Faut-il dévaluer le franc Cfa ? Treize ans, après la dévaluation du franc Cfa, la question devient d’actualité. Même si lors de la réunion des ministres de la zone franc qui s’est tenue à Lomé, la capitale du Togo, la question a été ignorée, elle est dans toutes les bouches. Dans son dernier numéro, l’hebdomadaire Jeune Afrique se basant sur la réunion de Lomé y va de la question en intitulant un de ses articles : « Où va le Cfa ? ».
Selon l’hebdomadaire africain basé à Paris, « depuis la dévaluation de 1994, le consensus se veut sans faille : le parapluie euro est censé protéger les anciennes colonies d’une trop forte libéralisation des échanges ». Cependant, Jeune Afrique note qu’en 2006, « alors que l’ensemble de l’Afrique subsaharienne a enregistré un taux de croissance de 5,4%, les pays de la zone franc ont connu un ralentissement à 3,1% de croissance seulement, contre 4,7% en 2005 ». Ces chiffres ont poussé des ministres africains dont leurs pays sont membres de la zone franc à se poser des questions sur l’intérêt d’une dévaluation. Pour l’un d’eux, rapporte toujours Jeune Afrique, "cette question du Cfa ne doit plus être tabou. On doit regarder l’avenir". D’autant plus que l’année dernière, la croissance de son pays a reculé et sa balance commerciale est demeurée négative. Quant au gouverneur par intérim de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao), le Burkinabé Damo Justin Baro, cité par Jeune Afrique, il estime qu’ « il ne faut pas se laisser distraire ». Car, soutient-il, « la dévaluation du Cfa n’est pas la solution face au problème de compétitivité, y compris pour la filière coton avant tout confrontée aux subventions des pays riches ». Pour sa part, le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) est d’avis que le franc Cfa est arrimé à l’euro par la volonté des Etats africains. Pour lui, c’est une bonne chose que le franc Cfa s’appuie sur une monnaie lourde. Seulement, martèle Jeune Afrique, afin de peser sereinement le pour et le contre d’une dévaluation, la zone franc aurait besoin pour commencer d’un leadership qui ne souffre d’aucune contestation, or « de ce point de vue, elle (la zone franc) offre un curieux visage ». En effet, soutient l’hebdomadaire africain basé à Paris, la Bceao a toujours un gouverneur par intérim depuis la nomination de Charles Konan Banny au poste de Premier ministre de Côte d’Ivoire en décembre 2005. Or, même s’il soutient ne pas retrouver son poste à la Bceao, après avoir passé la main à la primature ivoirienne, rien n’indique qu’un de ses compatriotes pourra le remplacer compte tenu du nombre de pays africains qui souhaitent voir un de leurs ressortissants l’occuper, alors que Laurent Gbagbo a déjà sur la main une liste de ressortissants de son pays qui sont candidats. Itou pour la Banque ouest africaine de développement (Boad) qui est toujours à la recherche d’un successeur de Yayi Boni, devenu président du Bénin depuis mars 2006. La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) n’est pas elle aussi mieux lotie. La Guinée équatoriale riche de ses ressources pétrolières et minières, donc devenue parmi les grands pays de cette zone, est décidée à bousculer les règles qui veulent qu’un Gabonais occupent les postes de la Beac. La Guinée équatoriale détient à elle seule les 47% des avoirs de la Beac. Autant de facteurs qui font que beaucoup d’incertitudes entourent aujourd’hui l’avenir du franc Cfa.
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