Amar Samb, premier directeur noir de l’IFAN, un modèle pour les jeunes chercheurs

Le professeur Amar Samb, dont la mémoire a été saluée samedi à l’occasion d’un hommage que lui a consacré l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), occupe une place de choix dans le monde sénégalais de la recherche, en ce qu’il a notamment initié nombre d’universitaires sénégalais aux arcanes de l’islamologie.

Premier directeur sénégalais de l’IFAN, de 1971 à 1986, le professeur Samb est décrit par ses pairs comme un chercheur infatigable qui passait des nuits blanches au milieu de ses ouvrages, ‘’sans manger ni dormir’’, à la recherche du savoir et partageait en même temps l’enseignement et la recherche.

Décédé en 1987, il a eu à contribuer à la formation des premiers arabisants diplômés de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, dont certains sont aujourd’hui des professeurs d’universités et de hauts cadres de l’administration. Tous sont revenus sur "sa modestie", "sa générosité", "sa patience" et "son amour du savoir". 

Auteur d’une monumentale thèse intitulé ‘’Essai de contribution du Sénégal à la littérature d'expression arabe’’, Amar Samb a par ailleurs pu recueillir, tout au long de sa carrière, une importante quantité de manuscrits arabo-musulmans qui ont permis d’enrichir les collections du Département d’islamologie de l’IFAN.

Dans cette thèse, Amar Samb étudie la genèse, l’évolution et les spécificités de chaque école littéraire ainsi que ses principaux animateurs. Il parvient ainsi à montrer la diversité littéraire du pays et la place que la langue arabe y occupe. 

L’ouvrage, qui est bien apprécié dans sa forme comme dans son fond, selon les spécialistes, a fait le tour du monde à la suite de sa publication de version française par l’IFAN, en 1972, avant la version arabe publiée en 1975 en Algérie.

Né en 1937 à Kébémer dans la région de Louga, dans le Nord du Sénégal, Amar Samb fit ses études coraniques dans cette localité avant d’intégrer l’école française pour des études primaires et secondaires au lycée Faidherbe de Saint-Louis.

De là, il se rend en France où il passa dix années à l’Université de Nanterre (Paris). Il y obtint successivement la licence, la maîtrise et l’agrégation en littérature arabe. 

De retour au Sénégal, M. Samb se fait recruter au Département d’arabe de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Dakar et débute sa carrière de chercheur en 1960.

Le professeur Samb a ensuite été promu à la tête du Département d’islamologie de l’IFAN qu’il dirigea de 1971 à 1986 en occupant, cumulativement à ce poste, la direction du Département arabe de la Faculté des lettres et des sciences Humaines, avec rang de professeur titulaire. 

Auteur fécond, le professeur Amar Samb a publié plusieurs ouvrages et articles dont ‘’Islam et culture nègre’’, ‘’Initiation à la grammaire Wolof’’, ‘’La vie d’El Hadj Omar Tall’’ (traduction d’une biographie arabe écrite par Cheikh Moussa Camara), ‘’Critiques et guerres d’El Hadj Omar Tall’’ (traduction également d’un manuscrit de Camara).

Feu Amar Samb a aussi à son actif un roman intitulé ‘’Le matraque du destin ou la vie d’un talibé’’ ainsi qu’un dictionnaire trilingue arabe-wolof-français. Le professeur Amar Samb est décédé en 1987.

Compte tenu des services qu’il a rendus à l’IFAN, ses collègues ont proposé que son nom soit donné à la salle des manuscrits du Laboratoire d’islamologie de cet institut, pour perpétuer son œuvre.