fulgurants et complètement
amélioré la vie des Moscovites quand le Président Poutine a nommé, en octobre 2010,
Sergueï Sobyanine comme Maire de Moscou, en remplacement de Youri Loujkov.
Sous ce prisme, la proposition du Dr Cheikh Diallo doit faire réfléchir. La question
appartient aux Sénégalais et le dernier mot revient aux Dakarois.
« Quelle que soit la couleur du chat, qu’il soit jaune ou noir, pourvu qu’il attrape des
souris ».
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