Ali Ngouille Ndiaye, ministre de l’Energie et des Mines, dirige un secteur très stratégique. Mais il est aussi confronté à plusieurs problèmes conjoncturels et structurels. Dans la première partie de cet entretien, il parle de la situation de la Senelec, des hydrocarbures et des contrats miniers qui spolient ce pays.
Aujourd’hui, on constate que les délestages ont repris. Qu’est-ce qui peut expliquer cette situation ?
Depuis
le mois de juillet, nous enregistrons des coupures d’électricité. Du
point de vue du distributeur, l’explication est différente de celle que
peut percevoir facilement le client. Actuellement, nous avons
suffisamment de production. La demande est trop forte. Et par
endroits le réseau ne peut pas supporter la demande. Donc, nous avons
régulièrement des défauts sur le circuit. Quand il y a des défauts,
malheureusement, il n’y a pas de continuité du service. La Senelec est
obligée de procéder à des recherches, de les corriger et de reprendre la
production de l’électricité. Il se trouve que le réseau de Dakar est
vieux de près de quarante ans. Il faut voir que le réseau qui était
dimensionné à l’époque ne peut être plus le même présentement. Quand on
dimensionne un réseau, on calcule en fonction des projections des
besoins en électricité des populations. Le réseau de Dakar pèse 6
kilowatts sur lesquels la Senelec est en train de faire des changements
pour les porter à 30 kilowatts. On va multiplier la puissance du réseau
par cinq.
Il y a un financement des Chinois pour refaire la boucle de Dakar depuis quatre ans. Depuis lors, il n’y a pas eu de suite.
Malheureusement,
c’est un projet qui est en retard. En réalité, il ne réglerait pas le
problème à 100%, mais il devrait beaucoup l’atténuer. Il y a un groupe
de 90 kilowatts qui a aussi connu beaucoup de retard. Quand ce groupe
sera fini, il y aura une bonne amélioration de la situation. Il y a
cependant une bonne partie du réseau de Dakar qui doit faire l’objet de
changement. Pour une partie, on a obtenu le financement de la Banque
mondiale qui en partie concerne ce réseau. Nous avons envisagé même
pour le budget de l’année prochaine, une partie de ces investissements.
Au moment où je parle certainement dans certains endroits de Dakar, ils
n’ont pas d’électricité. Alors que nous avons aujourd’hui une marge
(Ndlr, l’entretien a eu lieu le 9) qui fait presque 30 mégawatts dans la
production. Ils ne l’auront pas. Parce qu’il n’y aura pas de voie non
ininterrompue que l’électricité doit prendre pour arriver jusqu’aux
domiciles.
Pourtant il y a quelques jours, le directeur du Transport de l’énergie soutenait que la Senelec a un gap de 30 mégawatts ?
Ce
jour-là, on avait une panne sur une de nos machines. Aujourd’hui, j’ai
la situation quotidienne où on me dit chaque jour quelle machine marche.
Je vous donne déjà la situation exploitation au 9 août : on me dit
puissance disponible 421 mégawatts, avec toutes les machines qui
fonctionnent et celles qui sont à l’arrêt pour une raison ou une
autre, celles qui sont en location. Ce matin avec une prévision de 404
mégawatts, nous avons une marge de 17 mégawatts avec des
indisponibilités dues à certaines machines indisponibles. Cet
après-midi, nous prévoyons une marge de 22 mégawatts. Hier par exemple,
dans la matinée, on avait un mégawatt de déficit. Dans l’après-midi, on
avait une trentaine de mégawatts de déficit.
On peut dire que la situation est erratique… On ne peut prévoir les périodes de production, de panne ?
Pour
la production, on peut la prévoir. On ne peut prévoir que les périodes
de maintenance. Une machine tourne tant d’heures, il faut l’arrêter et
la maintenir. On ne peut pas prévoir une panne. Mais, on a une bonne
prévision sur la production. Au moment où je parle, nous avons au niveau
de Kounoune 67 mégawatts. On pense que d’ici la fin du mois d’août, on
aura 50 mégawatts. Parce qu’il y a des machines qui étaient en révision.
Au mois de septembre, on aura 60 mégawatts. On a une idée des
prévisions. On a une idée de la date d’arrivée des extensions qui
étaient programmées dans le cadre du plan Takkal.
Aujourd’hui, il y a
les extensions de Kahone, nous espérons avoir normalement celles de Bel
Air d’ici la fin de l’année. Nous avions également beaucoup de choses
qui étaient programmées dans le cadre du plan Takkal et qui n’ont même
pas démarré. De manière générale, on a une bonne idée de notre niveau
de production. Il faut prévoir carrément, il peut y avoir délestage pour
défaut de production ou pas. Nous avons une bonne idée sur la
production.
Vous avez parlé du plan Takkal qui a soulevé et
qui continue de soulever du bruit autour de son mode de fonctionnement,
de son mode de financement. Ce plan peut-il continuer à fonctionner ?
Le
plan ne fonctionne plus, il est fini. C’était un plan d’urgence qui
doit donc avoir une fin. Peut-on considérer deux ans après qu’on
soit toujours dans l’urgence ? Pour régler le problème, on avait
identifié qu’il y avait des couacs dans la production, et la
distribution. Il y avait des problèmes dans le transport. Dans la
production, ils ont effectivement réglé momentanément le problème en
allant louer 150 mégawatts. Mais, cette location coûte excessivement
cher à la Senelec et à l’Etat du Sénégal.
Ça coûte combien à l’Etat du Sénégal ?
Ça
coûte six milliards par mois pour 250 mégawatts. En dehors de cette
location, il y avait d’autres capacités qui devaient faire l’objet de
réhabilitation ou d’extension. Mieux, l’essentiel des machines qui
devaient être dans le parc de production de la Senelec ne sont pas
toujours disponibles. Par exemple, nous avons envisagé d’acheter une
barge. Alors qu’on l’utilise dans les pays de guerre, ou dans des
situations de catastrophe. On les obtient aussi par location.
Aujourd’hui, cette barge, qui était programmée devant l’urgence, n’a pas
encore fait l’objet d’adjudication. C’est un ensemble de problèmes sur
lesquels nous devons nous prononcer surtout en cas d’autres retards.
Dans l’essentiel des programmes déclinés, ils n’ont pas obtenu de
financement. Nous produisons, nous ne pouvons pas distribuer. Ce qui a
été fait dans la distribution se trouve dans le budget de l’année
dernière. Nous venons d’avoir le financement de la Banque mondiale, elle
attendait de savoir l’issue des élections pour se prononcer. Dans le
plan Takkal, il y avait aussi les projets de charbon. Au moment où je
vous parle, aucun projet n’a démarré.
Comme la fameuse centrale à charbon de Bargny ?
En
fait, il y en a deux. On a prévu une centrale qui a fait l’objet d’un
appel d’offres. Il y a deux centrales qui n’ont pas fait l’objet
d’appel. Pour la première centrale qui n’a pas fait l’objet d’appel
d’offres, après l’obtention du financement de la Com-pagnie
d’électricité du Sénégal (Ces), un accord a été signé par les autorités
d’alors. Cet accord obligeait l’entreprise à céder des parts d’actions.
Cette entreprise l’a refusé. Il y a jusqu’à présent un blocage. Nous
leur avons dit que cela ne peut pas nous lier. Nous avons respecté les
termes du contrat.
Parlez-vous de Nykomb ? Qu’en est-il de Tepco ?
Tepco,
qui avait été choisi (entreprise coréenne), a une proposition de prix
que nous avons considéré cher quand nous sommes arrivés au pouvoir. Et
nous les avons saisis pour dire que nous ne pouvons pas continuer ce
projet à ces conditions de prix de 10 kilowatts/heure. On continue les
négociations, nous leur avons aussi dit que le projet est très
important pour le Sénégal. Mais, nous ne pouvons pas le faire dans les
conditions de prix actuelles.
Le cas de Nykomb est-il réglé ?
Pour
Nykomb, le problème est réglé. Comme la contrainte est levée, nous
pensons que d’ici le début de l’année, ils devront démarrer sur la base
du planning qu’ils nous ont donné.
Ce projet est issu de
Takkal alors que vous dites que ce plan est arrêté. Maintenant ça pose
le problème de financement de ce projet.
Ce sont des
producteurs indépendants. Ce sont eux qui cherchent les financements. Si
vous prenez les projets du charbon si on ne s’entend pas avec Tepco,
c’est 250 mégawats qui sortent carrément du circuit. Et pourtant ce sont
des projets qu’on annonçait alors qu’il y avait des problèmes derrière.
Il fallait les résoudre parce que ce n’était pas des contraintes
mineures. On ne peut pas nous engager à payer pendant 15 ans, 20 ans,
l’électricité à un prix qui coûte déjà trop cher. Il n’y a rien qui le
justifie… Ils peuvent te dire question de spécification, respect de
l’environnement, etc. Du point de vue de la Senelec et du client qui
achète l’électricité produite par les mêmes types de combustibles à la
même place, rien ne peut justifier cet état de fait.
A
propos de ce projet, on nous disait que l’accès au charbon est plus
facile que l’accès au pétrole. Que ça allait nous coûter moins cher
parce qu’on ne va pas aller le chercher loin.
Non ! On va
le chercher loin, mais ça ne va pas nous coûter moins cher. Dans tout
les cas, ça ne subit pas les mêmes inflations que le pétrole.
Aujourd’hui le charbon est quand même une solution qui nous permettrait
d’atténuer les prix par rapport à ce que cela nous coûte quand on prend
les autres formes de production.
Par ailleurs, nous avons envisagé
de mettre des projets dans le renouvelable au niveau des universités,
des hôpitaux, l’éclairage public, des mairies qui doivent pratiquement
37 milliards à la Senelec. Nous nous sommes mis à travailler sur une
production d’énergies renouvelables, notamment, le solaire. D’abord,
nous travaillons pour mettre des centrales solaires autonomes, de
capacité suffisante dans toutes les universités du Sénégal en commençant
par Cheikh Anta Diop. Nous voulons faire quelque chose de similaire à
Gorée parce que le câble qui alimente l’île est souvent secoué par la
houle, et fait l’objet d’interruption de la fourniture d’électricité.
Remplacer ce câble coûte excessivement cher. Pour tous ces projets,
nous avons des bailleurs qui viennent avec le financement. Nous allons
juste négocier avec eux les achats d’énergie.
Aujourd’hui, il
subsiste un problème global de l’énergie, c’est-à-dire la question de
la Sar et du gaz. Aujourd’hui itoc se plaint d’être en concurrence sur
un marché qu’il a déjà gagné…
Tout ce que j’ai dit sur le
volet électricité est une situation qu’on a héritée. Aujourd’hui,
l’essentiel de l’électricité est produit à base de l’énergie thermique.
En dehors de Manantali, nous dépendons du pétrole. Nous faisons beaucoup
de démarches pour avoir de l’électricité produite avec le gaz naturel.
La Mauritanie a découvert d’importants gisements de gaz naturel qui
dépassent de loin ses besoins. Le Sénégal devient un marché naturel,
parce que, ce gaz ne peut être utilisé que pour des fins d’électricité.
Et tout le monde sait que l’électricité produit à partir du gaz fait
partie des électricités qui coûtent moins cher. Malheureusement, nous
n’en avons pas suffisamment au Sénégal. Aujourd’hui, notre potentiel ne
peut sortir que, maximum 35 mégawatts que d’ailleurs nous sommes en
train de partager avec la Sococim. Parce que le gazoduc qui devait
l’amener dans les installations de la Senelec sont vétustes et ne
permettent plus son transport. Sur la base d’une entente, Sococim
exploite le gaz pour ses propres besoins et vend une partie à la
Senelec. Aujourd’hui nous avons à peu près 14 mégawatts qui nous
viennent de la Sococim. En mars 2013, nous aurons, avec la fin des
travaux du gazoduc, l’essentiel de notre gaz disponible pour la
production de la Senelec.
Par ailleurs, nous avons au Sénégal un
très grand potentiel solaire. Nous sommes en train de discuter avec
beaucoup de promoteurs pour que le solaire soit également une réalité.
Nous avons huit heures d’ensoleillement même si les investissements sont
lourds. Nous avons aussi un bon potentiel éolien sur la côte
Dakar-Saint-Louis. Des études ont été faites. Nous avons même du côté de
la biomasse de très fortes potentialités.
Le Président avait parlé aussi de la réforme de la Senelec. Qu’en est-il ?
La
réforme de la Senelec est un vieux projet qui n’a toujours pas abouti.
Nous allons certainement la mener à terme, nous avons des orientations
assez claires à ce niveau. Sur le plan financier, il faut qu’on puisse
faire des arbitrages sur certains investissements et le traitement des
dettes croisées entre l’Etat et la Senelec. Il faut d’abord l’assainir
sur le plan financier et engager cette réforme qui devrait aboutir au
moins à la création de deux structures. Une société de production
d’électricité et une société qui s’occupe du transport et de la
distribution.
Est-ce que ce seront toujours des sociétés nationales ou privées ?
Dans
la production, il y aura une partie du national, donc la Senelec. Dans
la production, la Senelec est un peu habituée à la concurrence. Au
moment où je vous parle, c’est pratiquement la moitié de l’électricité
produite qui l’est par la Senelec. L’autre sera produite par des privés.
Nous n’avons pas encore arrêté le schéma pour savoir qui fera quoi.
Nous avons simplement prévu ce changement institutionnel. On a démarré
les contacts avec le ministère des Finances.
Il y a quelques
années, la banque mondiale plaidait pour un partenaire stratégique
étranger. Vous ne subissez pas de pressions de la part des bailleurs de
fonds ?
Absolument pas ! Je crois que le privé local doit
avoir sa place dans la production de l’électricité au Sénégal. Si des
partenaires de l’extérieur investissent dans le secteur, c’est qu’il est
rentable. Il suffit également qu’ils puissent avoir des financements
pour pouvoir le faire.
On a annoncé une hausse du prix de
l’électricité par rapport au niveau de revenu des différents ménages.
Est-ce que le schéma a été finalement arrêté ?
Non. Quand,
nous sommes arrivés, le Fmi nous a dit qu’il est important de revoir les
prix. Nous avons rétorqué au Fmi que ceux qui avaient pris ces
engagements ne sont plus au pouvoir. Nous n’avons pas accepté cette
hausse. Nous ne pouvons pas non plus continuer à soutenir ces prix. J’ai
reçu au mois d’avril, une note du Crse (Conseil de régulation du
secteur de l’énergie). Selon la facturation de la Senelec par rapport à
son revenu autorisé, elle a la possibilité de dire à l’Etat de payer le
gap, ou d’augmenter les tarifs. Nous avons accepté de payer le gap. Tous
les trois mois, la Senelec nous saisit pour nous indiquer le coût de
l’électricité et aussi le gap à payer. Nous avons supporté tout ça. Nous
avons aussi rendez-vous avec le Fmi en juillet. Nous nous sommes
entendus sur un dépérissement de la subvention. Objectivement, on n’a
pas dit au Fmi que nous allons augmenter les tarifs. Nous sommes
d’accord que nous ne pouvons pas continuer à dépenser de l’argent que
nous n’avons pas. La preuve : Quand nous sommes venus, on allait avoir
un déficit de 8,5% si on avait laissé les choses telles quelles. Mais,
nous avons accepté pour les huit derniers mois à serrer la ceinture pour
que le déficit soit autour de 6,5%.
Récemment, il y a eu une
grande polémique autour de la nomination du Dg de la Senelec.
N’aviez-vous pas un autre profil à proposer ?
Pape Dieng
n’est pas le seul Sénégalais compétent. Ce n’est pas parce qu’il a
quitté la Senelec qu’il ne peut pas y revenir. Il a pris un départ
volontaire. C’est tout !
Ne se pose-t-il un problème moral dans cette nomination ?
Mais,
il s’agit d’un départ volontaire. Rien ne l’empêche de revenir à la
fonction publique. Par ailleurs, M. Dieng travaillait dans une société
qui est contrôlée pratiquement par la Senelec (Simelec).
A ce propos, ne peut-on pas évoquer d’un conflit d’intérêts ?
Il
ne contrôle pas les deux sociétés. Vous avez très tôt parlé de conflit
d’intérêts. Il travaille dans son secteur, dans une société dans
laquelle il ne détient que de 5%, dans laquelle la Senelec a au moins
30%. Jusqu’au moment où il y avait cette nomination, on ne pouvait pas
parler de conflit d’intérêts. Le jour de sa nomination, le Conseil
d’administration lui a demandé de se séparer de ses actions au niveau de
la Simelec. On ne peut plus parler de conflit d’intérêts.
Aujourd’hui, quelle est la situation du gaz ?
Tous
les jours, je vérifie l’état du stock. Il faut rappeler que
l’importation de gaz est libéralisée au Sénégal. Quand elle a été
libéralisée, aucun importateur ne voulait la faire. C’est la raison pour
laquelle, les autorités de l’époque avaient demandé à la Sar de
reprendre l’activité d’importation. La Sar a fait un appel d’offres
international gagné par Itoc. Un contrat devrait être signé depuis
juillet 2011. Mais, pour différentes raisons il n’a pu être signé qu’en
décembre pour 140 000 tonnes. Nous avons à peu près 4 000 tonnes pour 10
jours. Itoc importe le gaz, mais à chaque fois il est confronté à des
problèmes de paiement. La Sar reconnaît lui devoir de l’argent. La Sar
dit aussi qu’elle est dans une activité où c’est l’Etat qui lui a
demandé de satisfaire une demande. La Sar est obligée de demander à
l’Etat aussi de payer pour qu’elle rembourse Itoc. Lors de nos premiers
mois, cela a créé des tensions dans le marché. Car, Itoc amenait le
bateau alors que la Sar n’était pas dans la possibilité de payer une
partie de la dette. Itoc demande à la Sar : «Nous avons un contrat.
Avant de le décharger, que faites-vous de la dette de 6 milliards que
vous me devez ?» A ce moment, si la Sar n’est pas prête, il y a quelques
zones de rupture dans le marché.
Aujourd’hui, il y a des bateaux
commandés par la Sar, à l’arrivée elle dit à Total de prendre le bateau.
C’est Total qui ouvre la lettre de crédit qui paye ces bateaux. J’ai
demandé et autorisé à Total d’importer des bateaux. C’est ce qui a
empêché que nous soyons en ce moment en rupture. Parce que les 8 000 ou
12 000 dernières tonnes ont été importées par Total. Nous nous sommes
entendus sur des dispositions qui permettraient d’assurer le paiement
via une banque dans laquelle sont domiciliés les fonds de soutien. Comme
la Sar a un marché exclusif avec Itoc, c’est sous notre autorisation
qu’un autre importateur peut introduire du gaz chez nous.
Pensez-vous que Senstock est viable ou comptez-vous revenir sur ce schéma ?
Nous
comptons revenir sur ce schéma. Ça n’a rien à voir avec la viabilité
de Senstock. Il y avait un privé qui avait initié un stockage, l’Etat
l’a repris en demandant à tout le monde de venir de manière obligatoire
en fermant les dépôts. Certains pétroliers sont actionnaires de ces
structures. Ça pose également un problème d’équité et de justice. Nous
avons été saisis par ceux qui se sentent exclus. Dans cette affaire, le
rôle de l’Etat doit se limiter à la régulation. Pour des questions de
sécurité, l’Etat peut demander à tous les importateurs d’avoir des
stocks dans des endroits bien sécurisés. L’Etat ne peut pas dire que
vous «devez passer par là surtout quand ce passage est contrôlé par vos
concurrents». Aujourd’hui, nous voulons faire un audit de sécurité de
l’ensemble des stockages fonctionnels ou fermés avant de prendre les
décisions appropriées. Il faut aussi permettre aux autres importateurs
d’avoir la possibilité de stocker leurs produits dans des endroits où la
sécurité est garantie.
On a, pourtant, reproché à Oilybia que son dépôt n’est pas trop sécurisé…
Je
ne peux pas le dire. En tant que technicien, je juge sur pièces. Il
n’y aucun rapport d’audit qui avait été commandité auparavant.
C’était une décision d’autorité de le fermer ?
Je
peux l’appeler ainsi, je n’ai pas trouvé de rapport d’audit. Il n’y en a
pas d’ailleurs. C’est pourquoi nous avons demandé que le dépôt de
l’ex-Shell soit le dépôt d’Oilybia.
Pour le moment tant que l’audit sécurité n’est pas fait, il n’y aura pas de décision ?
Je
ne peux pas aujourd’hui ouvrir ou fermer un dépôt. Je ne veux pas qu’on
me fasse de reproches pour dire que nous l’avons fermé d’autorité.
Aujourd’hui c’est dans deux points que tous les camions
s’approvisionnent. Ce n’est pas sans poser de problème dans la
distribution de carburant dans ce pays. L’essentiel est qu’il y ait
suffisamment de produit dans le pays.
M. le ministre, qu’apportent les industries minières à ce pays ?
Toutes
ces industries minières ne participent pratiquement pas au
développement de notre pays. On fait l’extraction de nos ressources
alors qu’on ne nous donne pratiquement rien. Elles ne paient ni impôts
ni taxes.
Faut-il revenir sur ces conventions ?
Dans
les conventions, il y a toujours des possibilités de négociation,
surtout qu’elles les permettent. On ne va peut-être pas forcer.
Aujourd’hui, elles commencent à être raisonnables.
Sur
l’exploitation des mines d’or, comment peut-on comprendre qu’en 2010
pour 160 milliards le Sénégal n’a pas gagné grand-chose ?
Dans
ces contrats, les investissements sont très lourds. On prévoit aussi
dans les contrats d’exploiter, de rembourser les crédits avant de
commencer à payer un dividende. Il y a beaucoup d’exonérations avec des
périodes longues. Par exemple pour les sociétés qui ont des concessions
d’exploitation, les exonérations sur l’impôt sur la société déjà est de
sept à quinze ans. Donc ça dépend du régime : permis d’exploitation ou
concession minière d’exploitation. Sans oublier, tous les autres
avantages qui sont accordés du point de vue fiscal, douanier, et autres
exonérations de toutes sortes pour accompagner l’investissement. En
retour, l’Etat s’attend à tirer des bénéfices de cette exploitation.
Donc l’Etat n’y gagne rien ?
Il
gagne quelque chose. Les contrats disent que sur une période de 7 à 15
ans, vous ne paierez pas d’impôts. Aujourd’hui qu’est-ce que l’Etat en
tire : c’est la redevance minière. Par exemple en 2011 nous avons gagné
3,090 milliards de francs Cfa sur 70 milliards de chiffre d’affaires.
Mais
au bout des quinze ans d’exonérations fiscales, l’entreprise peut
préférer ne pas renégocier et partir… On peut tout exploiter en quinze
ans et partir.
Malheureusement ce sont des contrats qui sont déjà
là. Il faut faire attention. Vous savez ces gens investissent beaucoup
d’argent, ils se protègent également. Je vous donne un cas très simple
que tout le monde connaît aujourd’hui : le cas Kumba Resources. Mais,
Kumba n’a rien exploité. Mais, nous avons été condamnés quand on a
résilié le fameux contrat pour le donner à Mittal. Nous attendons
toujours le jugement qui est en cours. C’était depuis 2007. Nous ne
pouvons pas accéder à notre minerai tant qu’il n’y a pas de jugement. Et
pendant ce temps, nous payons à Kumba 75 millions de dollars (37
milliards 500 millions) à raison de 15 millions de dollars l’année (7
milliards 500 millions).
Sur quelle base ?
Nous
avons été condamnés pour avoir annulé unilatéralement le contrat qui
nous liait. Malheureusement, il a fallu que je fasse passation de
services pour entrer en possession de ce document et le dénoncer. Une
société comme Miferso est complètement à plat pour avoir supporter des
frais d’avocats de plus de 4 milliards. Nous pensons avoir une issue
heureuse parce que nous avons demandé qu’il y ait de la diligence dans
ce traitement. Nous pensons que d’ici la fin de l’année le jugement nous
sera favorable, pour qu’on puisse enfin reprendre notre titre et le
donner en exploitation à des demandeurs potentiels qui sont là avec des
propositions beaucoup plus intéressantes.
Que nous a apporté dans ce cas le contrat de Mittal ?
Certainement rien ! Officiellement, il n y a rien dans les caisses de l’Etat. A part peut-être, la police de signature.
Le pays a été floué ?
Ça y ressemble !
16 Commentaires
Ndiaye M
En Août, 2012 (16:32 PM)face à cette situation de délestages, au lieu d’encourager des « émeutes de l’électricité » pour mettre fin aux délestages, le bon sens aurait voulu que l’on exhorte le Gouvernement à diligenter les solutions de fonds qu’il a envisagées pour sortir le pays de cette crise à moyen terme, tout en prenant des mesures d’accompagnement de court terme, en concertation avec les travailleurs de la SENELEC et les associations des usagers, pour minimiser l’impact négatif des délestages, notamment chez les plus vulnérables. ( Ibrahima Sene)
Nabirnou
En Août, 2012 (16:51 PM)Xeme
En Août, 2012 (17:32 PM)Jeacques Mar
En Août, 2012 (17:45 PM)La Vérité
En Août, 2012 (18:04 PM)Il convient d'autre part de supprimer le N° 338673100 payant qui ne sert à rien puisque incapable de renseigner les usagers et de remplacer par un service compétent N° vert ! Lorsqu'il y a des problèmes le dispatching de Hann décroche sont téléphone : est-ce une manière commerciale de traiter les clients ? Monsieur le Ministre les usagers compte sur votre diligence pour un contrôle sérieux de ce secteur indispensable et une amélioration importante , une attention journalière des personnels en place apporterait certainement un meilleur service sans frais supplémentaires !
Ngor V
En Août, 2012 (18:31 PM)Ma Ko Wax
En Août, 2012 (18:46 PM)Tahirou
En Août, 2012 (20:38 PM)c du bla bla
ca tatonne grave
Tapha Diop
En Août, 2012 (21:30 PM)Diop
En Août, 2012 (23:29 PM)Sn
En Août, 2012 (00:48 AM)"Pourtant, dira ce scientifique vivant au pays de l'Oncle Sam, le pays dispose de ressources suffisantes pour faire face à la crise énergétique. Et Arona Coumba Ndoffène Diouf de rappeler la tourbe découverte depuis 1962 dans la zone des Niayes par les géologues en vue de produire de l'électricité. ‘Cette boue noire peut produire de l'électricité au Sénégal sur une durée de 50 ans. Malheureusement, des études confirmées en 1984 par la Compagnie des tourbières du Sénégal restent jusque-là inexploitées’, s’indigne-t-il."
Ax
En Août, 2012 (01:04 AM)Dubitatif!!!
En Août, 2012 (04:53 AM)Question
En Août, 2012 (07:00 AM)Deug - Le Vrai -
En Août, 2012 (07:42 AM)Votre ministre compétent devrait d'abord faire l'effort de distinguer KiloWatt et Kilovolt qu'il s'agisse de capacités de production ou de ligne de transport de courant électrique. Là il est entrain de tout mélanger. Il doit d'abord se faire au BA BA de la production électrique et son transport pour espèrer nous convaincre de sa capacité à trouver des solutions.
Assez tergiverser dans ce domaine si crucial de l'énergie. Il faut privatiser et ouvrir le secteur à la libre concurrence. Cela aboutira à la création d'une bourse de l'électricité répondant à la stricte logique auto-régulante de la loi de l'offre et de la demande. Y a pas d'autre voie de salut. La solution "à la Sonatel" du frère MBaye consistant a prendre le bébé et tout bonnement le remettre à EDF. e.g. et qu'elle vous assure une position de DG ad vitam eternum allait être suffocante pour le pauvre Gorgorlou.
Gaer
En Août, 2012 (14:17 PM)Participer à la Discussion