Le Président américain est droit dans ses bottes : "America First". L'OMS, l'ONU (financement, conseil de sécurité), l'UNESCO, l'Accord de Paris sur le climat... ont reçu une volée de bois vert de l'administration Trump. Climatosceptique. Loin d'être emballé par le multilatéralisme.
En pleine crise du Coronavirus, cette "guerre sanitaire" qui affecte tous les États, traumatise toutes les populations, ponctuée de conséquences socio-économiques désastreuses, le successeur de Obama suspend le financement par les Etats-Unis de l'OMS, qu'il accuse d'avoir mal géré la crise.
Allergique aux institutions internationales, il a expliqué qu'il coupait le robinet le temps qu'une étude soit menée "pour examiner le rôle de l'OMS dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus", ce qui pourrait prendre entre 60 et 90 jours. Pendant ce temps, on dénombre des morts : hécatombe, tragédie humaine ! Et ce, au moment où les populations, notamment les plus démunies, sont accablées par cette pandémie mortelle.
En gros, le Président Trump, en faisant cette annonce dans ce contexte de crise, d'incertitudes, réaffirme, en filigrane, son intention, sa volonté, de tourner le dos à la recherche de solutions collectives. Parce que l'OMS est une organisation mondiale dont on peut, effectivement, questionner l’efficacité, la politique.
Rappel : Washington est le premier contributeur de l'Organisation mondiale pour la santé. Selon France info, ils (Etats-Unis) financent l'OMS à hauteur de 400 à 500 millions de dollars chaque année, ce qui en fait le premier contributeur de son budget.
Il faut signaler que Trump avait déjà vertement critiqué l'OMS à plusieurs reprises depuis le début de la crise sanitaire, s'en prenant notamment à son directeur général, l'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus. Le Président américain avait aussi été agacé par les critiques à l'encontre de sa décision, fin janvier, de fermer les frontières américaines aux voyageurs en provenance de Chine.
Septembre 2018, les Etats-Unis officialisent leur volonté de ne plus financer l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), selon l'AFP. Un coup dur pour l’institution internationale.
Ce désengagement financier et politique de la puissance américaine s'ajoute à une liste déjà longue de retraits. Depuis son élection (prise de fonction le 20 janvier 2017), le 45ème Président des États-Unis demande une réforme de l'ONU dont il dénonce « la bureaucratie » et la « mauvaise gestion » alors que Washington est le premier contributeur financier de l'organisation.
Ils apportent environ 22 % du budget total de l'ONU, sans compter des opérations de maintien de la paix. Au nom de son « America First », il s'est ainsi désengagé de plusieurs organes ou programmes "emblématiques" : Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), accord de Paris sur le climat, etc., UNESCO.
Début 2018, rapporte Le Monde, Washington avait déjà refusé de verser 60 millions de dollars à cet organisme, contre 350 millions l'année précédente. La décision, assortie d'un « examen » de toute éventuelle contribution supplémentaire, avait déjà plongé dans la crise cette agence de l'ONU, qui assiste plus de 3 millions de Palestiniens sur les 5 millions enregistrés comme réfugiés. Mais elle est accusée de « biais anti-Israéliens » par le gouvernement américain.
En moins d'un an, les Etats-Unis, sous Trump, se sont déjà retirés de l’accord de Paris sur le climat (il l'a qualifié de « désastre » et de « tueur d’emplois ») et s’apprêtent à fragiliser l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien et, suivis par Israël. Sur ce même registre de tourner le dos aux instances internationales dans lesquelles ils occupent une place de choix, ils ont annoncé, jeudi 12 octobre 2017, qu’ils quitteraient l’Unesco fin 2018. Au centre des critiques : le système de l’ONU affaibli, au moment où le multilatéralisme ébranlé mérite d'être renforcé. Pour faire face aux enjeux du monde contemporain : crise sanitaire, écologique, lutte contre le terrorisme, les migrants climatiques...l es "pathologies" de la planète.
Fidèle à ses promesses de campagne, le Président féru du réseau social dit Twitter, canal par lequel il se prononce le plus souvent, que je qualifie "Diplomatie Twittosphere", se moque de l’esquisse de « communauté internationale a» : l’ONU, qualifiée de "machin" par le Général de Gaulle, cerveau puissant. Poids lourd dans les relations internationales.
UNESCO-Washington. Son administration dénonce la gabegie financière de l’Unesco, un manque de réforme de structure de l’Organisation et ses « partis pris » anti israéliens. C’est, grosso modo, ce qui avait justifié une première décision américaine de retrait prise en 1984, avant un retour en 2003, puis une brève suspension de la contribution financière américaine en 2011.
Avec Trump, les Etats-Unis n’entendent conserver qu’un poste d’observateur au siège de l’Unesco, à Paris. Leur participation financière au budget de l’Organisation – 20 % des contributions obligatoires des 195 Etats membres –. En outre, ils accusent l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture d'être « anti-israélienne ».
En gros, l'administration de Trump sanctionne les organisations onusiennes qu'elle estime hostiles à la politique israélienne. Son approche revient à détruire le système même que les Etats-Unis ont mis en place au lendemain de la seconde guerre mondiale : les institutions internationales.
Le locataire de la Maison Blanche n'a que mépris pour l'ONU, une institution internationale prônant le multilatéralisme, la protection des migrants, le respect des droits de l'homme ou la défense de l'environnement.
Pape Nouha SOUANE, Journaliste
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