
Le Directeur de l’Institut international de recherche sur
les politiques alimentaires (Ifpri) préfère à l’appellation accaparement
des terres, celle d’investissements étrangers dans le foncier. Même
s’il reste favorable à l’arrivée des capitaux étrangers, il souligne
néanmoins qu’il y a des risques qui peuvent conduire à l’accaparement
des terres mais qui ne sont pas automatiques et sont gérables.
Contrairement à ce que d’aucuns pensent, le directeur de l’Institut
international de recherche sur les politiques alimentaires est favorable
à l’arrivée des investisseurs étrangers sur nos terres.
Le Dr Ousmane
Badiane, qui s’exprimait hier, à l’occasion d’une conférence de presse,
tenue en prélude à la journée mondiale de la terre, célébrée chaque 22
avril, a préféré parler d’investissements étrangers que d’accaparement
des terres. Il souligne que ce terme (Ndlr : accaparement des terres)
peut créer un environnement négatif qui va chasser ces capitaux et que
ces étrangers iront s’établir ailleurs et produire la nourriture pour
venir la vendre aux Africains.
«Non seulement, on perd l’opportunité d’être beaucoup plus productif
mais on va payer plus cher pour cette nourriture», a-t-il fait savoir.
Selon lui, «l’Afrique a besoin de ces capitaux ; il suffit de minimiser
les risques». N’empêche, a-t-il ajouté : «il y a des risques qui peuvent
conduire à l’accaparement des terres mais ces risques-là ne sont pas
automatiques et sont gérables». Mais, a-t-il tenu de rappeler, «il
appartient au gouvernement d’avoir un environnement légal et de
renforcer les capacités de gestion foncières au niveau local, travailler
avec les communautés locales afin de créer un environnement qui
permette de tirer profit de ces capitaux, de mieux équiper le paysannat
et d’accroître la productivité et la production et de permettre aux
capitaux investis d’être sécurisés».
Badiane reste convaincu que cela est possible et qu’il y a même des
modèles de partenariat public-privé qui permettent de le faire. «Il n’y a
aucun risque automatique inhérent à ces investissements qui différencie
l’agriculture du secteur industriel ou du secteur minier», a-t-il
soutenu. Il s’agit, selon lui, de trouver l’environnement, les
mécanismes et les dispositifs qu’il faut pour pouvoir atteindre ces
objectifs, aussi bien des populations locales, qui veulent garder la
terre, que des investisseurs étrangers.
Pour le Dr Badiane, contrairement à l’Asie et à l’Amérique Latine, où
les pauvres n’ont pas accès à la terre, en Afrique, la propriété
foncière reste entre les mains des paysans. Il soutient qu’«il faut
obligatoirement qu’on fasse venir ces capitaux étrangers parce qu’on en a
besoin mais dans des modèles de partenariat qui permettent que la
propriété reste entre les mains des petits producteurs».
Abordant les politiques agricoles au Sénégal, il souligne qu’«elles
sont en plein mouvement» avec le programme détaillé de l’Union Africaine
pour le développement de l’agriculture en Afrique qui définit des
objectifs clairs et précis et qui encourage les pays à adopter davantage
des méthodes de planification et de mise en œuvre basées sur le
résultat.
Evoquant la faim qui frappe la bande sahélienne, le Dr Ousmane
Badiane croit que «le seul moyen sûr de résoudre le problème de la faim
c’est de rendre les paysans beaucoup plus productifs, d’augmenter la
productivité de la main d’œuvre et de la terre en milieu rural».La
journée mondiale de la terre qui sera célébrée dimanche joue un rôle de
levier pour les enjeux environnementaux mondiaux et reste une date
symbolique pour rappeler aux politiques, l’importance de l’insertion de
la problématique environnementale et agricole dans le cadre de la
politique nationale et régionale en vue de l’atteinte des Objectifs du
millénaire pour le développement (Omd).
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