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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
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Quelques Autres Urgences à Traiter à l’Aéroport L.S.S

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Quelques Autres Urgences à Traiter à l’Aéroport L.S.S

Les récentes mesures prises par les  autorités aéroportuaires ont été largement appréciées des sénégalais. Toutefois, bien d’autres changements urgents méritent  d’être envisagés. En voici quelques uns.

            La suppression des fiches  d’embarquement et de débarquement : L’effet, psychologique de ces fiches  est globalement négatif pour l’ensemble des voyageurs. D’une  part,  pour les visiteurs de notre pays, elles leur  donnent  le sentiment d’avoir à débarquer dans un état totalitaire ou  policier. Ceci  dénotant d’ailleurs, avec le concept de teranga tant clamé. D’autre part, les sénégalais expatriés - en général contestataires des régimes en place - y voient l’occasion pour ces derniers, de  pouvoir les tracer ou les profiler. Des  interrogations demeurent chez tous les voyageurs, par rapport  à la  durée de conservation des données personnelles collectées, mais également sur les risques d’atteintes à la vie privée. Obstacles à la fluidité des formalités de police, moyens commodes pour les truands d’accrocher les voyageurs, ces formulaires soulèvent en réalité, davantage d’inquiétudes, qu’elles ne donnent d’assurance aux voyageurs quant à leur sécurité ou à l’amélioration des services aéroportuaires. Aussi, une orientation des politiques économiques du pays, ne saurait se réduire uniquement  à la  collecte des données statistiques  issues de ces flux aéroportuaires. Bien d’autres sources et méthodes existent.  Dés lors, les autorités gagneraient à mesurer le  bien-fondé de ces fiches de débarquement et d’embarquement soumises aux voyageurs, d’autant que celles-ci  sont  non seulement antinomiques avec le slogan national, mais également contradictoires avec la démarche marketing d’un pays qui ambitionne de faire du tourisme un des principaux vecteurs de son développement. Donc, au regard de tous ces inconvénients, il nous parait pertinent de  supprimer purement et simplement ces fiches, comme c’est d’ailleurs le cas dans plusieurs pays, sans que leur sécurité, leur  gestion tourisme ou leurs planifications économiques ne soient menacées ou erronées.

            Pour la cohérence, l’esprit teranga doit commencer dés la passerelle: Une chose qui frappe dés qu’on sort des avions, c’est l’absence totale de happy face  ou   simplement d’attitudes bienveillantes, professionnelles des  hôtesses d’accueil sénégalaises.  Souvent, accolées à la passerelle, ces dernières intimidées ou sur la défensive, zyeutent  les passagers. Les agents de sécurité quant à eux, orientent souvent de manière trop  autoritaire, les passagers vers les bus de tarmac. Les expatriés n’en ressentent presque plus la revigorante bouffée marine chaude, qui happe tout voyageur qui quitte l’avion, et confirme  aux sénégalais qu’ils sont  bien arrivés  chez eux. Face à cet accueil glacial, une sérieuse formation des hôtesses d’accueil et des agents de la sécurité mérite d’être promptement envisagée. Ces derniers, doivent savoir, que de leur attitude, dépend la crédibilité d’un slogan national. Une sensibilisation à l’importance de leur rôle et de leur place dans le dispositif de la politique touristique gouvernementale, mais surtout  une information sur les enjeux  économiques, sociaux et culturels, doivent être impérativement menées.

 

        Les impacts psychologiques, de l’aérosol insecticide, sur les passagers : Quelle que soit l’exigence de conformité des compagnies aériennes aux règles sanitaires internationales, concernant les  vaporisations d’aérosols insecticides au départ de Dakar vers les pays occidentaux, les autorités sénégalaises doivent impérativement s’enquérir des répercussions sur la santé des citoyens sénégalais qui empruntent ces vols. Les passagers n’ont, ni l’assurance de leur innocuité sur leur santé, ni la garantie de la mise à l’abri des plateaux repas et des boissons distribuées à bord, pendant ces vaporisations. Le caractère parfumé des aérosolsrenvoie immédiatement chez certains, au tenace et destructeur:«les bruits et les odeurs» de Chirac. Aussi, le sentiment -bien sûr non fondé- d’exhalercollectivement des odeurs nauséabondes, que cette vaporisation serait tentée justifier, parcoure bien évidemment tous les passagers. Également, la fonction pesticide de ces aérosols, entraine chez ces ressortissants des pays tropicaux taxés de diffuseurs  de maladies vectorielles par  les pays occidentaux, la suspicion d’être porteurs de germes et/ou d’insectes. Pourtant, pays occidentaux et pays tropicaux sont tous soumis aux mêmes risques de transport d’insectes. Les acariens par exemple, peuplent  divers matelas  et couettes des lits du monde entier. Pourquoi ceux des occidentaux seraient-ils en reste? Nos autorités gagneraient, -d’autant plus que ces faits se passent sur notre territoire- à prendre des mesures visant à préserver, la dignité et l’intégrité  de leurs citoyens en obligeant les compagnies aériennes à trouver d’autres formes d’application des règlements.

 

 

            La tenues vestimentaire  et  le comportement du fonctionnaire aéroportuaire; une Formalité de police digne de  science fiction: Les policiers sénégalais -si ce n’était la différence chromatique- ressemblent à s’y méprendre aux flics de France. En effet, la chemise bleue et le pantalon foncé, le képi, l’arme  de service et le ceinturon sur lequel  sont accrochées des menottes, font du policier sénégalais, le clone de son homologue français. Pourquoi? Le Sénégal n’est-il pas un pays souverain? Nos créateurs locaux, seraient-ils incapables de fournir à nos policiers des tenues adéquates,  pratiques et  conformes à leur mission de terrain,  et qui reflètent nos codes esthétiques et vestimentaires? Que nos autorités réfléchissent- aux conséquences négatives de ce mimétisme paternaliste affligeant auprès de cette jeunesse qu’elles souhaitent pourtant patriotique?

 

Aussi, sans généralisation aucune, ni caricature et  irrévérence,  je ne peux cependant taire ces faits et  éléments objectivement constatés. A l’Aéroport International Léopold Sédar Senghor, trouver un policier à l’uniforme tiré, au béret ou au képi impeccable, aux souliers lustrés, à l’allure militaire, est chose très rare. Dans bien des cas, il est regrettable de constater que la chemise bleue d’une majorité de policiers est presque totalement déteinte, virant presque sur le blanc. Certains ont curieusement de petites  serviettes ou des mouchoirs suspendus  au col de leur  chemise, tels des étendoirs ambulants. Des auréoles jaunâtres tapissent  la  chemise bleue de quelques  policiers, au niveau  des aisselles. Dans cet espace aéroportuaire, quand on voit un  fonctionnaire  de police chaussées de  tongues ou tcharaax ; les  bas du pantalon remontés à hauteur des genoux; les manches de sa chemise retroussées jusqu’aux coudes;  sans képi ou béret et les cheveux perlées de gouttelettes d’eau: c’est qu’il revient  sans aucun risque de se tromper, des ablutions ou  djappe. Double interrogations: où sont le respect de la fonction et  le principe laïc républicain? 

 

Par ailleurs, sans donner dans la psychologie sauvage, il y a  une sorte de conflit latent qui ne dit pas son nom dans les relations feutrées entre l’administration et  l’expatrié sénégalais en général d’une part, puis de l’autre, entre ce dernier et certains de ses compatriotes. Pourvoyeurs de devises, investisseurs dans leurs  pays, mais surtout aidants  familiaux,  les expatriés ne sont considérés par certains, que comme de simples «immigrés» dans le sens péjoratif du terme. C'est-à-dire: des sénégalais de l’extérieur, occupant des fonctions dévalorisées. Pour eux,  l’immigré serait en perte d’identité ou  victime d’acculturation profonde et  animé d’un complexe de supériorité. S’il ne manque d’être acerbe sur le pays  et les comportements de certains de ses compatriotes, il est donc susceptible d’être très critique sur la façon dont les acteurs de l’aéroport mènent leur travail, en l’occurrence, les policiers. L’ensemble de ces  préjugés fonctionne à l’insu du policier, qui développe  des  mécanismes de défenses, consistant à donner une leçon à l’impertinent immigré. Dés lors,  celui qui parmi les expatriés sénégalais ou touristes, commettra l’imprudence de faire la moindre remarque à un policier, l’apprendra à ses dépends. L’humiliation sera immédiate. Toutefois, si tenté que le policer s’adonne à de la taquinerie ou de la familiarité avec certains « immigrés», c’est que  la demande de cadeaux ou saarité, de gouro (cola) ou de ndenki (repas)  n’est pas loin.

 

            Les formalités de police à l’aéroportuaire sont digne de science fiction.  Voici à présent de manière exhaustive, les étapes de contrôle, auxquelles  le passager qui a passé 5h30 ou 8h d’avion est soumis. Durant ces étapes  le voyageur est rarement aidé par le policier. Ce dernier estime  que le passager est sensé connaître toute la procédure. Le primo- arrivant au Sénégal donc, néophyte  de la culture locale, découvre très vite qu’un claquement sec et autoritaire des doigts du policier, signifie qu’il faut faire quelque chose d’attendue du policier : avancer, se retourner, donner, répondre….

Dans la première étape: le fonctionnaire de police effectue la vérification manuelle du passeport. Il s’intéresse à son authenticité et à sa  date de validité. La désinvolture de certains  policiers peut être  affligeante. En effet, quelques uns font le travail  sotchou ou cure dents serré entre les dents. D’autres  mâchouillent sans gêne des  morceaux de gouro. On en a vu un, travaillant  le téléphone portable calé  entre l’oreille et l’épaule.

La deuxième étape consiste au contrôle facial. Le voyageur doit savoir sans qu’on lui dise, qu’il doit fixer la caméra, pour permettre le recoupement de  sa photo collée au  passeport,  avec son visage  capté par la caméra.

 La troisième étape  est marquée par l’analyse des  empreintes digitales. Il n’existe aucun  panneau explicatif de la procédure. Certains  voyageurs sans doute intimidés par toute cette sophistique ne savent quels doigts placer dans l’orifice. Excédés par leurs  hésitations et leurs tâtonnements des policiers  derrière la vitre - vont jusqu’à leur indiquer, quels doigts poser dans le lecteur d’empreintes digitales. Le bruit produit par le cachet violemment  apposé aux passeports des voyageurs, en fait sursauter plus d’un. Ce n’est pas fini pour autant!

La quatrième étape  consiste à l’examen de la fiche de débarquement. L’agent n’est guère patient avec le voyageur qui donne une adresse incomplète ou qui s’est trompé d’avoir rempli la partie réservée à l’administration. Il n’aime pas non plus, répéter, ni reformuler sa question le plus souvent posée de manière agacée sinon très autoritaire, jusqu’à friser  l’engueulade parfois.  Pourtant, quand le passager fait répéter au fonctionnaire de police sa question, c’est que le policier du pays -du pays de Senghor le poète-  doit juste comprendre, que son  interlocuteur n’est pas encore familiarisé au fort accent wolof qui teinte le français de beaucoup de  sénégalais.

La dernière étape est la remise d’un fragment de la fiche de débarquement à l’agent de police souvent assit en équilibre précaire sur un tabouret, au sortir de la salle des formalités d’arrivée.  Ce dernier tend la main en direction des voyageurs  pour leur  réclamer le reste de la fiche. Du fait de l’ambiance peut rassurante, les voyageurs sont sur le qui-vive et  par reflexe évitent le bras du policier.  Contrarié,  mais sûr de son droit, ce dernier ne manque d’arracher de la main des voyageurs, le bout de la fiche.

Les enjeux d’une sécurité globale  et non exclusivement antiterroriste : Dans un contexte de circulation intense des marchandises et où les accords de coopérations  multilatérales jouant,  et où les actions ONG présents dans notre pays, sont  nombreuses,  donner une  priorité absolue à la lutte antiterroriste aéroportuaire -alors  que nos frontières terrestres sont plus que perméables-  est affligeant. Le danger ne vient-il que des airs? En quoi et depuis quand  notre pays est-il une cible  potentielle du terrorisme international? Ou cède t-on à la  psychose sécuritaire mondiale?

En priorisant ce dispositif sophistiqué et multiforme de la sécurité aéroportuaire presque exclusivement orientée  vers le risque terroriste, il semble qu’on néglige totalement les autres risques. C’est irresponsable! Par exemple, le contrôle des carnets de vaccination a presque  disparu à l’aéroport L.S.S. Pourtant, qui peut assurer que les  dévastatrices grippes occidentales, auxquelles les sénégalais ne sont pas immunisés, ne sont pas des dangers pour les populations? Par ailleurs, vue l’absence du service des eaux et forêts, qui peut confirmer que les plantes, les  fleurs et les autres arbres fruitiers;  introduits via l’aéroport, ne sont pas des risques éco-épidémiologiques  pour notre  agriculture et nos écosystèmes locaux? Qui peut également garantir que les animaux domestiques ou d’élevage également introduits au Sénégal, ne sont  pas des périls zoonotiques pour les populations et notre élevage? Quels sont les dispositifs de préventions? Quels sont les scénarii de lutte des autorités contres ces périls? Bien évidement, il ne s’agit pas de rajouter d’autres contrôles à un contrôle déjà saturé, mais de  soulever des incohérences et de dénoncer des exclusivités que rien ne justifie. Surtout, maintenant que l’ex-président, friand  de prestiges et d’autres blasons et qui  avait  initié ces mesures, n’est plus là, pourquoi ne pas alléger ce dispositif surréaliste? Car pour l’heure, affalés sur leurs chaises ou entassés  derrières les écrans de contrôleradiographique, la traque d’appareils électroménagers semble davantage intéresser certains services qui devraient suppléer à certains manques.

 

            En définitive, au dela de ces initiatives de réorganisation et  de la restauration de l’autorité, qui sont à féliciter, il est urgent d’initier une réflexion collective impliquant  toutes les composantes de  la plate forme aéroportuaire. Ce travail sérieux devra commencer par l’implication et la formation plus que nécessaire en premier chef  des fonctionnaires de police et de la gendarmerie nationale qui interviennent à l’aéroport. Ces derniers,  en marge de leurs missions classiques, doivent  maitriser  l’organisation et le fonctionnement de l’infrastructure aéroportuaire. Ils doivent être  formés dans  l’articulation de ces premières missions, avec les fonctions supplémentaires : d’accueil, de conseil et d’information. Dans un contexte  aéroportuaire parfois tendu, ils doivent être  à l’occasion, les médiateurs entre le voyageur et l’acteur aéroportuaire.  Il est urgent d’envisager la formation des policiers de l’aéroport à la bonne distance relationnelle, ainsi qu’aux notions de postures et de  positionnements  professionnels. Une attention particulière devra être portée sur les méfaits de l’autoritarisme, mais aussi avec la prise en compte de la  dimension de la subjectivité notamment les représentations et  les préjugés enfouis  et leur  incidence dans la qualité relationnelle. Les notions de bienveillances et de bien-traitances devront être également inculquées. Il ne faudrait surtout pas  oublier l’instruction  à  la problématique de la communication et des pratiques  langagières. Une sensibilisation sur l’importance de leur position stratégique dans le dispositif et une communication sur le sens de  l’intérêt commun, de l’esprit hautement patriotique, doivent être impérativement initiée. Afin de se prémunir  des effets pervers de la routine, des évaluations permanentes doivent être envisagées. Mais tout cela n’a de sens et de portée, sans l’indispensable renforcement de  la motivation et de l’engagement professionnel des fonctionnaires de polices de l’aéroport L.S.S. Des intéressements pécuniaires peuvent contribuer au succès et à l’efficacité de ces missions.

Il faudra désencombrer urgemment l’intérieur de l’aéroport, des pupitres inutiles mais surtout des machines de contrôle informatisé des fameux passeports numérisés de l’ancien régime, objet de scandales  et qui ont fait les  choux gras  de la presse sénégalaise. Pourquoi ne les met-on pas en service? Si elles  ne fonctionnent  plus, pourquoi ne pas les réparer? Et si elles abîmées pourquoi ne les  évacue t-on pas afin de libérer un aéroport déjà  au maximum de son encombrement? Aussi, pourquoi des box restent  désespérément  inoccupés alors que les files  d’attentes s’allongent?

Par rapport à tout ce qui précède, et notamment aux récents succès enregistrés dans la restauration de l’autorité au niveau des abords de l’aéroport L.S.S et qui sont à poursuivre, nos autorités ne doivent surtout pas perdre de vue,  que l’anarchie et les actes multiples d’incivilités qui ont sévi dans ces lieux  qui demeurent dans de très nombreux endroits et localités de  notre pays, n’ont été que le dévoilement  des symptômes  d’un pays laissé en déliquescence par l’ancien régime et dont une grande majorité de ses citoyens -en particulier sa jeunesse- a été livrée  à elle-même, sans repères mais surtout, laissée  sans autorité susceptible de l’encadrer, de la former, de lui trouver un emploie. Ces jeunes, qui sont les forces de notre pays, mais malheureusement les premières victimes, sont tout simplement  sous l’empire des  préoccupations de survie inhérentes à un contexte socio-économique extrêmement difficile qui frappe une majorité de sénégalais. Il reste alors, à nos gouvernants actuels, afin d’éviter de créer une profonde rupture dommageable à la stabilité de notre pays, de susciter l’espoir en formant les jeunes puis les impliquer dans de vastes projets d’insertions sociales et professionnelles.

Pap Poûr-Méra Diop

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