
Réponse à la lettre ouverte de Karim Wade au peuple sénégalais
Sénégal*, le 4 juillet 2011
Cher compatriote,
Si j’ai pris la plaisir de répondre à votre lettre, c’est parce que le plus petit des sénégalais, sensible au mépris que vous lui avez témoigné en refusant toute communication, est capable de le faire.
Peut-être qu’en ce moment, vous avez déjà reçu la même réponse, avec la même syntaxe, la même morphologie, les mêmes idées et la même répulsion d’un de nos compatriotes.
N’empêche, je me sens le devoir, au nom de la majorité du peuple sénégalais, de vous répondre.
Pendant ces dernières années, ces derniers mois, ces dernières semaines et ces derniers jours, notamment lors des évènements des 23 et 27 juin 2011, le peuple sénégalais vous a envoyé (vos parents et vous), un signal fort que même un non initié décoderait très facilement.
Certes, l’heure est venue pour vous de vous exprimer, mais nous attendions sincèrement une lettre ouverte de votre père, nous annonçant que son «valeureux et intelligent» fils est venu, par lui-même, lui remettre sa démission et que par ce geste de vérité, de fraternité et de sincérité, il (Abdoulaye Wade) a décidé de ne pas briguer un troisième mandat.
Votre entrée dans l’espace public, cher compatriote, ne devait jamais se faire. Demeurer dans l’anonymat était votre plus grand mérite d’autant plus que vous n’avez, en aucun moment durant le quart de siècle de combat pour l’approfondissement de la démocratie… etc, manifesté votre engagement aux côtés de votre père.
Les postes que vous avez eu la modestie d’énumérer dans votre lettre ouverte, vous seraient-ils «donnés» si vous étiez un simple sénégalais avec plein de talents et de compétences?
Votre promotion serait-elle aussi fulgurante si vous n’étiez pas le fils de votre père? (Conseiller Spécial du Président de la République, puis Président du Conseil de Surveillance de l’Agence nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique, Ministre d’État, Ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des infrastructures et de l’Énergie).
Voyez-vous, cher compatriote, qu’en tentant de vous exprimer, vous vous y êtes mal pris. Vous étalez au grand jour le Népotisme dont votre père, le président de la république, a fait preuve, mais aussi vos limites et votre incapacité à prendre du recul et à voir les choses telles qu’elles sont.
Jamais dans l’histoire du Sénégal et dans celle du monde, un homme public n’a reçu, sans aucune expérience, autant de «casquettes». Sans doute, vous rendez-vous compte, qu’à travers le monde, les postes que vous occupez à vous tout seul, sont gérés par, au moins, cinq personnes, cinq honnêtes citoyens diplômés, compétents et intelligents.
Avec vos collaborateurs et fort de l’expertise nationale et internationale, vous avez démontré vos capacités; le pire des sénégalais ferait un meilleur résultat avec tous les fonds que vous avez dilapidés pour si peu de réalisations.
Vous gérez, à vous seul, plus de la moitié du budget du Sénégal.
Vous êtes, donc comptable et avez plus d’un compte à rendre au peuple sénégalais qui vous a pointé la bonne voie, en vous faisant perdre la circonscription dans laquelle vous avez vécu et tenté d’administrer.
Impitoyablement, vous êtes sanctionné, jugé et condamné, car vous êtes coupable :
Coupable d’enlever le pain de la bouche des sénégalais en voyageant en jet privé, en engloutissant de façon catastrophique et insolente nos deniers publics, en contractant des dettes au nom de ce vaillant peuple qui vous a Tout Donné et en surestimant le peu que vous avez réalisé avec des ressources astronomiques.
«Pourtant rien ne m’a été donné».
De qui se moque-t-on?
Avant le 19 mars 2000, avez-vous jamais imaginé, même dans vos rêves les plus fous, être un ministre sénégalais (à plus forte raison, ministre d’état), vous déplacer en jet privé et niaiser la presque totalité de ce peuple qui croyait dur aux idéaux du président Wade quand vous (son fils) essayiez de l’en dissuader?
Où étiez-vous quand cette valeureuse jeunesse combattait aux côtés de votre père, bravant les forces de l’ordre au péril de leur vie?
En quoi avez-vous contribué à l’avènement de l’alternance pour mériter cette récompense?
Pour tout cela, les sénégalais vous connaissent. Vous êtes le grand absent, l’usurpateur parfait, le récupérateur attitré de notre combat, de nos efforts, de notre sang…
Maintenant que le travail est fait et bien fait, vous pouvez vouloir tout vous approprier, mais le peuple sénégalais majeur et déterminé est là pour vous en empêcher. Cette longue tradition républicaine et démocratique, reconnue mondialement au Sénégal, est malheureusement sur le point d’être assassinée.
Le pardon, c’est vous qui devez l’implorer du peuple sénégalais.
Si votre père et vous êtes contre toute idée de dévolution monarchique du pouvoir, alors suivez le regard du peuple. Dégagez !
Votre père en tant que tel est disqualifié par le peuple sénégalais, et dans le pays, et dans toute la Diaspora; Idrissa Seck est défenestré des instances du PDS et certains membres de l’opposition complotent avec votre père pour des millions, alors vous semblez contraint de descendre dans l’arène.
Quel baroud d’honneur! Vous n’avez pas le choix!
Votre lettre ouverte, cher compatriote, nous a tout l’air d’une profession de foi de candidature à la magistrature suprême (rappelez-vous, avant, de votre cuisante défaite lors des élections locales… au Point E).
Figurez-vous que ce ne sera point une sinécure. Vous ne faites pas l’unanimité ni au PDS, ni au Sénégal, encore moins dans la diaspora.
Par les urnes, le peuple vous dira non! La fin de la récréation a sonné.
Cordialement.
Fabienne Fatou Diop
<129>[email protected]*n’importe où se trouve un sénégalais, il se crée toujours son propre Sénégal.
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