Il porte encore les marques d'une rude résistance contre la colonisation et sa mission d'asservissement des peuples africains en général et sénégalaises en particulier. C'est le symbole d'un long Jihad, celui de Cheikh Oumar El Foutiyou Tall contre l'oppression et l'aliénation de la culture et des valeurs africaines. D'une longueur de 0,84 mètre sur une largeur de 0,08 mètre, avec un poids de 0,780 kilogramme, le sabre d'El Hadji Oumar Tall comporte une lance française de sabre d'infanterie modèle 1821 sur laquelle sont gravées les inscriptions "Manufacture de Klingenthal" ainsi que "Coulaux et Cie".
Le sabre aurait été pris à Amadou Tall fils d'El Hadji Oumar Tall qui a repris le combat de son père après sa mort en 1864. Ce serait au cours de combats qui "ont lieu à Bandiagara (dans l'actuel Mali) en avril 1893 que le sabre est pris à Ahmadou Tall" et a été "présenté lors de l'exposition internationale coloniale de 1931 et est resté en dépôt au musée des colonies".
Sa poignée en cuivre ciselé, sa croisière massive, son fourreau en forme de bec d'oiseau avec des garnitures en laiton terminé par un petit anneau, font de ce sabre une pièce rare jalousement gardée par la France depuis plus d'un siècle malgré la pression de la famille Oumarienne qui n'a de cesse réclamé le rapatriement de ce symbole. Aujourd'hui c'est chose faite et le Premier ministre français, Edouard Philippe, qui mesure la portée historique de l'objet s'en réjouit.
"Sa place est bel et bien ici"
"Nous sommes liés par l'histoire. J'ai un lien particulier avec le sabre. J'en ai un, le mien, qui me suit partout depuis mon service militaire. C'est mon sabre d'officier. Le sabre qui nous réunit aujourd'hui est plus prestigieux. C'est le sabre d'un conquérant, d'un érudit (…). Ce sabre symbolise un épisode de l'histoire du Sénégal", souligne-t-il. Par conséquent, signale le Premier ministre français : "sa place est bel et bien ici".
Pour le président Macky Sall, il s'agit là d'une "nouvelle séquence des relations franco-sénégalaises". Ce, après le rapatriement en 1996 des restes mortuaires du petit-fils d'El Hadji Oumar Tall, le colonel Abdoulaye Tall, premier Saint-Cyrien d'origine africaine décédé en 1899. Le président signale que le Sénégal est plus que jamais prêt à "accueillir son patrimoine". Cette première séquence de rapatriement d'objets est le début d'une grande opération de restitution du patrimoine africain en France estimé à quelques 90 mille objets.
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