
La filière avicole sénégalaise risque de subir un éventuel effondrement si les autorités du pays venaient à céder aux pressions extérieures réclamant la réouverture du marché local aux importations de volaille, selon un professionnel du secteur.
‘’Si l’Etat ordonnait l’ouverture des
frontières maintenant, ce serait lourd de conséquences parce que notre
filière n’est pas compétitive par rapport à ces pays-là (Brésil et
États-Unis)’’, a confié le directeur du Centre national d’aviculture
(CENA), Dr Makhtar Diouf.
Dans un entretien paru dans l’édition d’avril du magazine Gouvernance,
Dr Diouf, un vétérinaire, a indiqué que l’industrie avicole sénégalaise
est passée d’une production de cinq millions de poussins en 2006 pour
atteindre 20 millions de poussins en 2011.
‘’Nous avons subi les assauts du Brésil, des États-Unis, etc., mais on a
tenu bon’’, s’est-il réjoui, reconnaissant toutefois que ‘’la fermeture
des frontières cause un manque à gagner énorme pour l’Etat qui perd des
taxes sur les importations de matériels avicoles, de volaille’’.
En 2005, le Sénégal interdisait les importations de volaille pour donner
de l’élan à son industrie locale. ‘’En ce moment, on avait un taux
d’importation phénoménal avec les cuisses de poulet qui venaient de
partout’’, a rappelé le directeur du CENA.
Citant des statistiques internes, il a relevé que 75% des fermes
avicoles produisant de la chair de volaille étaient fermés, entraînant
la perte de 7.500 emplois. Créé en 1964, le CENA a été érigé en centre
d’impulsion pour la modernisation de l’élevage en 2007.
‘’Depuis 2006, tous les poulets consommés au Sénégal sont produits au
niveau local. Il n’y a pas une surproduction et même si tel était le
cas, cela ne poserait pas de problème. Il y a des pays de la
sous-région, comme la Gambie, qui pourraient en profiter’’, a estimé Dr
Makhtar Diouf.
‘’Nous avons plutôt un problème d’organisation du marché et
d’organisation des producteurs’’, a-t-il soutenu. Il a signalé d’autres
difficultés internes qui plombent l’envol de la filière avicole
sénégalaise, dont le coût de production de l’aliment de volaille.
‘’Les aliments pour la volaille sont chers parce que nous ne produisons
pas de matière première, notamment le maïs’’, a-t-il poursuivi,
soulignant l’infortune des industriels locaux. ‘’La SEDIMA a besoin de
25.000 à 30.000 tonnes de maïs bon an, mal an, tout comme NMA, c’est
énorme.’’
Samedi dernier, la Brigade des douanes de Rufisque a saisi 100 cartons
de cuisses de poulet, soit une tonne. ‘’Le prévenu, après avoir accepté
de transiger, a été libéré. Lesdites marchandises frauduleuses ont été
détruites. L'importation de cuisses de poulets est interdite au
Sénégal’’, révélait le même jour la douane sénégalaise.
‘’Nous demandons à l’Etat, particulièrement au ministère de l’Elevage de
prendre les mesures nécessaires pour assurer la vigilance au niveau des
frontières et du port de Dakar et d’organiser des contrôles des
inspecteurs vétérinaires sur les marchés’’, a déclaré Amadou Mactar
Mbodji, président de la Fédération des acteurs de la filière avicole
(FAFA).
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