Avec la perspective d’une omerta définitive sur les milliards détournés dans le cadre des chantiers de Thiès, le gouvernement du Sénégal pourrait bien avoir des soucis avec certains bailleurs de fonds. Ces derniers qui redoutent le règne de l’impunité et le triomphe du « deal » entre l’Etat et l’ancien Premier ministre exigent la lumière sur les détournements de deniers publics et autres actes de prévarication constatés par l’Ige. Et des secteurs comme les infrastructures et la santé pourraient faire les frais du courroux des partenaires au développement du Sénégal. Après la sortie de prison de l’ancien Premier ministre, nombreux sont ceux qui s’attendaient à la fin de la saga politico-judiciaire de l’affaire dite des chantiers de Thiès.
Voilà que les bailleurs de fonds du Sénégal se manifestent pour jouer les prolongations. Selon des informations proches de ces organismes de financement, les révélations « terrifiantes » contenues dans le rapport de l’Ige nourrissent toujours des inquiétudes. Surtout avec les détails fournis par Nafi Ngom Keïta et ses collègues sur les actes de prévarication, de surfacturations et de détournements de deniers publics impliquant Idrissa Seck, Salif Bâ, Abdoulaye Diop et plusieurs chefs d’entreprise. Aussi, les partenaires au développement du Sénégal exigeraient-ils la lumière sur l’utilisation des fonds qu’ils ont alloués au « pays de la téranga ». Et qui concernent des secteurs aussi stratégiques que les infrastructures. Soupçonnant par-dessus tout le règne de l’impunité et la consécration d’un « deal » entre l’ancien Premier ministre et l’Etat, les bailleurs de fonds demandant l’aboutissement de l’enquête de l’Ige et des « sanctions justes et exemplaires contre tous les fautifs ». A en croire nos sources, ces pressions des bailleurs de fonds expliqueraient en partie la mise en branle de la machine du cinquième cabinet dont le juge (Yaxam Lèye) est décidé à entendre tous les entrepreneurs impliqués dans les chantiers de Thiès. Toutefois du côté de l’Apix qui exécute les grands travaux du Chef de l’Etat, on se montre dubitatif quant à la véracité de cette information. Un proche de la directrice Aminata Niane, que nous avons contacté affirme que le programme de construction des infrastructures se déroule comme prévu et qu’ils ne sont au courant d’aucune réticence de la part des partenaires du Sénégal. Au ministère de la santé (qui gère les secteurs du Sida, du paludisme et de la tuberculose cités par nos sources parmi ceux qui pourraient subir les contrecoups de l’affaire des chantiers de Thiès), on est circonspect face à ces « effets d’annonce ». Le cabinet de Abdou Fall se limite à préciser que tous les dossiers bien ficelés et bien présentés peuvent être financés par les bailleurs de fonds. Et cela, quelque que soit la situation politique du pays.
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