
La maison des écrivains de Dakar, Keur Birago a offert durant la Journée mondiale du théâtre célébrée hier une réflexion sur la place des femmes dans le théâtre sénégalais.Le constat fait est que les dramaturges et comédiennes sont encore trop peu présentes dans le 4e art, même s’il y a une nette progression depuis quelques années.
Le président de l’Association des écrivains du Sénégal (Aes), Alioune Badara Bèye a accueilli hier à la Maison des écrivains de Dakar, Keur Birago, un parterre d’amoureux du théâtre et de la littérature. Ceci pour célébrer la journée mondiale du quatrième art. L’occasion est alors saisie pour faire le bilan du statut de la femme sénégalaise autant dans sa participation écrite que dans sa fonction de comédienne à travers cette discipline. Le président de l’Aes dresse un état malheureux puisque les femmes dramaturges sont extrêmement rares dans un pays qui compte déjà peu de dramaturges masculins. Selon lui, c’est une forme difficile puisque même le président Senghor a confessé ne pas se sentir à l’aise dans cette forme d’expression artistique qui mêle oralité et écrit. Son propos est appuyé par le directeur du Théâtre national Daniel Sorano, Ousmane Diakhaté, qui a rappelé combien l’écriture de pièce de théâtre est une écriture singulière puisqu’elle se définit dans un temps bien précis, dans l’action permanente et ne permet pas l’utilisation du ‘je’ de la part de son auteur.
Le professeur de Lettres Diakhaté, initiateur de l’atelier de théâtre universitaire Isseu Niang, a mis en avant l’émergence d’étude dans le cadre universitaire sur la place de la femme dans le domaine théâtral. Rappelant que le théâtre africain est aussi vieux que celui venu d’Europe, mais qu’à l’inverse de ce dernier les femmes étaient présentes à l’origine dans les spectacles traditionnels sénégalais. Le Dg de Sorano a souligné que les femmes ne sont apparues réellement au sein du 4e art européen qu’à partir du 20e siècle.
La disparition des femmes du théâtre africain vient pour lui du fait qu’elles n’ont eu le droit que très tardivement à l’enseignement et à une place dans la sphère publique à l’image de l’école normale William Ponty qui ne formait que des hommes. Ousmane Diakhaté souligne que ‘les hommes ont longtemps joué le rôle des femmes et que cela étant extrêmement difficile pour un comédien, les dramaturges ont préféré éviter de créer des personnages féminins’. Il a tout de même salué la mémoire de grands noms du théâtre tel que Fatim Diagne ou encore Oulimata Fall, figures féminines sénégalaises qui ont ouvert la voie aux nouvelles comédiennes.
Des comédiens membres de l’Association des artistes et comédiens du théâtre sénégalais (Arcots) ont illustré les propos du professeur dans une petite scénette démontrant les difficultés d’une femme comédienne dans sa vie de famille. Comment concilier la vie de mère, d’épouse et de comédienne ? Le mari de la scénette, jaloux, refuse de voir sa femme rentrer tard pour jouer dans un spectacle tout en étant accompagné de jeunes comédiens. Elle rapporte pourtant au foyer des sous qui ne sont pas à négliger, ce qui décide le mari à finalement la laisser partir travailler. La comédienne, Ndéye Aïta Ndiaye a confié éprouver parfois des difficultés dans sa vie de famille. Car elle n’est pas toujours présente auprès de son époux du fait des horaires variables de son métier.
Les difficultés des femmes sont celles dénoncées lors de cette rencontre à la maison des écrivains. Selon un constat général de l’assemblée présente, la femme a sa veine à apporter au monde du théâtre ce qui n’est pas encore assez le cas au Sénégal. C’est pourquoi, Alioune Badara Béye souhaite organiser très prochainement un concours destiné aux femmes dramaturges avec la volonté de donner une dynamique à l’écriture théâtrale.
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