Le pétrole et le gaz auront une part prépondérante dans l’économie sénégalaise. C’est du moins ce qu’espèrent les autorités actuelles qui annoncent même une croissance à deux chiffres à partir de 2023, date à laquelle sont attendus le premier baril de pétrole et les premiers mètres cubes de gaz.
Et pourtant, cet espoir pourrait ne jamais se réaliser, selon les projections pessimistes d’OpenOil, une société d’analyse financière basée à Berlin. Dans une note publiée sur son site, OpenOil affirme que les hydrocarbures découverts au Sénégal ne vont pas transformer l’économie du pays.
« L'effondrement à court terme des prix en 2020 et les anticipations à long terme de déclin structurel dû à la transition énergétique mettent en doute tout développement au-delà des étapes initiales annoncées, et la contribution aux finances publiques sera minime dans un scénario réaliste, selon l'étude », souligne le document.
En fait, les auteurs de l’étude sont arrivés à quelques conclusions majeures. La première est que les revenus pétroliers ne vont pas alléger la dette publique sénégalaise. Selon eux, le pétrole et le gaz n’apporteront pas plus d’un milliard de dollars, soit moins d’un an du service de la dette actuel qui fait plus de 600 milliards.
« Le secteur offshore n'apportera aucune contribution significative aux finances publiques du Sénégal. Les revenus atteindront à peine 2% du budget annuel, et pas avant les années 2030 », se veut formel OpenOil.
La deuxième conclusion est que Petrosen aura besoin d’un milliard (environ 540 milliards F Cfa) de dollars pour augmenter significativement sa participation sur le pétrole à Sangomar et le gaz à Gta. Un chiffre conforme à ce qui est annoncé par les autorités sénégalaises.
Lors de son passage en commission, le ministre du Pétrole et des Énergies, Aïssatou Sophie Gladima, avait révélé aux députés que le Sénégal avait porté sa part de 10 à 18% sur le pétrole et de 10 à 20% sur le gaz. Si l'on sait que le projet gazier nécessite 2 676 milliards F Cfa d'investissement, on comprend alors que le pays a dégagé 267 milliards F pour acquérir 10% de plus.
Pour le pétrole à Sangomar, le besoin d’investissement s’élève à 2 342 milliards F Cfa. Les 8% représentent donc plus de 200 milliards. Ce qui fait un total d’environ 500 milliards que Petrosen doit mobiliser.
Et pourtant, OpenOil prévoit l’échec sur ces investissements. «(…) Il existe des scénarios réalistes dans lesquels ils ne gagnent jamais assez pour rembourser les prêts ». Ce qui fait dire aux auteurs qu’il y a même, à ce niveau, un risque de surendettement auquel Dakar s’expose. D’où la conviction de OpenOil que ces prêts pourraient ne jamais être accordés au Sénégal.
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